Covid-19: la fabrication en France est un enjeu de sécurité sanitaire

Jusqu’ici, la question de la désindustrialisation de la France, symptôme d’une industrie mondialisée et fragmentée, était évoquée essentiellement sous l’angle de l’emploi. France Stratégie, dans son rapport de novembre 2020, pointait que, depuis...

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Des employés travaillent sur une ligne de production dans l'usine de la multinationale pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) à Saint-Amand-les-Eaux, dans le nord de la France, le 3 décembre 2020, où sera fabriqué l'adjuvant des vaccins contre le Covid-19. (Photo by FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images)

Jusqu’ici, la question de la désindustrialisation de la France, symptôme d’une industrie mondialisée et fragmentée, était évoquée essentiellement sous l’angle de l’emploi. France Stratégie, dans son rapport de novembre 2020, pointait que, depuis 1980, les branches industrielles françaises ont perdu près de la moitié de leurs effectifs, soit 2,2 millions d’emplois. La France est devenue progressivement l’économie du G7 la plus désindustrialisée avec le Royaume-Uni.

La crise relative à la Covid-19 a opéré un glissement durable, en faisant un enjeu de sécurité sanitaire et, partant, de confiance. Au-delà de la contrainte exercée sur des opérateurs localisés dans des pays tiers, comment devenir moins dépendant des autres puissances? En restaurant une industrie de santé forte et compétitive, signe de notre souveraineté et garante de notre sécurité. Cette idée de bon sens se traduit dans des dimensions diverses, plus ou moins médiatisées et abouties.

La 1ère prend la forme de l’appel à projet “Résilience” du volet industrie du plan “France relance”, déployé par le gouvernement et destiné, notamment, au financement de la production de produits de santé jugés prioritaires. Celui-ci a vocation à couvrir les créations de nouvelles unités de production, l’investissement dans des unités de production existantes pour augmenter et moderniser leurs capacités ou les rendre plus productives et flexibles ainsi que le développement et la mise en œuvre à l’échelle industrielle de procédés technologiques innovants. Très médiatisée, Delpharm a, parmi d’autres, pu bénéficier d’un financement pour le site de Saint-Rémy-sur-Avre afin d’accroître ses capacités de répartition et remplissage aseptique du vaccin contre la Covid-19 développé par BioNTech. D’autres sous-traitants façonniers français ont également été retenus dans le cadre des appels d’offre mis en œuvre par les titulaires d’autorisation de mise sur le marché des vaccins contre la covid-19, notamment grâce au financement de l’adaptation de leurs outils de production aux requis des vaccins autorisés. 

 

Si l’Airbus de la santé se construit, les citoyens français espèrent que leur pays pourra en produire le moteur.

 

Cette étape, qui démontre l’excellence du savoir-faire français en matière de façonnage, devra être complétée dans l’avenir par la fabrication de principes actifs pour que la France retrouve la pleine maîtrise de ses capacités et réponde pleinement à l’impératif de sécurité sanitaire. La fabrication des produits de santé recouvre en effet des aspects très variés, correspondant à autant d’étape d’une production fractionnée. Or, si se construit l’Airbus de la santé, les citoyens français espèrent que leur pays pourra en produire le moteur. 

Parallèlement, le 11 février dernier, l’État a lancé le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) 2021, dont l’objectif est de faire de la France une nation leader en matière d’industrie et d’innovation en santé. Ce Conseil, qui a pour ambition affichée de “faire de la France la 1ère nation européenne innovante et souveraine en santé”, définit comme un de ses axes prioritaires le soutien de l’industrialisation des produits, dans la prolongation des objectifs de relocalisation des sites de production poursuivis dans le cadre de “France Relance”. À ce stade, cette instance, qui inscrit son action sur le long terme, n’a pas encore émis de proposition concrète. 

Sur le volet de la fixation des prix des médicaments cette fois, le nouvel accord-cadre conclu entre le LEEM (syndicat des entreprises du médicament) et l’État, à travers le Comité économique des produits de santé, le 5 mars 2021, tient désormais compte des investissements industriels, institue une mesure en soutien des prix à l’export et introduit le critère du lieu de production dans la fixation du prix des médicaments, autant de mesures visant à créer de la valeur issue de la fabrication française. 

Par ailleurs, au niveau européen, les choses évoluent également rapidement pour anticiper les besoins et conséquences industriels nés d’une menace biologique. Le projet “Fab UE” en cours consiste à mettre sur pied un réseau de capacités de production d’urgence destinées à la fabrication de vaccins et de médicaments à l’échelle européenne. Ce projet est complété par l’“incubateur HERA”, un plan de préparation en matière de biodéfense qui précédera l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA). Anticipant les questions inhérentes aux partenariats industriels qui peuvent être nécessaires, la Commission encouragera la création, si nécessaire, d’un mécanisme d’homologation dans ce domaine et soutiendra la coopération entre les entreprises. Elle s’engage également à fournir des orientations juridiques liées à la concurrence en ce qui concerne la production de vaccins ou de traitements, notamment pour l’appréciation d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles. Un financement dédié dans ce domaine est également prévu, portant notamment sur l’instrument d’aide d’urgence et certains programmes européens pour financer des contrats d’achat anticipé nouveaux ou étendus. 

Outre cette indispensable coordination et compte tenu du chemin à parcourir, le déploiement d’outils industriels ne peut donc s’inscrire que sur le long terme, après avoir établi une cartographie claire des besoins et via des conditions de relocalisation simplifiées et attractives en comparaison avec les pays tiers avec lesquels l’Europe demeure en concurrence. Celles-ci devront permettre de faire émerger un champion français capable de constituer un rempart aux menaces biologiques, élément de réassurance des Français en la protection sanitaire dont ils demandent à bénéficier plus que jamais.

 

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