Avec “Glasgow Eyes”, The Jesus and Mary Chain fait toujours crépiter ses orages électriques

Dès l’ouverture de l’album, Venal Joy, Jim Reid (se) répète “I’m all right, I’m OK”, tel un mantra. Une manière de se convaincre que tout va bien ? Il nous répond que non, ça va… Même si on ne le rajeunit pas en remontant aux sources d’un disque...

Avec “Glasgow Eyes”, The Jesus and Mary Chain fait toujours crépiter ses orages électriques

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Dès l’ouverture de l’album, Venal Joy, Jim Reid (se) répète “I’m all right, I’m OK”, tel un mantra. Une manière de se convaincre que tout va bien ? Il nous répond que non, ça va… Même si on ne le rajeunit pas en remontant aux sources d’un disque rappelant à chaque sillon d’où vient The Jesus and Mary Chain et ce qu’il a pu apporter de précieux au shoegaze.

“Quarante ans depuis notre 1er concert, c’est fou. Rien n’avait semblé réel jusqu’à ce jour de juin 1984. Le groupe avait véritablement pris forme et il n’y avait plus aucun moyen de l’arrêter. Qui aurait cru que ça durerait jusqu’à aujourd’hui ?” Surtout pas son frère William et lui, alors âgés de 26 et 23 ans : “À cet âge-là, impossible de se projeter au-delà de la semaine suivante, et l’idée même d’atteindre la soixantaine était inenvisageable. Mais nous y sommes, nous faisons toujours de la musique, et ça fait toujours du bien. Alors, pourquoi diable s’en priver ?”

Le sens de la lancinance toxique

En effet, pourquoi, à l’écoute de ce Glasgow Eyes remonté comme un coucou mécanique ? Sont déroulés une réflexion ironique sur la fascination exercée par les États-Unis, American Born, un bizarrement nommé Mediterranean X-Film trituré de cordes anxieuses, le single Jamcod, exercice de style marychainien manipulant synthétique et organique avec une fierté toute postpunk, un Discotheque rappelant qu’il faut danser jusqu’à en vomir s’il le faut, suivi d’un Pure Poor brillant d’une nonchalante mélancolie (shoegaze forever).

Plus loin, The Eagles and the Beatles contrefait les riffs d’I Love Rock ’n’ roll pour évoquer les groupes sus-cités, donc, mais également Brian Jones ou Sex Pistols. C’est drolatique et ça aurait pu faire les belles heures de MTV à ses débuts. Quand les Silver Strings assènent un immuable tempo appuyé de synthés pop, la conclusion de Hey Lou Reid (sic) évoque ouvertement le Velvet Underground. Sans oublier l’influence de Kraftwerk, de Suicide, des Beach Boys. Et ces guitares des frères Reid, à la fois si dissonantes et si justes.

“S’il fallait pisser sur ma guitare pour en tirer un son intéressant, je le ferais.” Jim Reid

“À la naissance du groupe, nous avions envisagé de ne pas utiliser d’instruments. Certains groupes jouaient avec des perceuses et des meuleuses d’angle… C’était le punk rock ultime. La guitare n’est pas un objet de culte pour moi, seulement un outil très utile pour donner vie à nos chansons. Mais s’il fallait pisser dessus pour en tirer un son intéressant, je le ferais.” Doux Jésus !

Une relation fraternelle enfin apaisée

Si la rythmique hyper visuelle de Second of June offre une preuve sonore de la vitalité intacte du Mary Chain, Chemical Animal est lancinant, toxique donc, et assume ses angoisses, à l’image des douze pistes de Glasgow Eyes : “Entrer en studio, c’est très stressant. Rien n’est jamais simple. On peut assurer un jour, foirer le lendemain, le disque peut sembler devenir incontrôlable. Puis on arrive au stade du mixage. Enfin, comme ces dernières semaines, le fil semble se dérouler comme par magie. On réécoute les morceaux et on se dit qu’une sorte de magie noire a fait son effet.” Inutile, donc, de le faire discourir sur le sens des chansons : “En fait, je crois que c’est juste parce que nous ne réalisons pas vraiment ce que nous faisons que nous y parvenons.”

Enregistré dans le studio de Mogwai, le beau Castle of Doom, en plein cœur de la capitale écossaise, le disque n’a pas connu de bagarres sous substances ni de disputes irréconciliables, en tout cas rien qui ne vaille la peine d’être mentionné par Jim Reid, lui qui n’a jamais caché sa relation tumultueuse, “rocky” en VO, avec William : “Beaucoup de hauts et de bas. Il y a aussi de l’amour, mais teinté d’un peu de haine… Nous avons appris à nous faire confiance. Dans les années 1990, on n’avait aucun plaisir à être ensemble. Alors qu’aujourd’hui, le désir de faire un album prend le dessus, et il est donc préférable que nous nous entendions bien plutôt que de nous crier dessus ou de nous entretuer.”

Le retour au bercail offre donc à Glasgow Eyes une cohérence et une texture immédiatement aimables : “Nous en avons souvent marre de ce que propose la musique actuelle. La meilleure chose à faire est alors de la fabriquer nous-mêmes. Même s’ils sont destinés à être aimés par d’autres que nous, nos disques sont ceux qu’on a envie d’entendre.” Et nous donc.

Glasgow Eyes (Fuzz Club Records/Wagram). Sortie le 22 mars. Concert le 13 avril à l’Élysée Montmartre, Paris.