Chaîne du médicament: il faut un pilotage stratégique avec un haut-commissaire aux produits de santé

Si la crise sanitaire a mis en lumière de nombreuses difficultés dans le champ de la santé et du médicament, elles ne sont en vérité pas nouvelles. La France du médicament fait face à des difficultés majeures: pénuries croissantes de médicaments,...

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Des employés travaillent sur une ligne de production dans l'usine de la multinationale pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) à Saint-Amand-les-Eaux, dans le nord de la France, le 3 décembre 2020, où sera fabriqué l'adjuvant des vaccins contre le Covid-19. (Photo by FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images)

Si la crise sanitaire a mis en lumière de nombreuses difficultés dans le champ de la santé et du médicament, elles ne sont en vérité pas nouvelles. La France du médicament fait face à des difficultés majeures: pénuries croissantes de médicaments, perte de vitesse en matière de recherche, déclin de notre pays dans la production de médicaments et dans l’accès des patients aux innovations thérapeutiques…

Le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) avait permis, en 2018, de prendre quelques 1ères mesures pour redonner à la France sa place en Europe. Celui de 2021 présente aujourd’hui de nouvelles recommandations pour définir un schéma d’orientation “Santé-Innovation 2030”. Ces propositions doivent être ambitieuses pour situer notre pays au cœur de la révolution technologique et thérapeutique du médicament, de la chimie vers les biotechnologies.

 

L’absence de pilotage stratégique et le fonctionnement en silos des administrations affaiblissent considérablement la position de l’État face aux industriels.

 

Les simples ajustements ne suffiront pas à répondre aux différents enjeux, qui concernent tout à la fois la recherche, la production et l’accès des patients aux innovations. Aussi, nous appelons les pouvoirs publics et l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament à changer en urgence de modèle.

Il faut rapidement mener une politique volontariste. Aujourd’hui, l’absence de pilotage stratégique et le fonctionnement en silos des administrations affaiblissent considérablement la position de l’État face aux industriels. Outre de nécessaires mesures de simplification, il est indispensable d’avoir une gouvernance unifiée avec un haut-commissaire aux produits de santé. Ce chef d’orchestre de la politique du médicament en France coordonnerait les différentes administrations et construirait une véritable stratégie. Il faut par ailleurs absolument renforcer les moyens humains et l’expertise des acteurs publics.

L’urgence passe aussi par un soutien public à la recherche fondamentale en santé plus ambitieux et massif. Les chercheurs français doivent compter sur un engagement fort de la part de l’État, faute de quoi ils poursuivront leur exode vers des terres –en Europe ou ailleurs– plus accueillantes, plus attractives et plus dynamiques. Il faut développer davantage les partenariats public/privé, en donnant une nouvelle impulsion à la recherche collaborative et en créant une culture commune de l’innovation en santé. Sur le modèle de ce qui a été fait à Boston, créons un méga-hub en santé, qui permettra de faire émerger un écosystème dynamique et performant.

 

Les chercheurs français doivent compter sur un engagement fort de la part de l’État, faute de quoi ils poursuivront leur exode vers des terres plus accueillantes.

 

Enfin, il nous faut lutter contre les pénuries différemment de ce qui a été fait jusqu’alors. Nous proposons d’instaurer un groupement à but non lucratif ou un réseau d’acteurs publics et privés, chargé de produire les médicaments essentiels soumis aux risques de rupture d’approvisionnement. Il ne s’agit pas de créer un pôle public, cela serait utopique. Nous invitons plutôt à nous inspirer des initiatives existantes à l’étranger, comme Civica Rx aux États-Unis où cinq organisations, représentant 450 hôpitaux, se sont organisées au sein de la société pharmaceutique à but non lucratif pour prévenir et corriger la pénurie de certains médicaments, mais également remédier à la hausse des prix. Nous pensons qu’il faut accompagner avec vigueur la relocalisation d’industries pharmaceutiques en France et en Europe; le plan de relance doit nous le permettre.

 

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