Couvre-feu à 18 heures: ces scientifiques et élus locaux en plein doute

POLITIQUE - Deux minutes de soleil en plus, deux heures de bamboche en moins. Voilà le lot de millions de Français pour ce 10 janvier. Les habitants des Bouches-du-Rhône, de Côte-d’Or (et de six autres départements), verront le couvre-feu débuter...

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Éreintés, les scientifiques et élus locaux doutent de l'efficacité du couvre-feu élargi (photo d'illustration prise le 23 octobre 2020)

POLITIQUE - Deux minutes de soleil en plus, deux heures de bamboche en moins. Voilà le lot de millions de Français pour ce 10 janvier. Les habitants des Bouches-du-Rhône, de Côte-d’Or (et de six autres départements), verront le couvre-feu débuter à 18 au lieu de 20 heures dès ce dimanche. 

Au total, huit départements rejoignent donc les quinze premiers, surtout dans l’est du pays, subissant déjà ce confinement nocturne élargi. Des “mesures difficiles mais nécessaires”, pour Jean Castex alors que l’épidémie de coronavirus repart à la hausse dans certains territoires, faisant basculer les indicateurs sanitaires dans le rouge. Le Premier ministre a tenté de défendre son nouveau tour de vis depuis Tarbes ce samedi, dans les Hautes-Pyrénées... mais il en faudra davantage pour convaincre les sceptiques.

Et ils sont nombreux. Comme à chaque étape de cette pandémie, les élus locaux montent au créneau. Et comme toujours, ou presque, c’est depuis Marseille que la fronde émerge. Mais cette fois-ci, certains scientifiques médiatiques -reconnus- affichent, eux aussi, clairement leurs doutes. 

Deux heures pour quelle efficacité? 

C’est le cas du professeur Éric Caumes, le chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. “18 heures plutôt que 20 heures? Ben écoutez, on verra bien”, a-t-il lâché dans une sorte de sourire ironique, ce samedi, au micro de franceinfo, avant d’en dire davantage sur son scepticisme: “je ne suis pas sûr que ce soit très efficace mais on verra. Je pense que sur le plan économique ce n’est pas une très bonne chose en plus, mais on verra.” Et le médecin de finalement trancher: “personnellement, je n’y crois pas.”

L’épidémiologiste Catherine Hill voit, de son côté, une “toute petite mesure.” “Qu’est-ce que ça change entre 18 et 20 heures? Ça change que tout le monde va se dépêcher de croiser les gens qui croiseraient entre 18 et 20 heures pour les croiser un peu plus tôt, ils vont se débrouiller”, estimait la biostatisticienne le 1er janvier dernier sur LCI, ajoutant: ”ça va changer extraordinairement peu de chose.”

Inféctiologue à l’hôpital Saint-Louis à Paris, Anne-Claude Crémieux donne une première explication: avancer le début du couvre-feu pourrait mettre un terme à la petite “tolérance sociale” qui permet à certains de circuler après 20 heures. En fixant le couvre-feu à 18 heures, le gouvernement veut sans doute mettre un terme à tout ce qui est apéritif ou dîner chez des amis, poursuit-elle. Car une personne, contrôlée à 21 heures, aura plus de mal à trouver une excuse alors qu’elle devait être chez elle trois heures plus tôt”, explique-t-elle à La Croix.

“On va mettre en difficulté les commerçants”

Mais force est de constater que le gouvernement n’est pas d’une clarté absolue quant à l’intérêt sanitaire de ces nouvelles restrictions. Et les élus locaux en profitent pour monter au créneau, comme ce fut le cas à chaque étape de cette crise sanitaire, de la pénurie de masque au début de la campagne de vaccination sur le territoire.

Le président des maires du Vaucluse, Jean-François Lovisolo, se dit par exemple “très réservé”, alors que son département sera concerné, dès dimanche, par la mesure. ”À 18 heures, la population à risque est déjà chez elle et on va mettre en difficulté les commerçants, les restaurants qui font de la vente à emporter, les stations-service, les boulangeries”, a-t-il regretté, ce samedi auprès de l’AFP.

À Marseille, la mairie, à gauche, et la région, à droite, ont dénoncé d’une même voix la mesure, qui, selon eux, n’a pas prouvé son efficacité. “Le docteur Rubirola et le docteur Muselier ont mené la danse”, a ainsi expliqué le second, président Provence-Alpes-Côte d’Azur, vendredi sur BFMTV, arguant que “l’ensemble des élus locaux, les parlementaires et représentants des syndicats” sont “tous, à l’unanimité, contre” le couvre-feu étendu.

Depuis, la menace du variant britannique s’est fait un peu plus pressante sur le territoire, et en particulier dans les Bouches-du-Rhone. Le préfet du département a justifié sa décision, ce samedi, après la découverte d’un cluster familial ”élargi” de 21 cas présentant le nouveau variant britannique au coronavirus, réputé plus contagieux. 

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