“Grand Paris” de Martin Jauvat : l’aventure à portée de pass Navigo

Il faut se méfier de l’appellation “film de banlieue” tant celle-ci semble, à plusieurs titres, sonner creux. Ce prétendu sous-genre du cinéma français a ceci d’unique qu’il se nourrit de l’étude d’un territoire pour le déterminer. Or le regard...

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Il faut se méfier de l’appellation “film de banlieue” tant celle-ci semble, à plusieurs titres, sonner creux. Ce prétendu sous-genre du cinéma français a ceci d’unique qu’il se nourrit de l’étude d’un territoire pour le déterminer. Or le regard posé sur “la banlieue” paraît, par définition, toujours dissemblable, voire répondre à des codes et à des discours diamétralement opposés. Que partagent ainsi le péplum tragique et boursouflé Athena de Romain Gavras, sorti à la rentrée dernière sur Netflix, et la comédie nonchalante Grand Paris de Martin Jauvat ? Strictement rien. Ni un regard, pas même un territoire.

Après plusieurs courts remarqués (Le Sang de la veine, Grand Paris Express, 2021), le cinéaste vingtenaire poursuit dans ce 1er long métrage l’étude de la région francilienne et d’une jeune génération qui a soif d’aventures. À la fois chasse au trésor autour d’un mystérieux artefact trouvé dans les artères d’un chantier du Grand Paris, et road movie en duo entrepris en transports en commun, le film de Martin Jauvat redessine avec fougue et générosité l’imaginaire d’un territoire pour mieux le réinventer, loin des stéréotypes et des voies tracées. Entre deux péripéties grotesques (irrésistible William Lebghil), la caméra dépeint la vérité d’un quotidien bétonné, défini par l’attente entre deux RER, un Transilien et un Noctilien.

Pour combler l’ennui, il faut se expliquer des histoires

De cet ennui, le film déploie son spleen nonchalant et sa faculté d’écrire du romanesque depuis l’ordinaire (la pyramide de Cergy, dont la puissance mythologique avait été précédemment révélée dans L’Île au trésor de Guillaume Brac en 2018, est ici élevée en totem mystique supposément élaboré par une intelligence supérieure). Car pour combler l’ennui, il faut se expliquer des histoires. Des récits et légendes plus ou moins conspirationnistes, qui valent moins pour leur falsification du réel que pour l’appel au rêve et au voyage qu’ils produisent.

 

Grand Paris de Martin Jauvat, avec Mahamadou Sangaré, William Lebghil (Fr., 2022, 1 h 11). En salle le 29 mars.