“Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu”, la Gaule en berne

Comment s’y prend-on pour réussir un Astérix ? La recette n’est pas aisée et même inconnue, dans la mesure où l’opération n’a été réussie qu’une seule fois, et dans un relatif irrespect du cahier des charges puisqu’Alain Chabat avait essentiellement...

“Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu”, la Gaule en berne

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Comment s’y prend-on pour réussir un Astérix ? La recette n’est pas aisée et même inconnue, dans la mesure où l’opération n’a été réussie qu’une seule fois, et dans un relatif irrespect du cahier des charges puisqu’Alain Chabat avait essentiellement fait de son Mission Cléopâtre un plateau d’humour Canal à alibi gaulois (ce qui n’avait d’ailleurs pas plu à Uderzo, qui préférait carrément le Claude Zidi, mais passons).

Depuis, personne n’a vraiment essayé de faire un Astérix, mais tout le monde a essayé de refaire un Mission Cléopâtre, c’est-à-dire une comédie d’aventures reposant entièrement sur les guests et les parodies référentielles. Ce n’est pas totalement un outrage aux albums eux-mêmes truffés de sosies et de clins d’œil à leur temps (Guy Lux, les Beatles, Sean Connery etc.), mais c’en est quand même un dans la mesure où les deux héros ont pratiquement disparu de leurs propres aventures – sortes d’obligations embarrassantes de films qui ne savent pas quoi en faire et d’acteurs (à l’exception de Depardieu, qui n’a jamais honte de rien, et surtout pas d’Obélix) qui ne savent pas comment les jouer. 

Star system

Or voilà donc Guillaume Canet, aussi improbable réalisateur qu’interprète de cet Astérix qu’il ne voulait justement pas jouer (il préférait César, comme Chabat), aux commandes d’une superproduction pharaonique qui pour toute réponse à ce problème persistant ne propose qu’une fuite en avant : plus de guests, plus de moyens, promo quasi messianique (“si ce film ne marche pas”, après moi le déluge). Mais de ce trop plein, à l’écran, que reste-t-il ? Des 634 personnalités (Orelsan, Angèle, Chicandier, Bigflo et Oli…) recrutées pour plus de seconds rôles qu’un·e lecteur·trice assidu·e ne saurait citer de personnages d’Astérix, ne subsiste en moyenne qu’une réplique de huit secondes (Laura Felpin, McFly et Carlito), voire pas de dialogue du tout (Ragnar le Breton). Certaines saynètes sont, quant à elles, si inabouties qu’elles échappent à la compréhension – à moins que quelqu’un·e ne se dévoue pour nous expliquer cette parodie d’Il était une fois en Amérique qu’il nous semble bien avoir vue entre Vincent Cassel et Bun Hay Mean.

Un film sans idée

Après s’être bien gaussé à échanger des idées par texto avec Lellouche, puis avoir envoyé un mail groupé à tout le star system français (“venez, on va bien se marrer !”), Canet s’est vraisemblablement rendu compte, un peu pendant le tournage, surtout sur sa table de montage (où il a charcuté 95 % de ses propres idées – il doit sûrement exister un director’s cut de 3h24 quelque part chez Pathé, sans vouloir vous faire peur), qu’il n’avait aucune idée d’où il voulait emmener tout ce beau monde. Il doit sans doute le savoir et s’en inquiéter, ce qui se ressent au niveau de son interprétation d’Astérix, totalement dépressive : sevrage de potion magique (et références insistantes à l’addiction), crise de virilité à tous les étages, on est bien loin de la “Gaule” de Clavier.

Mais quand bien même quelques acteur·trices s’en tirent nettement mieux que d’autres (Jonathan Cohen, José Garcia…), on sort tout de même un peu agacé par cette espèce de blockbuster suédé qui s’autorise le bâclage complet, à l’abri de prétextes commodes (c’est une farce, c’est pour les enfants, enfin pas tout à fait, mais pas tout à fait pour les adultes non plus…). On peut à la limite l’excuser, tant il est vrai que les meilleures comédies sont des réunions de copain·ines (et au fond ce n’est que ça : Les Petits Mouchoirs avec une moustache), mais merci à l’avenir de ne pas prétendre par-dessus le marché sauver le cinéma français.

Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu de Guillaume Canet – En salle le 1er février