Vaccin contre le Covid-19: pourquoi la France est très en retard (et pourquoi il est trop tôt pour juger)

CORONAVIRUS - 5 millions de vaccinés aux États-Unis, 3 millions en Grande-Bretagne, 300.000 en Allemagne... et 5000 en France ce mercredi 6 janvier. Depuis la fin du mois de décembre, les critiques pleuvent sur le gouvernement à mesure que...

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Doses du vaccin Pfizer-Biontech contre le Covid-19.

CORONAVIRUS - 5 millions de vaccinés aux États-Unis, 3 millions en Grande-Bretagne, 300.000 en Allemagne... et 5000 en France ce mercredi 6 janvier. Depuis la fin du mois de décembre, les critiques pleuvent sur le gouvernement à mesure que le gouffre s’élargit entre la France et ses voisins sur le nombre de gens vaccinés contre le coronavirus. 

Sous les attaques répétées, le gouvernement a annoncé des changements et devrait annoncer jeudi 7 janvier les modalités d’une accélération du rythme des vaccinations. Pourtant, la lenteur française des débuts de la vaccination n’était pas seulement prévisible: elle était prévue, dans le cadre d’une montée en puissance dont le bilan ne pourra pas être fait avant plusieurs semaines.

Vaccins au compte-goutte

Lundi 28 décembre au soir sur Europe 1, le “monsieur vaccination” du gouvernement Alain Fischer montait déjà au front. La stratégie vaccinale française, en réclamant le consentement écrit des patients, “donne le temps de faire les choses bien en termes de sécurité, d’efficacité, d’organisation et d’éthique”, selon le médecin. L’impératif de sécurité, s’assurer que personne n’est vacciné contre son gré, serait donc l’explication de ces premiers jours aux chiffres insignifiants? Oui, mais pas seulement. 

S’il est évident que l’Hexagone a pris un certain retard par rapport à ses voisins, il faut d’abord comparer ce qui peut l’être. En Grande-Bretagne, la campagne de vaccination a démarré dès le 8 décembre, soit deux semaines avant l’Union européenne, où l’autorité de santé a autorisé le vaccin Pfizer-Biontech dont l’administration a démarré le 27 décembre sur le Vieux Continent. 

Il reste que nos voisins européens, comme l’Allemagne, on déjà entamé leur campagne de vaccination massive, quand en France c’est au compte-goutte qu’on a délivré fin décembre le traitement: après des Ehpad à Sevran, c’est ensuite un établissement à Joué-lès-Tours, un autre à Lille, puis encore un à Lyon...  

Les derniers jours de décembre ne sont donc pas ceux du déploiement d’une véritable campagne de vaccination nationale, et le contraste est visible. Outre-Rhin, si les 440 centres de vaccinations prévus pour accueillir les patients ouvrent début janvier, une quarantaine d’équipes mobiles était déjà mobilisée fin décembre pour vacciner patients fragiles et personnel de santé dans tout le pays.

En janvier, la véritable campagne... en deux temps

Pourtant, Emmanuel Macron saluait lui-même, le 27 décembre, le début de la campagne de vaccination française. Aurait-on pris du retard à l’allumage? C’est plutôt que l’on n’avait pas encore démarré. Et qu’il n’a jamais été prévu que l’on ait démarré à ce stade. Dans les derniers documents transmis le 24 décembre par la Haute Autorité de Santé aux Ehpad, la chronologie est claire. Le système d’information centralisé permettant aux établissements d’organiser leurs besoins en vaccins ne doit ouvrir en ligne que le 4 janvier.

Selon le plan, c’est à cette date que plusieurs centaines d’Ehpad doivent recevoir la première dose de vaccin pour les résidents qui le souhaitent. Ce qui pourrait expliquer l’augmentation de ces derniers jours, avec 2000 personnes vaccinées lundi 4 janvier, puis 5000 le jour suivant. Mais on reste là encore dans une phase préparatoire: les vaccins seront alors livrés directement de l’usine Pfizer à une centaine d’établissements hospitaliers capables de stocker le vaccin à -80°C. Ces derniers pourront à leur tour fournir les Ehpad qui s’approvisionnent habituellement auprès d’eux pour leurs besoins en médicaments. 

Mais ces premières livraisons doivent seulement permettre d’alimenter 25% des établissements accueillant un public fragile. C’est seulement à la mi-janvier, lorsque les pharmacies locales qui alimentent les Ehpad recevront les fameuses doses, que la vaccination massive commencera: plus de 71% des 7000 Ehpad de l’hexagone se fournissent en médicament auprès d’une pharmacie indépendante et le gouvernement a voulu que le même circuit soit utilisé pour la vaccination contre le Covid.

Les Allemands loin devant

“On a toujours parlé du 15 janvier” assure ainsi au HuffPost Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. D’ici là, les pharmacies qui fournissent les Ehpad sont chargées de coordonner au niveau local le nombre de doses nécessaires à chaque établissement, puis de définir une date de livraison avec l’Agence régionale de santé (ARS) et le médecin chargé d’administrer le vaccin. Pourquoi alors faire commencer la campagne aussi tôt ? “Je pense qu’il y a eu un coup d’accélérateur au niveau européen” se risque le responsable. “Ils ont voulu montrer qu’ils étaient capables d’avancer en même temps.”

C’est donc à partir de la mi-janvier que la campagne marchera à plein régime, le pied ne devant alors jamais lâcher l’accélérateur si le gouvernement veut atteindre son objectif d’un million de personnes vaccinées en février. C’est à ce moment-là seulement qu’il conviendra de faire un véritable premier bilan de la stratégie vaccinale française par rapport à ses ambitions affichées. 

La comparaison avec nos voisins risque néanmoins de toujours être en notre défaveur: l’Allemagne s’attend à livrer entre 3 et 4 millions de doses... d’ici à la fin du mois de janvier. Cela équivaut à jusqu’à 2 millions de personnes déjà protégées par la double vaccination, soit largement plus que dans l’hexagone.

Un premier bilan fin janvier

Si “rattrapage” il y a, ce sera plutôt avec nos grands voisins du sud de l’Europe. En Espagne, le gouvernement a promis 350.000 doses par semaines à partir de courant janvier, soit un total de 4,5 millions de doses à la fin du mois de mars, pour un total de 2,3 millions de citoyens immunisés (par deux injections) à la fin de cette première phase.

En Italie, les objectifs affichés dépassent là encore légèrement les ambitions françaises: le gouvernement de Giuseppe Conte s’attend ainsi à vacciner deux millions de personnes d’ici la fin février, puis encore quatre millions et demi jusqu’au 1er avril.

À l’horizon du mois de janvier, l’idée que la France aura “rattrapé” ses voisins dépend donc de la référence retenue et de l’idée même que l’on se fait d’un rattrapage. Si la Grande-Bretagne, ayant commencé deux semaines plus tôt sa campagne vaccinale, est hors catégorie, il est clair que la longueur d’avance prise par Berlin ne devrait pas se réduire au début de 2021.

L’hexagone devrait se placer en revanche dans la moyenne de ses voisins du sud d’ici le début du mois de février: à cette date, la distribution des vaccins aux pharmacies devrait marcher à plein régime, et le choix français d’un démarrage lent sera à même de prouver son efficacité pour les mois suivants... ou non. 

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