A écouter : voici pourquoi l'ep de la rentrée est signé Ikaz Boi

Après la parution de Brutal I & II, deux mixtapes qui asseyaient le potentiel commercial – mais toujours exigeant – des productions d’Ikaz Boi, c’est avec un virage à 180° que le producteur yonnais nous revient en signant Paradise, un tout...

A écouter : voici pourquoi l'ep de la rentrée est signé Ikaz Boi

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Après la parution de Brutal I & II, deux mixtapes qui asseyaient le potentiel commercial – mais toujours exigeant – des productions d’Ikaz Boi, c’est avec un virage à 180° que le producteur yonnais nous revient en signant Paradise, un tout nouvel ep. Toujours servi par un casting à se damner (CJ Fly du label de Joey Bada$$, Bonnie Banane, Laylow et Zed), Paradise délaisse pourtant l’efficacité qui caractérisait les deux premiers volumes de Brutal et propose un versant plus médidatif de sa musique. Exit donc les productions syncopées de Strip Club ou les apparitions d’Ateyaba, Damso et Hamza, Paradise lorgne définitivement sur une certaine idée l’apaisement.

Si Brutal I & II s’envisageaient déjà comme des manifestes à la versatilité de leur auteur, Paradise explose l’horizon d’attente que le début de carrière d’Ikaz Boi nous laissait entrevoir. Croisé en 2016 aux côtés de Myth Syzer sur l'excellent ep Cerebral, puis chez les plus gros noms du rap (Quavo, Niska, 13 Block) comme les plus confidentiels (TripleGo), Zaki abandonne l’ambiance viciée – glanée chez la paire 21 Savage/Metro Boomin période Savage Mode – de ses débuts et flirte sans honte avec un r’n’b plus organique.

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Beat tape

Dans un premier temps envisagé comme une beat tape (une mixtape purement instrumentale), Paradise s’adjoint pourtant les services de quelques-uns des noms les plus excitants de la scène française. Mais, à la manière d'un Frank Ocean qui utilisait son luxueux casting (Beyoncé, Kendrick Lamar, Yung Lean…) sur l’indépassable Blonde, Ikaz Boi dispose de ses invités comme autant d’instruments venus habiller ses productions.

Si la pièce centrale de l’ep, Phantom of the Paradise, laisse plus de latitude à Laylow, auréolé de succès depuis la parution de son album Trinity, Paradise est un autel à la gloire des toplines, ces mélodies de voix souvent esquissés en yaourt dans les premiers temps d’un morceau. De la collaboration avec Laylow à Atlas avec Zed (13 Block), les invités sont moins présents pour leurs qualités intrinsèques de rappeurs que pour participer d’un même effort à élever les productions d’Ikaz par leurs voix distinctives.  Entre les vocalises de Bonnie Banane, le franglais marmonné de Laylow et Zed ou les ad-libs de CJ Fly, tout participe de cette vision et contribue à créer ce bijou d’hybridation entre beat tape intimiste et projet collaboratif.

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Un fantôme dans la machine

Longtemps obsédé par les samples insidieux tendances Mask Off de Future et les sons électroniques et glitchés déjà à l’épreuve sur 4K avec Triplego, Ikaz Boi ralentit donc la cadence sur Paradise. Une tendance et des velléités r’n’b qu’il avait pourtant déjà amorcées en clôture de Brutal I avec le bien nommé R&B Super Jam.

Sans perdre de leur superbe, la machinerie rutilante et les trésors d’ingénierie de Brutal I & II, se parent ici d’un son plus organique et moins évident. A cet effet, la grisante démonstration de force des premiers projets a laissé place à plus d’expérimentations et de déconstructions : les changements d’instrus quasi-systématiques, la talk box à la Close To You de Stevie Wonder sur Phantom of the Paradise ou encore les nappes synthétiques noyées de reverb d’Interlude et Atlas. Des envies de musique plus organique dont atteste tout simplement la scène de vie quotidienne samplée en clôture de l’ep.

Si, dans le futur, Ikaz Boi reviendra certainement à la musique qui l’a fait connaître, cet aparté de six titres en apesanteur est cristallisé par la référence au film de Brian De Palma servant de motif au morceau central du disque : Phantom of the Paradise, sorti en 1974. Fondé sur la dichotomie entre un producteur génial mais maléfique, Swan, et Winslow, songwriter tout aussi brillant mais condamné à se faire vampiriser son talent brut par le premier, Phantom of the Paradise illustre à merveille la dualité d'Ikaz Boi. Car si l’alliance de Laylow et Bonnie Banane fait de véritables miracles sur le morceau en question, ce qu’il illustre est le talent d’Ikaz Boi à pouvoir endosser, à l’envi, le costume du sensible Winslow et de retrouver aussi vite son imparable efficacité de producteur à la manière de Swan.

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