À Locarno, Netflix ouvre le bal avec “Beckett”, porté par John David Washington

C’est sous l’égide du géant du streaming que s’est ouvert la 74e édition du Festival international du film de Locarno, avec la projection en avant-1ère mondiale de Beckett, 10 jours avant son arrivée sur Netflix. Un choix qui peut sembler curieux...

À Locarno, Netflix ouvre le bal avec “Beckett”, porté par John David Washington

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

C’est sous l’égide du géant du streaming que s’est ouvert la 74e édition du Festival international du film de Locarno, avec la projection en avant-1ère mondiale de Beckett, 10 jours avant son arrivée sur Netflix. Un choix qui peut sembler curieux – ou au contraire opportun – à l’heure où un projet de taxe contraignant les plateformes de streaming à investir dans la production audiovisuelle fait débat en Suisse. Mais le choix de ce thriller comme film d’ouverture se justifie aussi par le parcours de son réalisateur, l’Italien Ferdinando Cito Filomarino, révélé en 2010 à Locarno grâce à son court métrage Diarchia, avec en vedette Louis Garrel et Alba Rohrwacher.

Cauchemar éveillé

Proche de Luca Guadagnino (qui produit le film), Cito Filomarino signe ici son second long, 6 ans après Antonia, biopic consacré à la poétesse italienne Antonia Pozzi (inédit en France). Avec Beckett, le cinéaste de 34 ans change d’échelle et propose un thriller tendu et lointainement hitchcockien, porté par la performance athlétique de John David Washington (BlacKkKlansman, Tenet), une nouvelle fois impressionnant. Il y incarne un touriste américain, le dénommé Beckett, visitant la campagne grecque avec sa compagne April (Alicia Vikander). Le couple file le parfait amour (malgré une 1ère dispute laissée hors champ) jusqu’à ce qu’un accident de voiture cruel (il s’endort au volant) ne vienne transformer la vie de Beckett en cauchemar éveillé.

>> À lire aussi : “Stévenin, il rabâche jusqu’à rendre l’impossible possible” : Stéphanie Granel se souvient du cinéaste

April meurt sur le coup. Lui se réveille dans un hôpital de campagne où un flic du coin prend sa déposition. Et le cauchemar peut commencer : au lieu de le protéger, ledit flic tente de le liquider. Beckett parvient à s’échapper mais devient soudainement, sans savoir pourquoi, l’homme à abattre. S’organise une chasse à l’homme suffocante, dont on apprendra peu à peu le motif, d’abord dans les montagnes isolées de la Grèce continentale, puis dans les artères fourmillantes d’Athènes, où Beckett tentera de rejoindre l’ambassade américaine. 

A mi-chemin entre le film de complot (on pense aux Trois jours du Condor de Sydney Pollack) et le survival nerveux, Beckett s’appuie sur sa mise en scène léchée pour offrir une 1ère heure réussie où l’on suit les tribulations montagnardes de l’infortuné Beckett, rescapé de la mort multirécidiviste et marathonien malgré lui. On peut compter sur les prouesses athlétiques de John David Washington (qui pourrait concurrencer Tom Cruise dans le game des courses à pieds les plus cinégéniques) pour assurer le spectacle.

Thriller honnête

Hélas, à mesure que l’intrigue se dénoue, faisant la lumière sur la mystérieuse conspiration, le film déraille quelque peu. Du survival éreintant et bien troussé, on passe au film de machination un peu vain (et fort commun) qui se leste d’un sous-texte social et politique lourdingue, faisant lointainement (ou alors maladroitement) écho à l’actualité. 

>> À lire aussi : Maurice Pialat de retour au ciné : son oeuvre en 4 motifs

Si l’on se réjouit de quelques scènes de courses-poursuites savamment chorégraphiées, d’une bande-son atmosphérique (signée Ryuichi Sakamoto) qui longtemps entretient le trouble et de la performance quasi-olympique de John David Washington, Beckett n’est pas le thriller à énigmes (du genre à vous faire fondre le cerveau) qu’on aurait pu espérer, mais un honnête thriller, plus commun que ne le suggère sa 1ère heure. 

Après une ouverture avec le désormais traditionnel “toudoum” qui accompagne le logo Netflix (c’est une 1ère), reste à savoir quelles autres surprises nous réserve cette édition 2021 du festival italien, qui a pour elle quelques arguments de poids : un western érotico-poétique signé Bertrand Mandico (After Blue), un film de guerre d’Abel Ferrara avec Ethan Hawke (Zeroes and Ones), une comédie dramatique d’Axelle Ropert avec Léa Drucker et Philippe Katerine (Petite Solange), mais aussi des courts métrages signés Yann Gonzalez ou Alexis Langlois, le 1er long d’Émilie Aussel (jeune cinéaste française remarquée pour ses courts) et, on l’espère, quelques chocs pas encore anticipés, du genre à vous faire fondre le cerveau, ou au moins la rétine. 

Beckett de Ferdinando Cito Filomarino, avec John David Washington. Disponible en streaming sur Netflix dès le 14 août.