Covid-19: les espoirs d’immunité collective mis à mal, vacciner vite reste la priorité

CORONAVIRUS - Au printemps dernier, il n’avait que ça à la bouche. “Le prochain objectif, c’est l’immunité collective”, écrivait Olivier Véran, le 12  juin 2021 sur Twitter. Trois semaines plus tard, même ministre, même plateforme: “C’est un...

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Si Olivier Véran évite de cause d'immunité collective, concept érodé par le variant Delta, il vaccine toujours à coeur joie, comme ici, à Villetaneuse, banlieue nord de Paris le 27 juillet 2021.

CORONAVIRUS - Au printemps dernier, il n’avait que ça à la bouche. “Le prochain objectif, c’est l’immunité collective”, écrivait Olivier Véran, le 12  juin 2021 sur Twitter. Trois semaines plus tard, même ministre, même plateforme: “C’est un défi collectif que d’atteindre l’immunité collective, relevons-le ensemble !”. 

L’idée était encore là, à l’époque, de pouvoir vacciner la population jusqu’au point où le virus ne trouve plus assez d’hôtes potentiels et disparaisse: une piste qui était considérée comme l’ultime moyen d’en finir avec le Covid-19.

Un “mythe”

Mais depuis, motus. Au ministère de la Santé, lors d’un point presse sur la stratégie vaccinale mardi 17 août, on hésite: “Nous ne nous prononcerons pas sur nos chances d’atteindre l’immunité collective, car il n’y a pas de consensus.”

“La vision que l’on peut avoir de l’immunité de groupe aujourd’hui n’est malheureusement pas celle d’il y a dix-huit ou même six mois”,a concédé également Alain Fischer, le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, dans un entretien accordé au JDD ce week-end. 

Quelques jours plus tôt, son homologue anglo-saxon Andrew Pollard, l’infectiologue d’Oxford douchait les derniers espoirs des députés du Royaume-Uni, en parlant d’un “mythe”.

La raison: le variant Delta, beaucoup plus contagieux qu’Alpha, quiremet en cause les espoirs d’atteindre l’immunité collective. Pour cela, il faudra vacciner plus de 90% de la population, et surtout, que les vaccins empêchent toute infection.

Or, hormis Moderna, les vaccins préviennent peu les infections au Covid-19. Une prépublication, postée le 9 août dernier sur la plateforme medrxiv, qui recense les études en cours de relecture recense environ trois fois plus d’infection par le variant Delta chez les non-vaccinés que chez les vaccinés, ce qui équivaut à une protection contre les infections d’environ 42% seulement. 

Atteindre l’immunité collective, c’est viser l’extinction du virus, en limitant le nombre de personnes potentiellement infectées. Avec Delta et des vaccins imparfaits, cela parait de moins en moins probable. Mais cela ne veut pas dire que tout est perdu. 

Stratégie “zéro forme grave”

Les vaccins à ARN, majoritaires en France, empêchent plus de 75% des formes graves du Covid-19: c’est autant d’hospitalisations évitées. Si l’épidémie ne disparaît pas, mais que l’hôpital public est soulagé, le tour est joué: “Grâce au vaccin, nous pouvons éviter les refermetures”, résumait Emmanuel Macron, le 11 août en conférence de presse. 

“La stratégie d’immunité collective tombe à l’eau et fait réfléchir à adopter une stratégie zéro hospitalisation, zéro forme grave”, rebondit sur Twitter Clarisse Audigier-Valette, responsable de l’unité Covid au CHU de Toulon, le 12 août dernier, visiblement agacée par ce débat, essentiellement sémantique et technique. Immunité collective ou non, plus la couverture vaccinale augmente rapidement, moins la 4e vague se répercutera sur les services hospitaliers, selon les modélisations de Pasteur. 

De plus, “vacciner rapidement diminue le risque d’émergence d’un variant résistant au vaccins”, selon une modélisation prenant en compte la diffusion du Covid-19 et sa vitesse de mutation, parue dans Nature, le 30 juillet dernier. Ainsi, avec ou sans espoir d’éradiquer le virus, l’objectif est le même: vacciner le plus, le plus vite. “Ça ne change rien à notre stratégie”, ponctue Fischer, dans le JDD. 

À voir également sur Le HuffPost: pourquoi certains variants s’imposent et d’autres non? (expliqué par les jeux vidéo)