Comment le “microdosing” de Jwles nous a rendus accros

À l’occasion de l’entrevue qu’il nous avait accordée en début d’année civile, on avait quitté Jwles en pleine bourre. Appétit dévorant pour la musique et le mélange des genres (trap sudiste, Detroit rap, house filtrée d’obédience French Touch,...

Comment le “microdosing” de Jwles nous a rendus accros

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

À l’occasion de l’entrevue qu’il nous avait accordée en début d’année civile, on avait quitté Jwles en pleine bourre. Appétit dévorant pour la musique et le mélange des genres (trap sudiste, Detroit rap, house filtrée d’obédience French Touch, etc.), il revendiquait vouloir faire de “la musique de luxe”. Une envie bien loin de ce que supposait sa frénésie de sorties discographiques d’alors qui avait pour but d’étaler sa palette d’influences et de polliniser le rap français (auditeur·trices comme artistes) de son style si particulier.

Si cette méthode erratique aurait pu nous perdre – il nous confiait que Pedro Winter, boss d’Ed Banger, s’arrachait les cheveux face à ses sorties menées sur un mode guérilla –, on ne saurait finalement que trop lui donner raison. Sur la base de ce prologue, le 1er album de Jules Abecassis (son vrai nom) arrive donc avec une certitude : style atypique et productions aventureuses, le microdosing de Jwles nous a déjà rendu·es accros.

L’enfer, c’est les autres

Jusqu’à son titre sonnant comme un énième procédé de dissociation du reste du rap français, la mixtape Le Zin & les autres cristallise deux ans de travail acharné à raffiner sa formule. De la même manière qu’il savait passer du coq à l’âne et d’un single à l’autre pour ne jamais avoir à se répéter, Jwles a tout compris de son style pour l’étirer sur une collection cohérente de douze morceaux, sans que jamais l’ennui ne pointe le bout de son nez. Produit quasi intégralement par le poulain d’Ed Banger Mad Rey, et quelques contributions de Blasé, Kostral One ou Thxnk, Jwles s’est forgé un parfait écrin pour étaler ses gimmicks entêtants (“tululu”), ses punchlines si distinctives (références inédites, épiphores, liens de cause à effet absurdes et torsions d’expressions idiomatiques) et surtout sa manière de rapper, flow syncopé qui consiste à s’enregistrer phrase par phrase, plutôt que par couplet.

Melting-pot

Fan inconsidéré du 113 (il a été adoubé par Rim’K) et de DJ Mehdi, dont il plébiscite le décloisonnement et la fusion des genres dans le rap français, le Zin originaire de Grasse se place dans cet héritage aventureux – celui d’un monde où Thomas Bangalter jouait de son vocoder au refrain de Fout la merde du 113. Pour illustrer ses rimes, ses inflexions et son écriture éhontément franchouillarde, Jwles jette donc son dévolu sur une multiplicité d’influences pour faire advenir son style. Rap de Detroit pour rappeler ses jeunes années passées aux États-Unis et son avant-gardisme, musiques électroniques anglaises pour dire son ouverture musicale (Navette) et French Touch pour couronner le tout (Shit & Choc), cette quête identitaire culmine sur l’outro funk Elle veut partir loin, sommet du disque et véritable profession de foi artistique pour le rappeur.

“Le Zin comme le Christ doit évangéliser”, rappe-t-il sur Bonnes relations. Gageons qu’avec Le Zin & les autres, les fidèles se bousculeront au portillon.

Le Zin et les autres (Le Zin Records). Sorti depuis le 18 novembre. Concert le 6 décembre à Paris (La Maroquinerie).