Couvre-feu: déconfiner plus vite pour vacciner plus vite, un pari avant le variant indien

CORONAVIRUS - La bonne nouvelle est signée Jean Castex: le masque dans l’espace public, c’est fini dès le jeudi 17 juin , tout comme le couvre-feu à 23 heures à partir du dimanche 20, a annoncé le Premier ministre dans une conférence de presse...

Couvre-feu: déconfiner plus vite pour vacciner plus vite, un pari avant le variant indien

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CORONAVIRUS - La bonne nouvelle est signée Jean Castex: le masque dans l’espace public, c’est fini dès le jeudi 17 juin , tout comme le couvre-feu à 23 heures à partir du dimanche 20, a annoncé le Premier ministre dans une conférence de presse donnée ce mercredi.

Après une semaine où la rumeur d’une fin des masques à l’extérieur avait enflé, cette annonce anticipée est poussée par les bons chiffres sur le front du Covid: à la mi-juin, le taux d’incidence est de 40 pour 100.000 habitants, et le taux de positivité à 1,45% (les deux indicateurs sont en baisse quasi-continue depuis la mi-mai). Mais ce n’est pas tout.

Si le gouvernement a choisi d’en finir avec ces mesures contraignantes c’est aussi, comme le dit le Premier ministre, parce que le port du masque à l’extérieur n’était pas loin de constituer une exception française aux fondements scientifiques plus que contestables: “Il n’y avait pas de données scientifiques” justifiant cette obligation, résume ainsi l’épidémiologiste Antoine Flahault au HuffPost. Derrière ce double relâchement, il y a aussi la confirmation d’une accélération face à l’arrivée du variant Delta (auparavant appelé variant “indien”).

En quinze jours, le gouvernement a en effet pris une série de décisions qui marquent une nouvelle étape dans la stratégie de lutte contre le Covid-19. Le 2 juin d’abord, Emmanuel Macron annonçait l’ouverture prochaine de la vaccination aux 12-17 ans. Mardi 15 juin, le ministère de la Santé décidait de réduire le délai entre les deux injections à trois semaines; le lendemain donc, Jean Castex rendait publique la bonne nouvelle de la fin des masques dans l’espace public et des apéros trop courts. Derrière ces trois décisions, il y a donc une inflexion nouvelle.

“Situation très favorable”

Depuis que la chaleur est tombée sur l’Hexagone, le masque est de moins en moins toléré dans l’espace public. Le cas des nombreuses villes balnéaires, comme Arcachon, l’illustre: dans la ville de Gironde très prisée des vacanciers, le masque n’est plus obligatoire depuis le début du mois de juin. 

Inflexion également du côté du couvre-feu, poussé dehors par les longues journées de juin... et les événements sportifs. Au-delà de l’Euro qui rassemble déjà les foules sur les terrasses, la fin du match Nadal-Djokovic le 11 juin avait clairement entamé la cuirasse de cette mesure. Alors que le match n’était toujours pas fini à 23 heures, les 5000 spectateurs ont finalement été autorisés à rester sur le court Philippe-Chatrier. 

 

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Ces annonces de relâchement valident un état de fait (“La situation est très favorable”, souligne Antoine Flahault), mais elles servent aussi à relâcher la pression là où, sur un autre front, elle ne fait que s’accentuer. Car le gouvernement cherche dorénavant à gagner la course de l’immunité par la vaccination, un défi rendu particulièrement ardu par l’arrivée du variant Delta. 

Le variant Delta vient tout bousculer

Nettement plus contagieux que son prédécesseur, il impose qu’un pourcentage de la population particulièrement élevé soit vacciné, plus encore que les estimations précédentes: à la suite de plusieurs études, Alain Fischer, le “monsieur vaccin” du gouvernement a estimé à 90% le taux de couverture vaccinal pour faire face à l’arrivée du variant Delta. 

Un chiffre aussi élevé impose dès lors l’ouverture de la vaccination aux adolescents, si l’on estime comme l’a fait l’agence européenne du médicament qu’il n’y a pas de risque à le faire. Mais il impose aussi d’utiliser les quelques semaines de l’été à bon escient, pour éviter d’être rattrapé par une éventuelle quatrième vague, comme en Angleterre, à la rentrée de septembre. 

C’est pourquoi mardi 15 juin, le délai pour recevoir la seconde dose de vaccin ARN (Moderna ou Pfizer) a encore été raccourci, comme l’a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran, passant de 35 à 21 jours au minimum. L’objectif annoncé, c’est d’éviter que les grandes vacances agissent comme une barrière à la vaccination: les personnes pourront ainsi recevoir une deuxième injection avant de se rendre sur leur lieu de villégiature. Un point devenu essentiel.

 

Le ministère a en effet indiqué vouloir protéger la population au mieux contre le variant Delta, responsable aujourd’hui d’une brusque remontée des contaminations outre-Manche. L’enjeu de la deuxième vaccination, face à cette version nettement plus contagieuse que les précédentes, devient primordial: “Contre le variant, c’est une course contre la montre”, rappelle Antoine Flahault. Mais une dose ne suffit pas.

Une étude américaine a ainsi évalué l’efficacité des vaccins Moderna et Pfizer au début du mois de mai, pour conclure qu’ils étaient quasiment aussi efficaces face au variant... lorsque les deux injections ont eu lieu. Si le patient n’a reçu qu’une seule injection, patatras: on tombe à 33% d’efficacité pour Pfizer/BioNtech, comme pour son concurrent AstraZeneca selon une étude britannique.

C’est bien pour cela que mettre l’accent sur la deuxième dose est nécessaire, bien plus qu’avant l’émergence du variant Delta. L’enjeu est d’éviter de reproduire le cas de la Grande-Bretagne: la stratégie de Londres depuis janvier était d’avoir le plus grand nombre de primo-vaccinés, quitte à repousser au maximum la seconde injection: jusqu’à 12 semaines, soit 3 mois d’attente. Aujourd’hui, “le pays s’en mord les doigts” explique Antoine Flahault, et le gouvernement britannique a annoncé que ce délai passerait à 2 mois. 

 

Pour éviter de prendre le chemin de la Grande-Bretagne, on accélère donc les efforts de vaccination en l’ouvrant au plus grand nombre, et en s’évertuant à réduire la proportion des personnes encore trop peu protégées, les dix millions qui, aujourd’hui, n’ont reçu qu’une seule dose, comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessus. Une accélération, là encore: mi-avril, la Haute autorité de Santé recommandait encore trois à quatre semaines de délai entre les injections. Mais voilà, il faut désormais préparer le mois de septembre. 

Septembre, le rendez-vous à ne pas manquer 

On le sait, le variant Delta est déjà présent dans l’Hexagone. Bien qu’en proportion encore très faible, il devrait s’imposer sur les autres mutations, comme il l’a fait en Grande-Bretagne: c’est seulement à la fin du mois de septembre, explique Antoine Flahault, que l’on verra si la situation tourne à la quatrième vague. “C’est là qu’on verra si le brassage de l’été a été conduit avec un accompagnement suffisant des autorités de santé”, et si le tableau n’empire pas pour ressembler à la rentrée 2020.

Même si la situation est sous contrôle à la fin de l’été, le nombre des contaminations pourrait augmenter, par le simple effet mécanique de la rentrée scolaire, mais aussi du travail au bureau, de la restauration collective... c’est dans cette situation que la vaccination, en empêchant les formes graves de la maladie, pourrait éviter une vraie flambée épidémique. 

Un “pic” pourrait alors avoir lieu, mais sous une forme bien plus maîtrisée. “Si on est à 6000 cas par jour, comme le Japon au pire de la vague, les urgences ne se rempliront pas, on ne s’affolera pas”, anticipe ainsi Antoine Flahault. La France ne devrait alors pas avoir à se confiner à nouveau, ou même à se masquer à nouveau à l’extérieur. Les décisions prises à la mi-juin incarnent donc bien l’inflexion nouvelle donnée dans la lutte contre le Covid: un “retour à la normale” approfondi, adossé à une politique vaccinale agressive.  

À voir également sur Le HuffPost: New York a fêté en grande pompe la vaccination de 70% de ses habitants