Coronavirus: Face au variant indien, la France opte pour la stratégie de la porte fermée... avec ses limites

CORONAVIRUS - Prévenir plutôt que guérir. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé ce mercredi 26 mai que les voyageurs en provenance du Royaume-Uni seront placés en quarantaine à leur arrivée en France. Objectif: tenter d’empêcher...

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La France va imposer une quarantaine aux voyageurs en provenance du Royaume-Uni pour tenter d'endiguer le variant indien (photo d'illustration prise à Melbourne)

CORONAVIRUS - Prévenir plutôt que guérir. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé ce mercredi 26 mai que les voyageurs en provenance du Royaume-Uni seront placés en quarantaine à leur arrivée en France. Objectif: tenter d’empêcher le variant indien B.1.617 de prendre pied sur le territoire.

Outre-Manche, l’impact de cette nouvelle souche du coronavirus n’est pas encore clair. S’il est de plus en plus présent, son avantage évolutif (contagiosité accrue ou résistance aux vaccins) est encore loin d’être clair. Pour autant, difficile d’attendre une certitude scientifique pour agir, surtout à un moment où la baisse des indicateurs épidémiques du Covid-19 est réelle, mais fragile.

Mais si l’imposition d’une quarantaine peut-être utile, cette stratégie ne suffira clairement pas si le variant indien est réellement plus transmissible que le variant anglais du coronavirus, comme l’ont montré les précédentes vagues.

Le contre-exemple du variant anglais

En décembre dernier, le Royaume-Uni se confine pour la troisième fois face à une explosion de cas provoquée par un nouveau variant (V1, ou B.1.1.7). Dans la foulée, de nombreux pays européens, dont la France, ferment leur frontière avec le Royaume-Uni.

La suite montre bien que cette stratégie n’a pas été suffisante: le variant anglais, profitant de son avantage évolutif (également plus contagieux) sur la souche originale du coronavirus, s’est petit à petit propagé partout, entraînant de nouvelles vagues épidémiques. C’est ce que rappelle l’épidémiologiste Adam Kucharski, en partageant un graphique du New York Times qui cause de lui-même.

Pour comprendre, on peut également citer l’expérience britannique cette fois de la 1ère vague en février-mars 2020. Alors que les vols étaient suspendus avec la Chine, le coronavirus s’est introduit plusieurs fois au Royaume-Uni... via différents pays européens.

C’est ce qu’a pu récemment démontrer une étude publiée dans Science en février. De l’Italie à la France en passant par l’Espagne, le virus est rentré par de nombreuses portes dérobées.

L'origine des cas importés de coronavirus de janvier à avril 2020 au Royaume-Uni.

Aujourd’hui, le variant indien B.1.617 a déjà été séquencé dans plus de 53 pays et territoires, note l’OMS, y compris en France, alors même que de nombreux pays ont peu de capacités pour repérer les mutations du coronavirus.

Cela ne veut pour autant pas dire que fermer les frontières est une mauvaise idée, rappelait en décembre sur Twitter Emma Hodcroft, chercheuse à l’université de Bâle, spécialiste de la génétique des virus: “Il est plus simple [d’empêcher la nouvelle souche de se répandre] avec 10 personnes plutôt qu’avec 1000”.

Mais cela peut ne pas suffire. Pour contrôler un possible variant plus contagieux, il est nécessaire d’établir un suivi drastique de la circulation des différentes souches du coronavirus. Ce que le Royaume-Uni, qui séquence plus de génomes de virus que n’importe quel pays, sait très bien faire.

La France est-elle prête à gérer un tel scénario? Même si de gros efforts ont été entrepris depuis le mois de janvier, beaucoup de scientifiques n’y croient pas. Espérons que le variant indien ne nous donne pas la possibilité de réaliser un test grandeur nature de nos capacités d’anticipations sur les variants.

À voir également sur Le HuffPost: les mutations des virus expliquées en 2 minutes