Loyle Carner et ses tourments intérieurs déconstruisent le hip-hop sur “Hugo”

Jusqu’alors gendre idéal du rap made in UK, propre sur lui, pondéré et à mille lieues de la crudité et l’âpreté du grime et de sa petite sœur réglant ses problèmes à l’arme blanche, la drill, Loyle Carner remise finalement son optimisme d’apparat...

Loyle Carner et ses tourments intérieurs déconstruisent le hip-hop sur “Hugo”

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Jusqu’alors gendre idéal du rap made in UK, propre sur lui, pondéré et à mille lieues de la crudité et l’âpreté du grime et de sa petite sœur réglant ses problèmes à l’arme blanche, la drill, Loyle Carner remise finalement son optimisme d’apparat au placard sur son troisième album, Hugo. Sans embrasser tout à fait le fatalisme des deux courants musicaux les plus populaires du rap de la Perfide Albion, Benjamin Coyle-Larner, de son vrai nom, évolue désormais en vase clos – et en eaux troubles –, loin de la douceur apparente des contributions de Sampha, Jorja Smith ou Tom Misch sur son second LP, Not Waving, but Drowning – pourtant déjà lourd en introspection.

Exit donc le cocktail résolument pop qui irriguait jusqu’alors sa musique. Sur Hugo, la musique épouse le tumulte identitaire de ce kid anglais, métis, atteint de trouble de déficit de l’attention et marqué par sa paternité récente. À l’instar de la production de Hate, superbe morceau d’ouverture auscultant le racisme systémique à l’œuvre dans toutes les strates de la société anglaise, tout, sur ce troisième album, est fragmenté ou évanescent : featurings en retrait, presque spectraux, samples dégradés ou presque effacés, sans toujours de structure apparente.

La rage au ventre

Produit quasi exclusivement par le génial londonien Warp Kwes, et avec l’aide sporadique d’un des grands maîtres du sampling, Madlib, Hugo brille par son dépouillement presque rudimentaire ; faussement humble et farouchement radical dans son approche. Un parfait écrin pour habiller ce bouillonnement de positions politiques (l’activiste Athian Akec en featuring), d’introspection amère et de constats acerbes, assez proche – quoique plus sage – des collages surréalistes et primitifs d’un Earl Sweatshirt.

Si l’on pourra toujours lui préférer la naïveté de son 1er disque ou le raffinement du second, ce troisième effort, lui, capture mieux que jamais les tourments intérieurs du MC anglais. À l’image d’Adonis tout sourire, fan d’Éric Cantona et faisant payer l’entrée de ses concerts en maillots de foot vintage, se substitue enfin une faillibilité dépouillée de ses artifices, véritablement à nu. La rage au ventre et les tripes à l’air.

Hugo (Virgin Records/Universal). Sorti depuis le 21 octobre.