Confinement: entre l'Île-de-France et la Nouvelle-Calédonie, deux stratégies opposées

CORONAVIRUS - Tout faire pour éviter la paralysie générale qu’a connue la France à partir du 17 mars 2020. Un an plus tard, malgré la “troisième vague” de coronavirus, le gouvernement rechigne à reconfiner, tout particulièrement la région Île-de-France,...

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(Photo d'illustration prise le 22 avril 2020 à Nouméa, deux jours après la levée du premier confinement)

CORONAVIRUS - Tout faire pour éviter la paralysie générale qu’a connue la France à partir du 17 mars 2020. Un an plus tard, malgré la “troisième vague” de coronavirus, le gouvernement rechigne à reconfiner, tout particulièrement la région Île-de-France, au vu des lourdes conséquences sociales et économiques de ce choix. Une stratégie aux antipodes de celle expérimentée depuis une semaine en Nouvelle-Calédonie. 

Pendant quasiment un an, la Nouvelle-Calédonie avait réussi à rester une zone “Zéro Covid” où le virus ne circulait plus. Jusqu’à ce 7 mars 2021 où 9 premiers cas de la maladie, hors quatorzaine, ont été recensés après une introduction du virus via la bulle sanitaire en place avec l’archipel voisin de Wallis et Futuna. Entre le 7 et le 17 mars, 23 cas de Covid-19 ont été recensés sur l’archipel. 

Le gouvernement calédonien, compétent en matière de santé au vu du statut autonome du territoire, a donc décidé unilatéralement des mesures fortes comme le confinement, déjà décrété une première fois en mars 2020, puis de nouveau dans les heures qui ont suivi la détection des cas apparus un an plus tard.

Le prolongement des mesures de confinement devrait être tranché ce jeudi 18 mars, s’il s’avère nécessaire. Car après une semaine, les données épidémiologiques sont rassurantes. Preuve que la stratégie porte ces fruits. 

Passer du rien au tout

Avant un hypothétique reconfinement (le week-end ou toute la semaine), la région parisienne, elle, sera passée par tous les états. Interdiction des rassemblements et de certaines activités, couvre-feu à 20h puis 18h, fermeture progressive des centres commerciaux, transfert de patients pour désengorger les hôpitaux surchargés... Ces dernières semaines, tout a été essayé pour freiner la propagation du coronavirus sans reconfiner en Île-de-France.

En vain: le taux d’incidence dépasse désormais les 400 cas pour 100.000 habitants et sur BFMTV mardi 16 mars, le chef du gouvernement Jean Castex a fini par admettre que oui, “le moment est venu pour envisager des dispositions pour la région francilienne”. Quelles seront ces dispositions? Il faudra encore attendre un peu pour connaître l’arbitrage final mais un confinement le week-end est définitivement “sur la table”. 

Il aura donc fallu des semaines pour que le gouvernement envisage, avec moult précautions et réserves, la manière forte pour près de 12 millions de personnes.  En Nouvelle-Calédonie où vivent moins de 300.000 habitants, qu’il s’agisse du premier ou du deuxième confinement, la décision a été prise sitôt la confirmation de l’existence de cas sur l’archipel. 

Dès l’officialisation des premiers cas de Covid le dimanche 7 mars 2021, Thierry Santa, président du gouvernement, a annoncé d’emblée “un confinement strict de la population à partir de lundi soir pour deux semaines dans l’objectif clair de casser la transmission du virus tant qu’il en est encore temps”.

En 24h, les Calédoniens sont donc passés d’une vie normale, sans restriction sanitaire - à l’exception des frontières fermées -, à ce qui correspond à un confinement strict en France hexagonale. 

Confinement “strict et contrôlé”...

Pas de demi-mesure. Qu’il s’agisse de celui instauré entre le 25 mars et le 20 avril 2020 ou du deuxième toujours en cours, les autorités calédoniennes ont toujours fait le choix d’un confinement “strict et contrôlé pendant 15 jours pour casser la chaîne de contamination du virus par la suppression des contacts et des déplacements”.

Strict, c’est bien le terme: les déplacements individuels ont été interdits sauf dérogations; les rassemblements aussi, dans leur intégralité; les établissements culturels, bars et restaurants ont dû baisser le rideau, tout comme la plupart des commerces non alimentaires, avec quelques exceptions plus nombreuses que dans l’Hexagone mais bien identifiées.

La fermeture des établissements scolaires a été actée immédiatement. Seul “l’accueil des enfants de moins de seize ans des personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire” a été maintenu.

C’était aussi le cas en France hexagonale lors du premier confinement en mars 2020. Mais depuis, la stratégie d’Emmanuel Macron a complètement changé et les établissements scolaires sont présentés comme le dernier palier de la gestion de crise. Malgré le possible reconfinement en Île-de-France, le ministre gouvernement a répété ce mercredi par la voix de son porte-parole que fermer les écoles “ne fait pas partie de la base de travail des concertations”.

 

... mais plus court et plus efficace?

“Dans un modèle de ‘stop and go’, où vous alternez les phases de relâchement et de contrôle strict, si vous mettez en place les contrôles très tôt, ils seront plus fréquents mais dureront moins longtemps”.

Ces propos, que l’on doit à Samuel Alizon, directeur de Recherche au CNRS et spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses, reflètent exactement la stratégie calédonienne. 

Le premier confinement calédonien a duré moins de 30 jours - du 25 mars au 20 avril - alors que la France hexagonale est restée à l’arrêt pendant quasiment deux mois. Le deuxième est prévu pour durer 15 jours, et les chiffres après une semaine laissent à penser que la situation s’améliorera assez pour tenir ce délai. “Les chiffres que l’on a sont plutôt rassurants, il faut rester extrêmement prudent mais cette situation nous conforte dans la stratégie sanitaire que nous avons choisie”, a déclaré lundi 15 mars le porte-parole du gouvernement Christopher Gygès.

Ces résultats optimistes sont effectivement les preuves d’un confinement qui marche. Mais pas uniquement.

Territoire insulaire, la Nouvelle-Calédonie peut plus facilement gérer les entrées et sorties de voyageurs. Les compétences de son gouvernement lui offrent également plus de marges de manoeuvre que les départements français (hexagonaux comme aussi ultra-marins), comme de verrouiller les frontières avec une quatorzaine stricte à l’arrivée pour éviter tout risque de Covid importé. Les arrivées se font d’ailleurs en fonction de l’occupation des 600 places dans les hôtels où s’organisent les quatorzaines et les voyageurs ne peuvent sortir qu’après deux tests négatifs.

″Écraser une mouche avec un trente tonnes”

“Nous adoptons la stratégie ‘zéro Covid’ de nos voisins australiens et néo-zélandais qui a fait ses preuves. C’est un peu écraser une mouche avec un trente tonnes mais c’est une stratégie qui marche”, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Christopher Gygés.

L’idée d’une bulle sanitaire similaire à l’échelle de la France hexagonale, a fortiori pour une région aussi centrale que l’Île-de-France, semble hors de portée. En revanche, la stratégie d’un confinement dur mais court ne l’est pas. Elle est même recommandée depuis plusieurs mois par certains spécialistes, agacés des choix gouvernementaux.

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