Beauvau de la Sécurité: Castex tente encore de corriger le tir après les déclarations de Macron à Brut

POLICE - ”Je vais vous le dire: ça a été très mal pris.” Ce lundi 1er février, alors que s’ouvrait à Paris le Beauvau de la Sécurité, vaste consultation de la police et de la gendarmerie visant à faire évoluer les pratiques et à améliorer les...

Beauvau de la Sécurité: Castex tente encore de corriger le tir après les déclarations de Macron à Brut

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Ce lundi 1er février, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ont officiellement ouvert le Beauvau de la Sécurité.

POLICE - ”Je vais vous le dire: ça a été très mal pris.” Ce lundi 1er février, alors que s’ouvrait à Paris le Beauvau de la Sécurité, vaste consultation de la police et de la gendarmerie visant à faire évoluer les pratiques et à améliorer les conditions de travail des forces de l’ordre, une ombre persistait chez plusieurs représentants syndicaux. 

Si la participation et la volonté de changement du Premier ministre Jean Castex et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont été saluées, plusieurs de leurs interlocuteurs ont néanmoins rappelé une vieille rancœur. 

Le 4 décembre dernier, dans la foulée du passage à tabac de Michel Zecler et de la violente évacuation des réfugiés de la place de la République, Emmanuel Macron s’était en effet exprimé au micro de “Brut”, admettant pour la première fois le terme de “violences policières” et reconnaissant l’existence de racisme au sein des forces de l’ordre. 

“Lâchés, reniés, désavoués”

Une sortie dont ne sont toujours pas remis plusieurs représentants syndicaux. “Les policiers ont besoin d’un réarmement moral, d’être soutenus au plus haut niveau de l’État, et ce n’est pas l’impression qu’on a eue ces derniers mois”, a notamment lancé Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie-officiers.

“Lorsqu’il est allé chez un média alternatif reprendre des éléments de langage du décolonialisme et de l’indigénisme, en laissant croire à une partie de la population qu’il y aurait quelque chose de systémique et notamment du racisme dans notre institution, ce n’est pas du tout en adéquation avec ce que vivent nos collègues sur le terrain”, a déploré le représentant syndical. 

Un registre sur lequel l’a appuyé Grégory Joron, secrétaire général délégué du syndicat Unité SGP Police. “La police nationale est en souffrance, sa base est  désabusée, en colère même face aux sorties et déclarations politiques qui ont exacerbé notre sentiment d’être lâchés, reniés, désavoués”, a-t-il asséné face aux membres du gouvernement et aux élus locaux réunis pour cette ouverture du Beauvau. Et d’ajouter: “Il n’y a rien de pire pour la police que d’être la variable d’ajustement exerçant un rôle répressif au gré des volontés politiques pour ensuite se le voir reprocher.” 

“Le soutien complet de l’État”

Des propos anticipés par Jean Castex, qui avait, dès son discours introductif, assuré que les “forces de sécurité intérieures ont tout mon soutien et mon plus profond respect”. Le chef du gouvernement ajoutait aussi qu’il était donc fondamental “que personne ne puisse faire pression sur les policiers ou les gendarmes, ou les désigner à la vindicte”, et qu’il était nécessaire que l’usage de la force -“lorsqu’il est nécessaire”- soit compris comme légitime par la population.

Mais après les sorties des deux syndicalistes, Jean Castex a décidé d’être encore plus explicite dans son soutien aux forces de l’ordre, continuant encore d’écoper, deux mois après les propos d’Emmanuel Macron. 

“Il peut y avoir des agissements anormaux, répréhensibles. Les reconnaître et vouloir les sanctionner, et mieux encore les prévenir, c’est notre devoir commun. Il ne faut pas s’installer dans un déni”, a donc repris le Premier ministre après les représentants syndicaux. “Et je voudrais être particulièrement clair avec vous tous: la position des pouvoirs publics, du gouvernement, du président de la République est parfaitement claire. Nous savons parfaitement que l’immense majorité des forces de sécurité intérieure respectent les lois de la République. Et à ce titre elles bénéficient du soutien complet de l’État.”

“La France, plus que jamais, a besoin d’autorité”

“Ce ne sont pas que des mots: nous avons confiance en vous, nous avons besoin de vous, et quand je dis nous, c’est l’État et le peuple de France, la population française”, a poursuivi Jean Castex, faisant naître quelques hochements de tête au sein de l’assistance. “Avec le chef de l’État, nous avons une très forte confiance dans les forces de sécurité intérieure et une pleine conscience de la haute difficulté que revêt votre mission au quotidien. C’est pourquoi, plus que jamais, il faut chercher à fédérer, rassembler, unir.”  

Lors de sa conclusion, après pratiquement trois heures d’échanges, Jean Castex est une dernière fois revenu sur cette idée, faisant de la sécurité un chantier prioritaire pour son gouvernement, Emmanuel Macron et la majorité. “Oui, il y a la crise sanitaire”, a-t-il déclaré, “mais on voit bien ici qu’il y a aussi une urgence vis-à-vis de la sécurité. Le virus n’altérera pas la volonté du gouvernement et du chef de l’État de lutter contre cette urgence.” 

Pour le locataire de Matignon, le Beauvau de la Sécurité doit d’ailleurs servir d’étendard à cette volonté politique. “La méthode est très importante: vous devez essayer de faire consensus. Ou en tout cas de montrer que sur des questions graves, on est capables de trouver des solutions.” 

“L’autorité de l’État est absolument indispensable, et il faut qu’elle soit juste, claire, efficace”, a terminé Jean Castex. “La France, plus que jamais, a besoin d’autorité, à tous les niveaux de la société.” Une chute qui semble poser les bases de futurs échanges plus apaisés entre police, élus et exécutifs. 

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