Barbagallo, l’élégance comme garde-fou

S’il y a une chose à garder à l’esprit, depuis l’inacceptable disparition de Christophe le 16 avril 2020, c’est qu’il nous incombe désormais de traverser la vie en christophiens. Pour ce faire, nous avons besoin d’envolées. De contagieuse innocence....

Barbagallo, l’élégance comme garde-fou

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

S’il y a une chose à garder à l’esprit, depuis l’inacceptable disparition de Christophe le 16 avril 2020, c’est qu’il nous incombe désormais de traverser la vie en christophiens. Pour ce faire, nous avons besoin d’envolées. De contagieuse innocence. De chansons qui vous enfilent un costard blanc imaginaire à chaque écoute. C’est précisément ce que Julien Barbagallo (par ailleurs batteur chez Tame Impala ou autrefois Aquaserge, liste non exhaustive) nous offre, avec son miraculeux cinquième album solo, Garde-fou.

Parenté poétique

De Christophe, il garde entre autres un sens poétique de la grâce oblique, ce qui en fait le cousin d’un Sébastien Tellier sur un versant plus limpide : “Je crois qu’il faisait nuit/À l’arrière d’un taxi”, rien de plus Beau bizarre/Dolce Vita que ce genre de lignes impressionnistes et mélancoliques. On en retrouve de pleines brassées sur le single introductif Trafalgar, son refrain audacieusement en descente et son éclat qui fleure bon le studio cossu – alors qu’a priori tout ici est enregistré à la maison.

Ce qu’on retrouve par ailleurs chez Barbagallo, c’est aussi le timbre perché d’un Sheller, voire d’un Michel Berger upgradé, qui aurait posé sa naïveté sur la dentelle synthético-romantique ouvragée de Daft Punk. Quelque chose d’aristocratique au sens le plus ouvert du terme, qui tire sa noblesse d’une ascendance italienne – Così è la Vita et son entraînant refrain transalpin, plus loin une belle reprise de L’Ami oublié qu’Étienne Roda-Gil avait écrite pour et avec Angelo Branduardi. Comme si la haute variété complotait pour nous passer de la lumière en contrebande.

Mais, si Barbagallo (également cosignataire, en 2021, d’un réjouissant Barbaghamon avec Baptiste W. Hamon) fait partie d’une coterie cachée, elle est peut-être à chercher du côté de Catastrophe et de son Gong! de music-hall (2020), ou du doux surréalisme d’Augustin Von Arx (Comme l’océan, avec Komet City en 2023). Dans cette façon de faire de la grande chanson pop au milieu du marasme politique et social, qu’il nous soit permis de lire ici la résurgence d’un esprit zazou.

Soit une vitale et remuante légèreté, dans cette façon de célébrer La Joie en même temps que La Mort d’un roi – les deux titres grandioses qui offrent à l’album son envolée finale en achevant de nous rallier à sa cause. Garde-fou, comme une arme secrète, garde chevillée au corps une qualité ô combien précieuse et délicieusement surannée : l’élégance. Pour elle, et pour la christophienne épopée, en écho à la chanson pétrie de gratitude qui figure au cœur de ce disque sublime, on dit merci.

Garde-fou (Almost Musique/Modulor) de Julien Barbagallo. Sortie le 15 mars.