Juliette Armanet : “Il y a une beauté dans l’inachevé”

Vendredi 1er octobre, Centre national de la danse à Pantin – un lieu idoine au vu du clip dansant du Dernier Jour du disco. On retrouve Juliette Armanet en fin de session photo, une semaine tout juste après qu’elle a mis les dernières touches...

Juliette Armanet : “Il y a une beauté dans l’inachevé”

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Vendredi 1er octobre, Centre national de la danse à Pantin – un lieu idoine au vu du clip dansant du Dernier Jour du disco. On retrouve Juliette Armanet en fin de session photo, une semaine tout juste après qu’elle a mis les dernières touches à un album d’abord découvert chez Motorbass Studio (où l’on n’était pas retourné depuis la disparition tragique de Philippe Zdar en juin 2019).

Justement dévoilé par ce single tubesque (Le Dernier Jour du disco, déjà en rotation radiophonique depuis sa sortie à la fin de l’été), le disque s’écoute alors sans son déroulé final et un titre manque encore (Imaginer l’amour, beau programme).

Quelques chansons (Qu’importe ; Tu me play ; L’Épine ; Sauver ma vie) retiennent immédiatement notre attention, mais c’est surtout le duo Vertigo avec SebastiAn qui impressionne d’entrée (on l’entend d’ailleurs dans une mouture inédite avec un extrait du film hitchcockien, finalement écarté pour des raisons juridiques) – Juliette Armanet nous révèlera qu’il faillit dormir dans les tiroirs.

Après plusieurs écoutes dans sa version définitive, on comprend qu’effectivement Brûler le feu explique un incendie intérieur – brûlée par un amour dévastateur, Juliette Armanet finira l’entretien la gorge nouée et les yeux embués (au diapason de la pluie diluvienne), sans jamais éluder aucune question, ni sur ses sentiments entremêlés ni sur la concurrence interne avec Clara Luciani et Angèle chez Romance Musique (leur label commun, né de la fusion entre Barclay/Mercury et Initial Artist Services).

Car le second album de Juliette Armanet paraîtra cinq mois exactement après celui à succès de la 1ère, partie depuis l’automne en tournée triomphale, et avant celui de la seconde visiblement promis pour le mois de Noël.

© Pauline Carenton pour Les Inrockuptibles

Que de chemin parcouru pour la chanteuse lilloise depuis la parution de Petite Amie (2017), couronné d’un double disque de platine (200 000 exemplaires) et d’une Victoire de la musique dans la catégorie “album révélation” en 2018. Représentante avec Fishbach, Clara Luciani ou Calypso Valois d’une nouvelle variété chic et pop, Juliette Armanet a hérité de son amour du piano par son père, pianiste de jazz.

Et si elle fut rapidement apparentée à la famille Sanson meets Berger, la liste de ses collaborations vocales les plus saillantes (Christophe, Malik Djoudi, Benjamin Biolay, Sébastien Tellier) révèle précisément son éventail artistique, elle qui rêve de duettiser avec son chanteur préféré au monde : le génie James Blake.

Face à la double pression du succès critique et public rencontré par son 1er LP, Juliette Armanet a dû s’employer pendant des mois confinés à ébaucher une suite discographique. Comme ses collègues, elle a rongé son frein pendant ces soirs interminables sans concerts, au point de lancer – avec Malik Djoudi entre autres – le mot d’ordre “La musique sans public, c’est non !” en décembre 2020, sous le hashtag #etonremetleson.

C’est aussi dans la force collective (SebastiAn, Yuksek, Julien Delfaud rejoignent Victor Le Masne et Marlon B, les hommes de l’ombre de Petite Amie) que Juliette Armanet a trouvé des lendemains qui chantent, fussent-ils inspirés par un profond désenchantement. Propos d’une artiste tout feu tout flamme.

Dans quel état d’esprit es-tu, quelques jours seulement après avoir achevé ton second album, Brûler le feu ?

Effectivement, il sort à peine du four. Je suis extrêmement contente d’avoir pu mettre un point final. Car ce fut très difficile à faire, à finir, et d’accepter que le processus de composition, de production et de mixage soit terminé, avec le mot “fin” écrit quelque part. L’accueil chaleureux du single Le Dernier Jour du disco en pleine dernière ligne droite m’a redonné la confiance et l’énergie nécessaires.

Évidemment, j’ai toujours le sentiment de quelque chose d’inachevé, mais j’ai l’impression qu’il y a une beauté dans l’inachevé. C’est d’ailleurs peut-être cette fenêtre-là qui nous conduit à défendre les chansons sur scène. Donc je me situe entre l’absence de recul et le vertige total. Cet album aura été une véritable cathédrale à construire, mais je suis soulagée d’y avoir enfin posé la dernière pierre.

As-tu ressenti la pression du succès critique et public de Petite Amie ?

Certainement, et même inconsciemment, sans causer des circonstances très étranges depuis le 1er confinement. Fabriquer un disque dans un silence mortel était pour le moins particulier. Je m’inspire beaucoup de la musique des autres, notamment en concert. C’est un fluide qui m’irrigue et qui, soudain, n’existait plus. Qu’est-ce que “la patte Armanet” ? Faut-il rester dans ses marques ? Vais-je réussir à me surprendre ? Qu’ai-je à me dire ?

Un deuxième album, c’est fatalement un tournant. En composant de manière frénétique et dans des styles très différents, j’ai ouvert les vannes pour me perdre volontairement et ne rien m’interdire. J’avais besoin d’oublier ce que l’on avait pensé de moi et ce qu’il fallait que je pense de moi. J’ai trouvé au fur et à mesure, sans dire encore précisément ce que j’y ai découvert ou trouvé. La décantation va être longue. [sourire]

Tu évoquais plus haut “la dernière pierre” du disque. Quel serait le texte, la mélodie ou la composition qui a servi de 1ère pierre ?

Si L’Épine, un titre piano-voix habillé façon seventies, existait depuis assez longtemps, Le Dernier Jour du disco a été un moment déterminant dans la création de l’album. Le morceau est venu très vite, en une journée – ce qui est très rare chez moi –, comme si la fleur attendait d’être cueillie. Ou plutôt que j’étais moi-même cueillie par ma propre chanson.

Faire paraître Le Dernier Jour du disco en 1er single s’est-il imposé naturellement ? Ou était-ce une manière détournée d’engager l’auditoire sur une fausse piste ?

Ce single n’est pas si disco que cela. Je le vois plutôt comme un morceau glam rock. Le Dernier Jour du disco est surtout un moyen de chanter l’apocalypse joyeuse, une formule pour causer de la fin d’une histoire. D’autres titres de l’album rentrent davantage dans les codes disco : Sauver ma vie ou même Qu’importe.

Le spectre musical est d’ailleurs plus large que sur le 1er album…

La scène m’a énormément appris et littéralement transformée. Je ne suis plus la même musicienne que celle qui a composé Petite Amie. Avec ce nouveau disque, j’ai cherché une musique plus physique et à explorer autant la science des arrangements que la prise de son. Je suis moins l’autrice-compositrice recluse dans sa chambre du 1er album. C’est la musicalité qui m’a portée pour Brûler le feu.

À la fin de la tournée précédente, tu es devenue mère d’un petit garçon. En quoi la maternité a-t-elle pu influencer ton nouvel album ?

C’est évident que ça a changé plein de choses, mais j’aurais du mal à le définir ou à le formuler. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut créer les instants de liberté, de composition, d’introspection avec mon piano. Donc j’ai privilégié des semaines de résidence, ce qui m’obligeait à m’éloigner de ma famille et qui me permettait aussi de profiter d’une vie parallèle pour rentrer dans ma musique. J’ai ainsi déplacé mon territoire de travail. J’ai aussi fini par accepter que la musique se fait quand on n’en fait pas et que je suis avec mon enfant. Dans le quotidien, la part de créativité se construit autrement. Surtout que je ne suis plus la même femme qu’il y a quatre ans.

Dans les paroles de HB2U, tu chantes “J’suis pas faite pour l’ordinaire”. Ne serait-ce pas la définition même de l’artiste ?

C’est vrai, mais c’est autant une force qu’un handicap. Honnêtement, je ne suis pas faite pour l’ordinaire. Et quand tu fondes une famille, tu dois justement être dans le monde. C’est assez violent comme contraste. J’aime les moments de folie, de fulgurance plutôt que ceux du quotidien.

À l’époque du 1er album, tu affirmais dans ces colonnes ta volonté de “continuer à surprendre”.

Aller chercher autant de producteurs, d’arrangeurs et de musiciens différents, c’était une quête délibérée de se faire bousculer. Quel ennui de me satisfaire de mes propres grilles d’accords. Avoir collaboré notamment avec SebastiAn était la meilleure manière d’être surprise. Notre ping-pong créatif était très constructif – il pouvait m’envoyer un refrain aux antipodes de ce que j’avais imaginé.

De toute façon, si les artistes ne sont pas là pour chercher ou expérimenter, à quoi sert-on ? Ou alors on se vautre dans la recette pour le public. Vive le geste libre, quitte à parfois se tromper ou se planter complètement. Cela fait partie du jeu de se perdre. Un chanteur comme Christophe a passé sa vie à expérimenter et à travailler la matière dans son laboratoire.

© Pauline Carenton pour Les Inrockuptibles

Dans le choix de SebastiAn, c’est aussi sa casquette d’arrangeur et de producteur pour d’autres chanteuses comme Charlotte Gainsbourg qui t’intéressait ?

J’ai commencé le travail sur l’album avec Victor Le Masne, qui avait remarquablement arrangé les morceaux de Petite Amie pour la scène et monté le groupe. Je considère d’ailleurs que le live était mieux que le disque. Un jour, nous étions au Motorbass Studio, et Pedro Winter, qui passait par là avec des éclairs au chocolat, m’apprend que SebastiAn avait composé une chanson pour moi.

Comme par ailleurs Victor et SebastiAn travaillent sur l’album de Kavinsky, il y avait un triangle qui fonctionnait entre nous. À cause du confinement, j’ai surtout eu une relation épistolaire avec SebastiAn, qui m’envoyait des mails en pleine nuit. Comme celui de 4 h 16 du mat’ où il m’a envoyé sa proposition de refrain à la Frank Ocean pour Vertigo, qui tranchait idéalement avec le classicisme des accords des couplets.

Vertigo d’Alfred Hitchcock est l’un de tes films fétiches ?

Un film incroyable. C’est la sensation littérale de tomber amoureux. Comme j’ai de vrais problèmes de vertige, j’éprouvais le besoin que le mot “vertigo” apparaisse sur le disque.

Des vertiges à l’amour, ton sujet obsessionnel, il n’y a qu’un pas…

J’ai vraiment du mal à causer d’autre chose, le reste ne m’intéresse pas tant que ça. Mais ce n’est pas le même amour que celui de Petite Amie. Il s’agit là d’un amour beaucoup plus passionnel, destructeur, tout en étant mêlé d’une quête de liberté. Le titre Sauver ma vie est sincère. Il y a eu des moments où j’ai dû sauver ma peau devant cet amour qui me consumait à petit feu.

La libération de ce poids amoureux est autobiographique.

Bien sûr, c’est le miroir de ma propre histoire et des histoires fantasmées. J’adore me expliquer des histoires. On ne comprend pas toujours très bien ce que l’on écrit. Il y a une forme de mystère à soi-même dans les paroles des chansons. Parfois, on le découvre grâce aux autres, au temps. J’aime bien l’idée que certaines chansons proviennent d’endroits secrets de nous-même. Est-ce une part de rêve intérieur, de fantasme, de fiction ?

As-tu déjà été dépassée par tes propres mots ?

En concert, il m’est arrivé de redécouvrir l’émotion des paroles en les interprétant, comme une sorte d’amnésie. Un soir, en chantant L’Amour en solitaire sur scène, j’ai été prise à la gorge, ayant oublié l’état dans lequel j’avais écrit ce morceau. Le brouillard et le mystère sont très précieux. Mon parolier préféré est Alain Bashung, même s’il n’écrivait pas tout. Il y avait chez lui un sens kaléidoscopique des mots.

Sur l’introduction de Boom Boom Baby, il y a un clin d’œil manifeste à It Ain’t Over ‘Til It’s Over de Lenny Kravitz.

C’est un clin d’œil complètement assumé. Je suis une maxi fan de Lenny Kravitz, un très grand songwriter, je ne m’explique pas le rapport bizarre qu’entretiennent les gens avec lui. Mon père me dit que Lenny Kravitz est un faiseur. J’ai adoré l’album qu’il a arrangé et produit pour Vanessa Paradis – un chef-d’œuvre total.

Comment t’est venu ce titre d’album, Brûler le feu ?

C’est le titre de la treizième et ultime chanson du disque qui s’est imposé à moi et qui renvoie à une insurrection amoureuse, répétant comme un slogan ou un mantra un peu chamanique “Brûler le feu”. Ce titre résume parfaitement tous les états de brûlure par lesquels je suis passée. J’ai réellement été consumée par un désir éprouvant et j’en suis sortie plus vivante que jamais. Il y a une forme de résilience qui vient se nicher là-dedans. J’ai brûlé le feu qui aurait pu me détruire. C’est un geste de survie, comme danser sur les braises.

Ton nouveau label, Romance Musique, a-t-il fait du forcing pour finir ce disque et le sortir avant 2022 ?

À partir du moment où des 1ères dates de concert étaient calées en 2022, il était hors de question de partir en tournée sans nouvel album. J’aime que les gens connaissent les chansons avant de les interpréter sur scène. Ce disque a nécessité tellement de travail et d’énergie collective que je devais rester capitaine du navire. On avait fait le tour de toutes les chansons. Je suis assez cinglée pour les peaufiner encore et encore.

© Pauline Carenton pour Les Inrockuptibles

Cela dit, certaines comme Imaginer l’amour ont vu le jour très récemment. On l’a fait entrer au chausse-pied. Avec ce deuxième album, je suis passée par des phases de border folie. J’ai appelé plein d’artistes comme Flavien Berger pour leur demander conseil. Il m’a répondu qu’il fallait simplement accepter l’album tel qu’il se faisait. C’est un très bon conseil plutôt que de fantasmer un million d’autres albums.

Mesures-tu le chemin parcouru depuis Petite Amie ?

Absolument pas. Ce qui m’a plu dans ce nouvel album, c’est de me découvrir musicienne. Je ne suis plus seulement obsédée par les textes et les mélodies. J’ai ouvert la porte d’arrangeuse et de productrice. Pouvoir collaborer avec des personnes aussi talentueuses que SebastiAn, Victor [Le Masne], Marlon B, Yuksek, Julien Delfaud, le batteur Vincent Taeger, le bassiste Laurent Vernerey m’a tellement élevée. Je mesure ma chance. J’étais comme sur un tapis volant.

Au cours de ces dernières années, tu as multiplié les collaborations vocales, en chantant notamment avec Christophe, Ricky Hollywood, Malik Djoudi, Moodoïd ou Benjamin Biolay. Qu’en retiens-tu ?

C’est toujours hyper-stressant de chanter avec des personnes qu’on admire. À chaque fois, j’essaie de me glisser comme une petite souris. J’observe les séances d’enregistrement avec attention pour voir comment chacun fabrique sa musique. Je revois encore Christophe assis par terre au Motorbass Studio, avant d’emmener la voix dans son donjon. Je vois ces duos comme deux désirs qui apprennent à se rencontrer.

Quel·les sont les artistes que tu rêverais d’approcher ?

Alicia Keys, une chanteuse incroyable, Billie Eilish, dont je suis fan depuis son 1er album, James Blake, le meilleur chanteur du monde, Rosalía, Nathy Peluso, Stevie Wonder, le Graal absolu, et bien sûr Boys II Men, que j’ai même essayé d’avoir sur mon nouvel album.

Parmi les chanteuses populaires actuelles, il y a Clara Luciani, Angèle et toi. Or, vous figurez désormais sur le même label. Comment vis-tu cette concurrence interne, fût-elle émulatrice ?

Honnêtement, c’est autant une concurrence qu’une émulation. On fait tout pour être les plus bienveillantes et les plus sœurs possible. Nous sommes dans un système ultra-concurrentiel, mais j’ai la sensation que nous avons chacune notre propre territoire.

Je n’ai pas le même public qu’Angèle, et Clara et moi sommes très différentes. Il y a de la place pour chacune. C’est tout aussi compliqué pour notre label, comme lorsque Clara et Angèle se retrouvent en concurrence aux Victoires de la musique. Dans vingt ans, on pourra aussi dire qu’il y avait une famille de chanteuses générationnelles.

“C’est drôle de revenir en chantant d’entrée C’est la fin.”

Quel serait ton pire défaut ?

Je suis très insatisfaite. C’est usant pour moi comme pour les gens qui m’entourent. Et le succès m’a fragilisée. J’aimerais bien parfois être contente de moi.

Y a-t-il néanmoins une chanson qui te satisfait complètement sur ton nouvel album ?

Le Dernier Jour du disco. J’aime comment elle est née, ce dont elle cause et l’énergie qu’elle me procure. Elle me fait du bien. C’est un cri du cœur à la Balavoine. Je savais que je voulais revenir avec cette chanson. On m’a conseillé de l’appeler Coquelicot plutôt que Le Dernier Jour du disco… C’est drôle de revenir en chantant d’entrée “C’est la fin”. Et c’est sans doute aussi parce que le public l’a déjà entendue que je me sens libérée d’un poids. Je suis dépendante des oreilles de mon public.

Quelle serait ta plus grande qualité ?

J’espère être drôle. [sourire] C’est mon souhait. Comme disait Oscar Wilde, “le rire est la politesse du désespoir”.

Enfin, pour paraphraser un titre de ton nouvel album, la musique a-t-elle sauvé ta vie ?

La musique m’a tenue en vie ces trois dernières années et m’a aidée à surmonter certaines épreuves douloureuses. Sauver ma vie, c’est mon I Will Survive.

Brûler le feu (Romance Musique/Universal). Sortie le 19 novembre.

En tournée à partir de janvier 2022 et en concert les 16 et 17 février à Paris (Olympia).

Retrouvez en exclusivité la playlist de Juliette Armanet sur lesinrockuptibles.fr