Je suis Haut Potentiel Intellectuel et je ne me suis pas reconnu dans la série "HPI" sur TF1 - BLOG

NDLR: C’est le 29 avril dernier que les deux 1ers épisodes d’une nouvelle série, “HPI”, fiction policière bourrée d’humour, ont été diffusés sur TF1. Interprétée par Audrey Fleurot, Morgane, une femme de ménage au QI exceptionnel devient consultante...

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Être Haut Potentiel Intellectuel, c’est tout sauf une partie de plaisir au quotidien. De très jeune à la fin de sa vie, c’est se coltiner plutôt un “boulet” qu’un “avantage” ou un “don” comme certains pourraient croire.

NDLR: C’est le 29 avril dernier que les deux 1ers épisodes d’une nouvelle série, “HPI”, fiction policière bourrée d’humour, ont été diffusés sur TF1. Interprétée par Audrey Fleurot, Morgane, une femme de ménage au QI exceptionnel devient consultante pour la police. Si la fiction a réuni plus de 9 millions de téléspectateurs et séduit une grande partie de son audience, cela n’est pas vraiment l’avis d’Hugo Martinez, qui réagit après le visionnage de la fiction.

Une hérésie plutôt inutile

Dès le début, cette série s’inscrit dans les clichés et stéréotypes qui sont attribués aux zèbres, ceux communément appelés Hauts Potentiels Intellectuels, dont je fais partie.

Parce que d’abord, chaque humain porteur de douance est unique. Il sera doté ou non d’une capacité à ressentir ou exprimer des émotions fortes. À calculer plus vite que les autres. À analyser des situations complexes plus facilement que la normale.

Bref, chaque HPI est unique. Et ce n’est pas en additionnant les différentes spécificités, particularités d’un Haut Potentiel qu’on pourra espérer s’approcher de la réalité.

L’intention est bonne derrière ce projet: traiter sous un angle positif et humoristique un sujet qui, pour ceux qui le vivent, ne l’est pas forcément.

Un peu à la manière de Frédéric Quiring dans “Ma Reum” sur le harcèlement scolaire.

Mais le sujet et le message doivent rester crédibles.

Vous avez envie de expliquer votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous lestémoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!

Être dans la douance, ce n’est pas synonyme d’être un enfant attardé jusqu’à 30, 40, 50 ans. C’est bien plus complexe que cela.

Et simplifier à l’extrême ce phénomène, c’est ridiculiser, dévaloriser ceux qui supportent cela chaque jour.

J’en fais partie. Et je vous assure que je ne me reconnais pas dans cette série.

Casser les préjugés et rester crédible

L’histoire en elle-même n’est pas crédible. Elle porte à croire que, finalement, grâce à la douance, toutes les portes nous seraient ouvertes : NON !

C’est d’ailleurs, dans la réalité, plutôt le contraire. L’être humain, confronté à la douance, perds ses moyens car la logique d’un zèbre est tout sauf... logique.

Il y a d’ailleurs une impertinence par exemple dans la série sur sa capacité à exprimer un raisonnement : un zèbre n’est pas en mesure de verbaliser son cheminement intellectuel.

Que ce soit pour un calcul. Une ”énigme”. Une situation complexe. Etc...

Or dans la série, Morgane Alvaro n’est donc pas capable d’exprimer comment les “chiffres rouges” arrivent devant ses yeux. Mais elle est en mesure de détailler toute sa réflexion d’analyse des indices de l’enquête de l’épisode 1 et ainsi de suite.

En réalité, il aurait peut-être été pertinent d’associer de véritables “zèbres” à ce projet, dès l’écriture jusqu’au tournage, pour l’ancrer dans une certaine réalité.

Il ne faut pas sombrer, bien évidemment, dans le pathos. Mais juste dans un équilibre de réalité et d’impact.

En dehors de ces éléments, la réalisation et l’interprétation restent de qualité. 

Les flashs (Les Experts, flashback, ...) sont d’ailleurs une illustration visuelle de ressentis plutôt réels de Haut Potentiel.

Mais ce côté “ado perpétuel” ne l’est pas du tout.

Ainsi, avec ce mélange de réalité, d’effets visuels et de réalisation, de réussites et d’échecs, mais aussi de détournement de la réalité, ne serait-ce pas ça qui pourrait presque représenter ce que vit au quotidien un HP ? Rien de logique. Rien d’ordonné. Rien de structuré.

Un mi-cuit du soir

Hormis cet avis mitigé, il faut aussi remarquer que c’est audacieux de la part de TF1 et des producteurs de ce lancer dans un tel projet pour une telle diffusion.

A ma connaissance, c’est le seul support audiovisuel de fiction en France qui ose traiter ce sujet à titre principal.

Il y a là une vraie prise de risque, tout comme pour Audrey Fleurot et Vincent Jamain. Mais ce risque est peut-être la justification de ce choix d’une réalité volontairement édulcorée : un prisme exagéré du sujet pour sensibiliser un maximum de français sur la 1ère chaine de France.

Être Haut Potentiel Intellectuel, c’est tout sauf une partie de plaisir au quotidien. De très jeune à la fin de sa vie, c’est se coltiner plutôt un “boulet” qu’un “avantage” ou un “don” comme certains pourraient croire.

Très jeune, c’est trouver difficilement sa place au milieu d’une classe. C’est être l’isolé de service. C’est vivre difficilement avec les autres.

Une fois adulte, c’est un fardeau à porter. Un cerveau qui ne s’arrête pas. Et des relations sociales toujours difficiles à construire. 

Alors montrer cela sous un angle de vie où l’impact de cela est quasiment nul voire positif. C’est déformer la réalité des choses.

Je crois qu’on manque véritablement d’études, de recherches sur le sujet. Et que cette série doit appeler à se pencher sur le sujet.

Finalement, c’est la sensation d’un mi-cuit qui ressort après le visionnage des deux 1ers épisodes. Une envie de sensibiliser, de causer de ce sujet. Mais peut-être de la mauvaise manière...

Reste maintenant à espérer que cette série appellera d’autres projets audiovisuels pour aborder la thématique et surtout une meilleure prise en compte par les êtres humains qui ne le vivent pas de l’intérieur.

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