A écouter : les 5 pépites cachées du label 4AD

C’est avec un an de retard que l’une des maisons de disques les plus influentes d’Angleterre fête son quarantième anniversaire. Une occasion en or pour saluer le flair du label (né en 1980) par lequel sont passé·e·s Cocteau Twins, Bon Iver,...

A écouter : les 5 pépites cachées du label 4AD

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C’est avec un an de retard que l’une des maisons de disques les plus influentes d’Angleterre fête son quarantième anniversaire. Une occasion en or pour saluer le flair du label (né en 1980) par lequel sont passé·e·s Cocteau Twins, Bon Iver, les Pixies, Lydia Lunch, Big Thief, Grimes ou encore The National. 4AD se rattrape donc cette année en sortant une compilation d’anniversaire faisant la part belle aux reprises et aux têtes les plus discrètes de l’organisation, de quoi rendre hommage à la diversité des artistes du label. Une chouette idée, que la rédaction des Inrockuptibles a décidé de reprendre à son tour pour faire honneur aux pépites méconnues, éditées par le label.

Twin Shadow – Forget (2010)

Il aurait été impensable de ne pas commencer cette sélection par un album de dream pop, tant le label a toujours su viser juste en soutenant les artistes de ce registre. Dans les sillons de Cocteau Twins ou Grimes (époque Geidi Primes, 2010) évolue Twin Shadow, producteur d’une synthwave forcément nostalgique. Forget, 1er essai aux accents post-punk (Slow, immanquablement composé après une rupture amoureuse) et bedroom pop (Forget, titre phare en forme d’intime ballade synthétique) l’annonçait déjà comme espoir du genre. Si la suite tristement inégale de sa carrière n’a pas donné raison à cette prédiction, Forget subsiste dans le catalogue du label comme un chef-d’œuvre esseulé et méconnu à s’approprier, et c’est peut-être le meilleur destin qui pouvait lui être réservé.

Par Briac Julliand

>> A lire aussi : Le label 4AD célèbre ses 40 ans avec une sublime compilation anniversaire

SpaceGhostPurrp – Mysterious Phonk : Chronicles of SpaceGhostPurrp (2012)

Dans le catalogue gonflé de guitares réverbérées de 4AD, l’album de SpaceGhostPurrp – le seul disque de rap produit par le label britannique – fait partie des plus curieux. Si la rencontre entre le fondateur du collectif Raider Klan (qui a notamment accueilli le brillant Denzel Curry) originaire de Miami et le label britannique n’a, en apparence, rien d’évidente, le sexuel Mysterious Phonk dresse un pont malicieux entre le rap floridien et l’héritage esthétique estampillé 4AD parfaitement synthétisé par le journaliste Ian Cohen pour Pitchfork : “chaque morceau s’affirme largement avec les mêmes qualités qui ont défini le catalogue de 4AD depuis le début : utilisation envoûtante de la réverbération […] et constructions de réalités alternatives.”

Par Théo Dubreuil

Inc. – No World (2013)

Avec un artwork qui semble annoncer un album de cloud rap, les frères de Inc. jouent avec le mélange des genres. Producteur d’un r’n’b vaporeux flirtant avec une chillwave presque torride, le duo se caractérise par sa capacité à créer une musique d’ambiance savoureuse. Le chant fait ici office d’instrument à part entière, porté par des productions hyper smooth et un travail sur de sound design contemplatif. À mi-chemin entre Erika de Casier et D’Angelo, dans une version blanche et masculine du mélange, la musique de Inc. s’étale sur de nombreux terrains : on y décèle des influences jazz et neo-soul. Chaque voyage dans ce No World, car c’est bien de ça dont il s’agit ici, se révèle un peu plus convaincant à chaque essai.

Par Briac Julliand

Holly Herndon – PROTO (2019)

Ne vous y trompez pas. Si la productrice et chercheuse américaine Holly Herndon est bel et bien le cerveau derrière PROTO, la véritable star de ce disque tortueux et hanté s’appelle SPAWN (littéralement “engeance”), une intelligence artificielle créée par Holly et son compagnon Mat Dryhurst et spécialement entraînée pour l’occasion. Loin des dystopies informatiques façon Matrix ou des dérives technologistes façon Elon Musk, Holly Herndon propose une vision raisonnée et résolument empathique de l’IA. En résulte ce curieux objet musical, où SPAWN est à la fois un membre du chœur de PROTO et un agrégateur de toutes les voix de celui-ci, comme une manière apaisée de repenser un art collectif à l’heure de l’intelligence artificielle. Un manifeste pour le futur.

Par Théo Dubreuil

Piano Magic – Writers Without Homes (2002)

Aussi insaisissable que son indéchiffrable artwork, Writers Without Homes représente bien la façon dont 4AD propose également un catalogue de musique expérimentale. Difficilement identifiable – ses détracteurs le qualifieront de prétentieux –, l’album prend la forme d’un très hétérogène terrain jalonné d’influences jazz, post-rock, trip-hop et new age. S’il n’est pas le meilleur essai pour aborder le vaste univers de Piano Magic (ou peut-être justement le moyen le plus radical de se plonger dedans), le disque a le mérite d’apprivoiser avec brio toutes les références qu’il brasse avec la subtilité qui caractérise l’approche du groupe. Et pour cause, ses membres se sont entourés d’un imposant casting pour enregistrer l’album : on y croise ainsi Simon Raymonde (Cocteau Twins), John Grant (The Czars) et Robert Johnston (Life Without Buildings). De quoi enterrer les dernières hésitations avant de se plonger dans ce finalement bien nommé Writers Without Homes.

Par Briac Julliand