Anne Alvaro : “Quand je parle de Jane Austen, je pense à Jean-Pierre Bacri” 

“Avant Le Goût des autres, nous ne nous étions jamais rencontrés, ni avec Agnès, ni avec Jean-Pierre. Ils sont venus me faire la proposition de tourner un film avec eux. Par la suite, je me souviens que Jean-Pierre m’avait dit “Oh tu n’avais...

Anne Alvaro : “Quand je parle de Jane Austen, je pense à Jean-Pierre Bacri” 

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

“Avant Le Goût des autres, nous ne nous étions jamais rencontrés, ni avec Agnès, ni avec Jean-Pierre. Ils sont venus me faire la proposition de tourner un film avec eux. Par la suite, je me souviens que Jean-Pierre m’avait dit “Oh tu n’avais pas l’air très enthousiaste quand on est venu te faire la proposition! ”J’étais timide, je n’y croyais pas trop. J’ai été très surprise quand j’ai reçu le manuscrit. Jean-Pierre avait vu un spectacle que j’avais joué quelques années avant. Je jouais Roméo dans une mise en scène de Denis Llorca, qui montait Roméo et Juliette. Il me parlait de ce spectacle, Agnès aussi. J’avais vu Un air de famille que j’avais adoré mais quand je fais du cinéma, je prends ça comme des parenthèses passionnantes la plupart du temps. Celle du Goût des autres l’a été très fortement. Je me sentais en terrain familier. Ils venaient du théâtre. Nous avions des amis, des admirations, des partenaires communs.

Ce qu’il me reste du Goût des autres c’est ma surprise de voir qu’il était tout le temps là, même pour les scènes où il ne tournait pas. Il accompagnait le tournage. C’était la première fois qu’Agnès réalisait un film qu’ils avaient écrit tous les deux. Jean-Pierre suivait au casque, il ne regardait pas les images. Il écoutait. Il n’intervenait absolument pas dans le travail d’Agnès mais il était là, il était présent, c’était important pour lui de suivre à l’oreille. Dans mon langage à moi, dans mon code, c’était quelque chose que je reconnaissais, que j’admirais.

Bébé que j’étais au cinéma à ce moment-là, je le suis toujours un petit peu, je me disais après avoir lu le scénario et connaissant la distribution que le plus dur ça allait être de ne pas rigoler, de ne pas avoir de fous rires. C’était imbécile, je m’en suis rendu compte très vite. Sur le tournage, il était très très joyeux, drôle pendant les séances de maquillage et puis quand on arrivait sur le plateau on travaillait quoi. Je le voyais inquiet, comme moi, soucieux ou attrapant les choses avec surprise. C’est lui qui m’a fait découvrir Jane Austen sur le tournage pendant la scène du salon de thé où il vient me lire son poème. Il y avait des livres qui étaient censés appartenir au personnage que je jouais, Clara, qui étaient posés sur le petit guéridon. Pendant les prises, il m’a parlé de Jane Austen, très surpris que je ne connaisse pas cette femme, cette écrivaine si importante. Quand je parle de Jane Austen, je pense à Jean-Pierre. Je ne lui ai jamais dit, je pense qu’il aurait été heureux de ça. Depuis hier, je n’arrête pas de penser à des choses que j’aurais aimé partager avec lui.

Je me sens un peu démunie de vous parler de Jean-Pierre, j’ai été très surprise de mon chagrin. Ce n’est pas quelqu’un que je voyais beaucoup. J’ai revu et j’entretiens une autre relation avec Agnès. Jean-Pierre c’était différent. La dernière fois que je l’ai vu c’est quand je suis allée les voir jouer Les Femmes savantes. C’était la dernière au théâtre Montansier, à Versailles. Le dernier souvenir que j’ai de Jean-Pierre c’est, les yeux dans les yeux, simplement parlant sur le balcon après son spectacle en fumant une cigarette. On parlait de Molière et on était ensemble. J’ai tellement aimé cet échange."

Propos recueillis par Marilou Duponchel

>> A lire aussi : Jean-Pierre Bacri vu par Pascal Bonitzer

>> A lire aussi : Le cannabis, les bobos et des coups de gueule : Jean-Pierre Bacri en 6 apparitions médiatiques