Les Portraits du jeu vidéo : Zoe Schneider

Nous poursuivons notre série de portraits du jeu vidéo avec Zoe Schneider, musicienne professionnelle, mais aussi Community Manager chez Harmonix et experte de Fuser, le jeu qui vous met derrière les platines et que vous pouvez dorénavant essayer...

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Nous poursuivons notre série de portraits du jeu vidéo avec Zoe Schneider, musicienne professionnelle, mais aussi Community Manager chez Harmonix et experte de Fuser, le jeu qui vous met derrière les platines et que vous pouvez dorénavant essayer gratuitement par le biais d’une démo récemment sortie. Nous avons pu échanger avec elle pour parler de son parcours, de sa vision du monde du jeu vidéo, mais aussi de son avenir.

Quelle est votre histoire avec le jeu vidéo ?

C’est difficile de se souvenir précisément de l’âge auquel j’ai commencé à jouer… Ça devait être avec Pacman ou quelque chose comme ça… Mais mes parents étaient très stricts en termes de jeux vidéo, nous n’avions pas le droit d’en acheter. Heureusement, mon oncle avait une console et quand nous allions chez lui, on pouvait en profiter. Mon premier amour devait être Galaga… ou Spyro, mais les choses sérieuses ont commencé avec NBA Street et je dirais que c’est encore l’un de mes jeux préférés aujourd’hui. Je ne m’en lasse jamais, ça me rappelle mon enfance et les parties avec mon frère et mes cousins. Ce qui est sûr, c’est que le fait d’interdire le jeu à la maison m’a rendue d’autant plus attirée vers la chose. Ce qui m’amuse aujourd’hui, c’est que ma mère n’arrêtait pas de me dire d’arrêter de jouer pour réviser et que vingt ans plus tard, les jeux vidéo sont devenus mon travail.

Aviez-vous imaginé travailler dans ce milieu avant que cela n’arrive concrètement ?

Je suis avant tout une musicienne. Je chante, je joue de la basse et de plusieurs autres instruments. Mais je savais que je voulais être impliquée dans l’art, que mon travail ait un rapport avec le milieu artistique, c’était le plus important pour moi. Lors de mes études, la musique était au centre de tout, les jeux vidéo n’étaient qu’une passion, un à côté, et je ne m’imaginais pas qu’ils allaient faire partie intégrante de mon parcours professionnel. Mais j’ai toujours suivi Harmonix, j’ai joué à tous les épisodes de Guitar Hero et de Rock Band, donc quand j’ai vu l’opportunité de travailler avec eux, j’ai sauté dessus. C’était l’alliance parfaite entre l’industrie musicale, dans laquelle j’avais déjà de l’expérience, et celle du jeu vidéo que j’affectionne particulièrement. L’idée de travailler la musique au quotidien tout en apprenant des choses nouvelles pour moi et en découvrant de plus près une communauté que j’ai toujours aimée, c’était très intéressant pour moi. Sur le papier, mon quotidien est loin de ce que j’avais imaginé, mais si je m’arrête une minute pour penser à ce que je fais au jour le jour, c’est l’idéal pour moi, parce que finalement, je travaille avec des gens et autour de la musique.

Aviez-vous des préjugés avant de travailler dans cette industrie ? Qu’en est-il réellement ?

Je pense que j’ai ressenti le même choc qu’avec l’industrie de la musique : tout le monde était bien plus gentil que ce que je m’imaginais ! On peut avoir une idée de ces industries proche de celle que l’on se fait d’Hollywood, des milieux remplis de gens très instruits mais aussi très portés sur l’aspect business des choses… Mais en réalité, dans la musique par exemple, vous vous devez d’être agréable, parce qu’il faut que celles et ceux qui travaillent avec vous aient envie de le faire à nouveau !

Comment avez-vous vécu le fait d’être une femme débutant dans ce milieu ?

Je ne peux pas parler du milieu en règle générale, mais uniquement de mon expérience avec Harmonix. Et je pense que la communauté qui gravite autour du studio est très bienveillante. Pour moi, lorsque j’ai eu affaire au sexisme, c’était involontaire. Pour Fuser, nous postons très régulièrement de nouveaux mixs sur nos réseaux, et c’était déjà le cas avant la sortie du jeu, pour que nous puissions montrer ce que les joueurs pourraient faire grâce à ses mécaniques. J’ai donc joué des centaines et des centaines d’heures pour poster une grande quantité de mixs et il suffisait d’aller dans les commentaires pour lire des choses comme « ce mec est incroyable », « j’adore le son de ce gars », « il sait ce qu’il fait », etc. Ça ne m’a pas dérangé, parce que ce n’était pas fait avec l’intention de nuire. Ce qui me dérange plus, c’est le sentiment général que les jeux vidéo sont faits pour les hommes, qui continue à perdurer. Bien sûr, quand on parle de jeux musicaux, par rapport aux FPS par exemple, l’impression est moins radicale. Mais cette ambiance globale, qui n’est pas le fait d’un ou plusieurs individus mais plus d’un biais collectif, nous laisserait penser que selon votre genre, vous n’allez pas aimer les mêmes jeux… c’est ridicule !

Comment faut-il s’y prendre pour faire avancer les choses en la matière selon vous ?

Chacun a un rôle à jouer. Je suis Community Manager, je peux donc incarner le « visage » du jeu, et je pense que cela peut être utile. Je n’ai pas vu énormément de jeunes femmes noires queer avoir une visibilité dans le milieu. Je ne saurais pas citer de personnes qui me ressemblent et qui font actuellement le même travail que moi… Comment peut-on s’imaginer dans la position de quelqu’un si l’on a jamais vu personne nous ressemblant le faire ? La représentation, c’est très important. Je fais donc des streams toutes les semaines, j’apparais régulièrement… Je ne dis pas que je suis une activiste, mais si une jeune fille noire s’intéresse à Fuser et me voit dans les vidéos, la première étape est franchie. C’est le strict minimum à mes yeux. Dans Fuser, un personnage est originaire du Ghana, comme ma famille. C’était la première fois qu’un personnage de jeu vidéo partageait mes origines et ça m’a émue.

Et au regard de l’industrie en général ?

Du côté de l’industrie, il faut que tout le monde comprenne que si votre jeu n’intègre pas les différents genres, les différentes ethnies, vous perdez des parts de marché ! Si vous avez un rôle à responsabilités dans une entreprise, que vous devez engager des gens, peut-être qu’en recrutant des personnes très différentes de vous, vous vous ouvrirez à de nouvelles perspectives. Si lors des réunions, tout le monde vous ressemble, il y a peut-être une conversation à avoir sur le sujet… Je donne des conseils, mais si ça se trouve je suis moi-même remplie de préjugés, de stéréotypes… Tout ce que je dis, c’est qu’il faut se poser des questions !

En termes de contenu dans les jeux vidéo, pensez-vous tout de même que nous ayons progressé ?

Encore une fois, si je me concentre sur les jeux musicaux et que je compare Fuser aux titres du même genre qui sortaient il y a dix ans, selon moi, les femmes sont bien mieux représentées, les ethnies aussi… mêmes les genres musicaux utilisés dans le jeu sont plus variés ! Je pense que les studios raisonnent différemment aussi, les développeurs se demandent quelles seront les émotions que les joueuses et les joueurs vont éprouver en s’essayant à leurs créations par exemple. Il y a dix ans, je pense que si l’on m’avait dit qu’une jeune femme noire et homosexuelle deviendrait le visage public d’un gros titre comme Fuser, je n’y aurais pas cru.

Avez-vous des conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient travailler dans cette industrie ?

Si vous ne voyez personne qui vous ressemble faire le travail dont vous rêvez, VOUS devez devenir cette personne. L’expérience personnelle que vous allez en retirer sera d’autant plus incroyable qu’elle deviendra une inspiration pour celles et ceux qui arriveront après vous. Avant de rentrer chez Harmonix, j’ai rencontré une jeune afro-américaine qui travaillait pour eux et je peux vous dire que c’est sa présence qui m’a permis de concevoir l’idée même de postuler. J’ai pu discuter avec elle de l’environnement de travail, des collègues, elle m’a donné quelques astuces pour mieux comprendre le quotidien… Si vous faites partie d’une minorité, donnez le meilleur de vous-même, pour que personne ne puisse critiquer votre travail. Si vous entendez des remarques comme « oh, tu es là pour le quota », dîtes-vous que ce genre de personne projette probablement ses propres insécurités sur vous. C’est un défi, ça peut être difficile, mais n’oubliez pas que grâce à vous, d’autres auront le courage de faire la même chose.

Merci à Zoe Schneider d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. N’hésitez pas à télécharger la démo de Fuser si vous ne vous êtes pas encore essayé au titre.

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