Je ne sais plus comment rassurer mes étudiants sur leurs angoisses liées à la crise BLOG

ENSEIGNEMENT - Je suis enseignant universitaire et j’anime en parallèle un service d’aide pour les jeunes étudiants CARE :(Centre Aide Réussite Étudiants) afin de les aider à résoudre les problématiques de vie (santé, travail, soucis personnels,...

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Après l’inquiétude, vient l’angoisse, le doute de tout, du sens des études, du bien-fondé de l’effort. Une lente autolyse de

ENSEIGNEMENT - Je suis enseignant universitaire et j’anime en parallèle un service d’aide pour les jeunes étudiants CARE :(Centre Aide Réussite Étudiants) afin de les aider à résoudre les problématiques de vie (santé, travail, soucis personnels, familiaux, sociaux, etc.).

Avec la crise sanitaire, je vois le nombre de jeunes appeler à l’aide s’amplifier, et les réponses de nos instances ne sont pas adaptées à la réalité des problématiques exprimées.

“Et vous M. le Professeur vous en pensez quoi?”

Cette phrase je l’entends résonner à mes oreilles, presque à chaque fin de cours, comme l’attente d’un message d’espoir ou d’une annonce d’un miracle auquel on pourrait s’accrocher, pour chasser l’angoisse, ou exorciser les démons qui rongent nos jeunes étudiants, après ces mois de rupture sociale.

Quand pourra-t-on se revoir? Quand pourrons-nous recréer du lien social? Quand allons-nous cesser d’être seuls, derrière nos écrans noirs et nos sessions à distance?

Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous lestémoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!

Après l’inquiétude vient l’angoisse, le doute de tout, du sens des études, du bien-fondé de l’effort. Une lente autolyse de ″l’estime de soi″. Puis inexorablement arrivent les maux que les mots ne peuvent pas, ou peu, exprimer. Ce sont les risques de décrochage, de la déprime sévère, voire de la dépression profonde qui va mener à l’échec de l’année, ou pire, à l’arrêt des études.

Je téléphone, j’écris, je rassure, je réconforte, jour après jour, parfois en pleine nuit... La souffrance ressentie est brute, vive, les mots ne suffisent pas toujours à panser les plaies béantes de ces jeunes qui voient un rêve s’effondrer, sans avoir de ressources suffisantes pour les panser.

Quelles solutions proposer?

Les promesses de nos hommes politiques, de nos savants, de nos experts?

Chacun récite à l’envi tout et son contraire, seuls le buzz, l’envie d’exister sur les réseaux semblent les animer... C’est à qui manie le tweet le plus vite pour se mirer dans la mode d’un selfie numérisé. “Miroir, miroir... suis je la plus belle du royaume” (il faut croire que cela est au moins aussi contagieux que le virus, au sein de nos élites...)

Comment redonner confiance en la parole de l’adulte, du “sachant”? Les promesses sont légion, ″Nous allons vous aider”. Mais les petits boulots qui assuraient la simple survie parfois ont disparu avec la fermeture des bars et restaurants... Soucis et sanctions sont devenus les lots du quotidien pour nos jeunes.

“Tu n’as pas d’ordinateur pour suivre les cours? Ton réseau n’est pas assez opérationnel?”

On va t’expliquer, avec moult paroles savantes, que ton Université a déjà beaucoup investi, et que ta Région aussi. Il te restera à tenter d’acheter cet ordinateur si tes moyens sont limités sur “Le Bon Coin” où tous les arnaqueurs vont se repaître avec plaisir de tes galères.

Mais, chacun va te dire: “La France est avec toi mon jeune ami!”

“Dis-moi ce dont tu as besoin, je t’apprendrai à t’en passer...

La formule de Coluche a fait rire, mais son expression, en réponse aux demandes de ces jeunes, est une abomination.

Liberté? Égalité (des chances)? Fraternité? Si la devise républicaine orne fièrement nos frontons, son expression factuelle auprès de notre jeunesse en prend un sacré coup!

L’ascenseur républicain est en panne depuis longtemps, mais on ne forme même plus de réparateurs agréés... au sein de nos établissements!

Avant d’arriver dans le monde des études supérieures, le rêve d’une promesse de futur radieux permettait de pallier la réalité: les problématiques de l’argent, de l’éloignement, de la solitude, car nos jeunes se voient déjà tels César victorieux, coiffé de sa couronne de lauriers. Une fois lâchés dans l’arène, ils découvrent la réalité d’un monde socio-économique et socio-éducatif plus complexe que prévu.

Dur, dur, de devoir s’organiser pour gérer études et vie de l’étudiant, avec ses pièges, ses requis, son organisation et le chant des sirènes d’un nouvel espace de liberté. Ils comptent beaucoup sur le monde des adultes, pour les rassurer, les guider, leur montrer la voie, leur permettre de rêver en gagnant en compétences personnelles et professionnelles... Alors, on n’a pas le droit de leur mentir. Enseigner, c’est vouloir passer le relais, et démontrer le sens profond du rapport à l’altérité, parce que l’autre est évidemment plus important que soi.

La Covid 19 a changé la donne, plus que jamais la parole du “Sachant” est devenue importante, mais plus que jamais le monde politique n’a cédé, encore et toujours, à la mode du buzz, du bon mot, du spectacle médiatique de l’entre-soi, si prisé de nos élites.

À force de gérer la langue de bois, de pratiquer l’art de la formule lapidaire face aux caméras, de gérer le réseau social branché, plus rien n’est devenu audible et digne de foi.

Quel crédit vous reste-t-il? Le nombre de “followers” sur les réseaux? Celui des “retweet”? La belle vanité de l’illusion éphémère... alors même qu’on attend juste du concret!

La parole du politique, vue par les jeunes

J’ai peur que votre crédit politique ne soit devenu tout aussi illusoire que dérisoire, dans l’esprit de nos jeunes! 

2021 va peut-être nous apporter la notion d’un nouvel espoir.

Le vaccin sera, je l’espère, l’opportunité de retrouver le sens de l’engagement commun, se vacciner pour protéger les plus faibles, un acte personnel au profit une solution collective.

Pour cela, il faudra vaincre les résistances induites, les freins, les bas-fonds des réseaux sociaux et les exploitants fidèles des pseudo-complots.

C’est là et maintenant que devront, de nouveau, s’exprimer les Sachants, les Experts, les Responsables politiques! Si le vaccin reste pour l’instant la seule arme technique dont nous disposons comme arsenal thérapeutique réel, le secret du succès dépendra de la Communication!

Elle devra être précise, transparente, sérieuse, concertée et crédible!

Comprendrez-vous alors que l’urgence du jour c’est de garantir la véracité d’un propos, c’est de respecter ses engagements, c’est d’arrêter la mélopée des promesses qui inondent nos boîtes mail? 

Allez-vous prendre conscience de la réalité des attentes et de vos responsabilités envers ces jeunes?

“Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” disait Rabelais...

À vous de montrer qu’on peut effacer son ego, aussi surdimensionné qu’il soit, devant la nécessité du devoir politique! La Communication a du bon, mais on attend l’Action!

La souffrance de nos jeunes étudiants exige de nous clarté, transparence, et vrai engagement politique, au sens noble du terme... Il n’est pas encore trop tard pour redresser la barre.

Encore une fois ce ne sont pas de bons mots dont ils vont avoir besoin, mais des actes. Et cela devient très urgent.

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