Un reconfinement contre le Covid-19 oui, mais pour combien de temps?

SCIENCE - Ce ne serait plus qu’une question de temps. L’hypothèse d’un troisième confinement pour endiguer l’épidémie de Covid-19 semble de plus en plus probable. Si le gouvernement souffle le chaud et le froid, peu nombreux sont les chercheurs...

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Si un troisième confinement a lieu face au Covid-19, combien de temps devra-t-il durer ?

SCIENCE - Ce ne serait plus qu’une question de temps. L’hypothèse d’un troisième confinement pour endiguer l’épidémie de Covid-19 semble de plus en plus probable. Si le gouvernement souffle le chaud et le froid, peu nombreux sont les chercheurs à penser que la situation sanitaire actuelle est satisfaisante. Surtout avec la dominance à venir du variant anglais plus contagieux.

Si le confinement semble donc inéluctable, tout est une question de temps. Quand le mettre en place mais surtout quand l’arrêter. Car d’un point de vue sanitaire, la question du début semble assez claire. “Si l’objectif est purement sanitaire, des mesures de contrôle plus strictes seraient plus efficaces”, affirme au HuffPost l’épidémiologiste Dominique Costagliola, directrice de recherche à l’Inserm.

Pour Samuel Alizon, directeur de Recherche au CNRS, spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses, attendre n’apportera rien de bon vis-à-vis de l’épidémie. “Dans un modèle de ‘stop and go’, où vous alternez les phases de relâchement et de contrôle strict, si vous mettez en place les contrôles très tôt, ils seront plus fréquents mais dureront moins longtemps. À l’inverse, si vous attendez le plus possible pour renforcer le contrôle, vous devrez attendre plus longtemps pour relâcher”.

Évidemment, la question n’est pas que sanitaire et le gouvernement cherche à tout prix à éviter un troisième confinement, en espérant notamment que le couvre-feu national à 18 heures aura un impact suffisant. L’évolution dans les jours à venir des indicateurs de suivi devrait rapidement nous en dire plus. “Le problème, c’est qu’on ne part pas de zéro mais d’un plateau haut”, rappelle le chercheur.

Si confinement il y a, ce qui semble être malheureusement l’option la plus probable, la vraie question est donc de savoir jusqu’à quand. Peut-il ne durer que trois semaines, comme évoqué par certaines sources gouvernementales? Faut-il s’orienter sur la même durée que pour le premier confinement, soit plus de sept semaines?

Après l’hiver vient le vaccin

“J’avais l’idée que si l’on arrivait à vacciner les personnes les plus à risque, les plus de 65 ans, voire les plus de 50 ans si l’on souhaite faire diminuer les hospitalisations, et si l’on réussissait à bien circonscrire la circulation du virus, alors on pourrait imaginer une sortie prudente, comme lors du premier déconfinement”, analyse Dominique Costagliola.

Au vu du calendrier de vaccination, cela impliquerait un confinement... jusqu’à la fin du mois de mars. Un timing qui colle de toute façon malheureusement avec la dynamique de l’épidémie de Covid-19, estime l’épidémiologiste.

“On ne sait pas bien pourquoi, mais on voit que l’hiver favorise ce virus, cela s’est vu dans la reprise concomitante de l’épidémie dans la plupart des pays d’Europe. Et l’hiver dure jusqu’à fin mars. Cela fait longtemps que je le pense, mais je ne le disais pas forcément, car on va dire que je suis pessimiste.”

Le pire, c’est que le tableau pourrait encore se noircir. “Tout cela ne prend pas en compte le risque posé par des variants” qui pourraient rendre les vaccins moins efficaces, met en garde Dominique Costagliola. “Mais il est trop tôt pour juger sur ce sujet”. L’émergence rapide de plusieurs variants a effectivement rappelé ces dernières semaines que ce risque était bien présent.

Mais même si les vaccins ont du retard, même si des variants du coronavirus y échappent en partie ou entièrement, ne peut-on pas imaginer contrôler l’épidémie manuellement, comme la plupart des pays ont tenté de le faire après le premier confinement, surtout avec le redoux? 

“Ce genre de politique sanitaire, comme ce que l’on voit dans certains pays asiatiques, en Nouvelle-Zélande, en Australie, n’est possible qu’avec des moyens considérables, avec un programme d’isolement et de traçage des cas conséquent et avec un niveau de circulation du virus très faible”, met en garde Dominique Costagliola.

Quel confinement pour quelle durée?

“Nous avons passé un été 2020 relâché car il y a eu un confinement extrêmement strict avant. Si on abordait l’été avec la situation actuelle, ce serait problématique”, rappelle Samuel Alizon. “Quel seuil est acceptable? Cela devrait être un vrai débat démocratique.”

Surtout, quel que soit le seuil choisi, le temps de confinement pour l’atteindre dépend en réalité de la nature du confinement. “Le niveau de contrôle de novembre (avec écoles ouvertes et magasins non essentiels ouverts dans un second temps, ndlr) pourrait ne pas suffire. Plus on attend, plus il risque de falloir imposer des mesures strictes. En décembre, alors que nous étions toujours confinés, l’épidémie n’était plus en décroissance”, met en garde le chercheur. “En revanche, le niveau de contrôle hors confinement est important: plus il est strict, moins vous passez de temps confiné”, rappelle-t-il, critiquant les mesures trop légères du gouvernement entre les périodes de confinement, notamment concernant le télétravail ou encore la ventilation dans les écoles.

Dans le graphique ci-dessous élaboré par son équipe, on voit l’évolution d’un indicateur intéressant: le temps de doublement de l’épidémie. En clair: au bout de combien de jours le nombre d’hospitalisations est multiplié ou divisé par deux. Et si la baisse a été rapide au début du second confinement, elle s’est très vite arrêtée.

Surtout qu’entre temps, une épée de Damoclès s’est ajoutée: le variant anglais plus contagieux. “Je pense qu’il faut un confinement strict, similaire à celui de mars, avec une fermeture globale, y compris des écoles”, estime de son côté Dominique Costagliola. Si le rôle exact joué par les enfants dans la propagation de l’épidémie reste un sujet de controverse scientifique, il est acquis que les plus jeunes peuvent être infectés et peuvent contaminer les autres.

“Il est difficile de démêler le rôle de chaque mesure, mais plusieurs éléments dans la littérature montrent qu’une des mesures les plus efficaces consiste à fermer les institutions d’éducation”, explique l’épidémiologiste.

Plusieurs travaux publiés ces derniers mois vont en effet dans ce sens, même s’il est toujours difficile de faire la part des choses entre les différentes mesures, leur acceptation, ou encore les établissements ciblés (maternelle, primaire, collège, lycée, université). Malgré le coût évident de la fermeture des écoles, Dominique Costagliola rappelle que nous sommes aujourd’hui “dans une situation particulière, et quand on voit ce qui se passe ailleurs, on ne voudrait pas finir comme eux”.

À voir également sur Le HuffPost: comment contrôler une épidémie, mode d’emploi