[Révélations] Qui est Céline Devaux, la réalisatrice de “Tout le monde aime Jeanne”?

Par quels moyens le cinéma peut-il expliquer la vie intérieure ? En une poignée de courts métrages multi-récompensés et un 1er long métrage présenté cette année à la Semaine de la critique, la cinéaste de 35 ans invente une forme mêlant animation...

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Par quels moyens le cinéma peut-il expliquer la vie intérieure ? En une poignée de courts métrages multi-récompensés et un 1er long métrage présenté cette année à la Semaine de la critique, la cinéaste de 35 ans invente une forme mêlant animation et prise de vues réelles permettant d’explorer la totale intimité du foyer des émotions et de leur fabrication.

Diplômée des Arts Décoratifs, Céline Devaux a été remarquée il y a plus de dix ans pour son projet de fin d’étude Vie et mort de l’illustre Grigori Efimovitch Raspoutine. Elle accède ensuite à un succès critique et à la reconnaissance de ses pairs avec Le Repas dominical (César 2016 du meilleur court métrage d’animation) et Gros chagrin (prix du meilleur court métrage à la Mostra de Venise en 2017).

Dans son 1er long métrage, Tout le monde aime Jeanne, elle poursuit une recherche formelle mêlant animation épurée et prise de vues réelles pour expliquer le récit de Jeanne (Blanche Gardin), une femme qui veut sauver la planète grâce à l’invention d’une machine collectant les déchets plastiques dans l’océan. Mais le projet s’enlise et, endettée, elle doit vendre l’appartement portugais de sa mère décédée un an auparavant (incarnée en quelques apparitions par Marthe Keller). En route vers Lisbonne, secouée par un deuil qu’elle avait jusque-là maquillé derrière le flot des angoisses courantes, elle croise Jean (Laurent Laffite), un ancien camarade de lycée qui la dérange autant qu’il lui plaît.

Film de montage

Portrait en immersion, cette comédie de la dépression a recours à l’animation pour représenter la petite voix intérieure de Jeanne, incarnée par une amusante figure chevelue et animée par la cinéaste. Récit des petites contrariétés du quotidien et des grands drames qui le jalonnent, Tout le monde aime Jeanne est aussi une éloge de l’infra-ordinaire et de la poésie accidentelle. Influencée par Virginia Woolf et Alain Resnais, Céline Devaux allie gravité et légèreté avec un vrai sens du comique et une éblouissante justesse. Les qualités du film passent avant tout par un habile montage entre ses deux régimes d’images. “J’envisage les films comme des associations de matières et de sources. Ce qui m’intéresse, ce sont les films de montage, c’est l’idée qu’on peut expliquer avec n’importe quoi, qu’on peut choisir n’importe quelle matière du moment que ça a du sens : prise de vues réelles, animation, image à l’iPhone”, affirme celle qui a – pour ce film – collaboré avec la monteuse Gabrielle Stemmer (réalisatrice de l’excellent desktop movie Clean with Me, autre film de montage).

Si le film s’aventure dans l’intériorité d’une femme, c’est pour pointer le sentiment de honte qui nous habite tous et toutes et la façon dont les angoisses peuvent dresser un mur entre soi et le réel. Le film de Céline Devaux est aussi empreint d’un délicat female gaze : “mon film est féministe à partir du moment où je représente la vérité d’un personnage féminin. On connaît tout de Jeanne, ses pensées, son désir pour son ex-amant, sa honte pour un homme qui l’impressionne un peu. Ce film, c’est une tentative de expliquer la vérité d’une femme. Et non de l’enjoliver.

Tout le monde aime Jeanne de Céline Devaux, avec Blanche Gardin, Laurent Lafitte et Maxence Tual, présenté à la Semaine de la critique, en salles prochainement.