Aquaserge passe des nappes vaporeuses à une colère plus rock 

C’est un bel et étrange archipel que l’œuvre d’Aquaserge. Les contours de sa cartographie commencent à se dessiner finement en 2010 avec le deuxième album Ce très cher Serge, et se manifestent depuis de façon protéiforme sur des disques changeants,...

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Aquaserge

C’est un bel et étrange archipel que l’œuvre d’Aquaserge. Les contours de sa cartographie commencent à se dessiner finement en 2010 avec le deuxième album Ce très cher Serge, et se manifestent depuis de façon protéiforme sur des disques changeants, dont une merveille absolue en collaboration avec April March en 2013, avec ses échos à la Broadcast/Stereolab.

Désormais délesté de deux figures de proue – deux Julien, Barbagallo et Gasc, dont les échappées solitaires nous enchantent par ailleurs –, le groupe revient serré avec La Fin de l’économie, au caractère brusque, qui le situe presque à l’opposé de l’incroyable The Possibility of a New Work for Aquaserge, grand disque de 2021 aux ambitions savantes.

Une poésie en prise avec le fait social et la lutte essentielle

Après l’ouverture new wave du single inaugural Le Saut du tigre (très proche du Grand Blanc 1ère manière) et un Sommet compulsif avec vue sur Yellow Magic Orchestra, La Fin de l’économie apparaît comme l’album le plus percutant de la formation occitane.

Une question semble ici présider : comment transcender ces structures rêches ? Comment insuffler à ces brûlots barbelés la poésie caractéristique d’Aquaserge, tout en leur offrant une prise avec le fait social et la lutte essentielle (les bons conseils du galvanisant Soline) ? Comment, une fois la caténaire électrifiée, faire dérailler le tout pour profiter du paysage ?

Car le disque semble se souvenir comme jamais des origines communautaires du groupe, son pedigree tarnacois, dira-t-on. Sa nervosité trouve un 1er apaisement sur À plus comme un adieu léger, suivi d’Incendies, apocalypse primesautière en deux mouvements sur laquelle souffre un esprit Areski/Fontaine, avant de renouer sans égards avec la colère électrique – Miso (“Une main aux fesses/un poing dans ta gueule”), puis LPT pour “La police tue”, dans un vacarme dérangeant à juste titre.

Il faut alors bien un Shoot de Love pour espérer chiller après l’assaut, à renfort de saxos – forcément – langoureux et de nappes vaporeuses. Même si le carré du rock n’est pas nécessairement la coupe qui sied le mieux à ces esprits libres, et que cette Fin de l’économie perd parfois en grâce ce qu’elle gagne en âpreté, leur pop préoccupée nous happe. Et finit avec son morceau-titre par chercher dans le noir du présent un espoir de music-hall. Une colère qui agirait comme un baume. À l’image de l’ode à la fluidité Je suis galaxie, Aquaserge reste, même dans le dur, une entité liquide.

La Fin de l’économie (Crammed/PIAS). Sortie le 24 mai.