“La Nuée”, un cauchemar métaphorique qui grouille d‘inventivité

Avec ce 1er long métrage réussi, sélectionné à Cannes 2020 dans le cadre de la Semaine de la critique, Just Philippot mêle le conte écolo-fantastique, l’étude sociétale et une forme de psychanalyse. Tout commence comme dans un film naturaliste...

“La Nuée”, un cauchemar métaphorique qui grouille d‘inventivité

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Avec ce 1er long métrage réussi, sélectionné à Cannes 2020 dans le cadre de la Semaine de la critique, Just Philippot mêle le conte écolo-fantastique, l’étude sociétale et une forme de psychanalyse.

Tout commence comme dans un film naturaliste très français. Sur fond de crise économique, nous voici dans la ruralité d’aujourd’hui, dans une famille dont le père s’est suicidé quelque temps auparavant. Veuve, mère d’une ado (Laura) et d’un garçon (Gaston), Virginie (remarquable Suliane Brahim de la Comédie-Française) essaie de subvenir à leurs besoins en élevant des sauterelles, riches en protéines, dont elle fait de la farine destinée à d’autres animaux – ce qui n’est pas forcément une bonne idée, comme l’histoire nous l’a maintes fois démontré.

Mais l’activité n’est guère rentable et la production encore trop modeste pour pouvoir en vivre décemment… Virginie délaisse ses enfants, confiant la garde de Gaston à Laura, qui commence à en avoir marre. Elle aimerait quitter cette région. Virginie est aussi courtisée par un vigneron du coin, le serviable Karim (Sofian Khammes), mais au fond elle n’a qu’une obsession : ses sauterelles. Un événement inattendu, comme dans toutes les bonnes histoires, va bientôt permettre d’augmenter la production de son cheptel de sauterelles… Mais à quel prix. Et le film change de registre.

A la croisée des chemins

La Nuée, c’est l’histoire d’un mauvais croisement, d’un échange malencontreux, accidentel, entre un être humain (en l’occurrence une femme – ce qui n’est évidemment pas innocent – mais tout est métaphorique ici), et un animal. Entre une femme qui, en se blessant, va donner aux sauterelles qu’elle élève au sein d’une serre en forme de bulle, d’ovule, son sang. Alors la production augmente, certes, énormément même, mais les sauterelles se montrent aussi de plus en plus avides de sang humain.

On pense à Cronenberg, et bien sûr aux Oiseaux d’Hitchcock, dans ce que ce fim dit non seulement du rapport de l’homme à la nature, mais aussi du ressentiment réciproque qui habite parfois une mère et une fille. Ce que dit et montre La Nuée magnifiquement, c’est que tout cela était lié à la mort du père, mal vécue, mal digérée, et que la mère et la fille forment un duo où un autre homme ne peut trouver une place. La Nuée n’était qu’un cauchemar, l’expression de sentiments trop violents pour être exprimés, un rêve pour soigner un traumatisme insupportable.

A lire aussi : Le film de genre, nouvel eldorado du cinéma français ?

La Nuée de Just Philippot, avec Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne (Fr., 2020, 1h41). Sortie le 16 juin