Covid: du confinement serré au confinement hybride, pourquoi il est si difficile de trancher

SCIENCE - Cinquante nuances de reconfinements. Face à une épidémie de Covid-19 en hausse douce mais continue, Emmanuel Macron doit trancher dans les heures et jours à venir sur les nouvelles restrictions nécessaires pour freiner la propagation...

Covid: du confinement serré au confinement hybride, pourquoi il est si difficile de trancher

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SCIENCE - Cinquante nuances de reconfinements. Face à une épidémie de Covid-19 en hausse douce mais continue, Emmanuel Macron doit trancher dans les heures et jours à venir sur les nouvelles restrictions nécessaires pour freiner la propagation du coronavirus.

Si la possibilité d’un “confinement serré” a dans un premier temps été évoquée, les bruits de couloir évoquent maintenant un confinement “hybride” ou “adapté”. “Les enseignements des deux premiers confinements ont été tirés. Il faut aller vers une formule hybride, sans changer notre doctrine”, estime ainsi un proche du président cité par BFMTV.

D’un point de vue sanitaire, il est évident que des mesures strictes, à l’instar du premier confinement de mars, seraient les plus efficaces. Mais l’impact économique et social d’un tel choix, ainsi que son acceptation, pèsent dans la balance. Alors que 93% des Français étaient favorables au premier confinement et 67% au deuxième, ils ne sont aujourd’hui plus que 52% à le voir d’un bon oeil, selon un sondage Elabe.

À l’inverse, les chances sont faibles qu’un confinement allégé, similaire à celui de novembre, soit suffisant face au risque posé par des variants plus contaminants. Les différences entre ces deux confinements permettent de mieux comprendre les options possibles pour la suite.

Une question de mobilité

Pour réduire la circulation du coronavirus, il n’y a pas 36 solutions. Soit il faut réduire les risques d’infection, notamment via les gestes barrières, soit il faut tout simplement limiter les contacts entre individus. Cela peut passer par des ajustements, des restrictions limitées. Mais ceux qui ont été décidés ces derniers mois, du couvre-feu au protocole sanitaire dans les écoles, ne sont clairement pas assez efficaces. Et pour cela, le plus simple consiste à limiter les déplacements des individus et leur regroupement. C’est justement le but d’un confinement.

Mais il y a confinement et confinement. L’Inserm a régulièrement analysé l’évolution de la mobilité des personnes, en analysant les données géolocalisées des smartphones d’un échantillon de la population française. Dans deux études publiées le 18 novembre et le 3 décembre, les chercheurs ont comparé la baisse de mobilité provoquée par le premier et le deuxième confinement.

Si en mars, les déplacements ont chuté de 67% par rapport à la moyenne, les mesures annoncées par Emmanuel Macron le 28 octobre ont eu un effet bien moindre: 33% de baisse seulement.

Quel a été l'impact des deux confinements sur la mobilité des Français ? L'Inserm a réalisé plusieurs études sur la question. Ici, l'évolution globale de la mobilité de janvier à novembre.

 

La fermeture des écoles en question

Une des plus grandes différences entre ces deux confinements est évidemment la question de l’école. Si le débat se poursuit sur le rôle des enfants dans la propagation de l’épidémie, on sait aujourd’hui qu’il n’est pas nul, loin de là.

Plusieurs travaux publiés ces derniers mois vont en effet dans ce sens, même s’il est toujours difficile de faire la part des choses entre les différentes mesures, leur acceptation, ou encore les établissements ciblés (maternelle, primaire, collège, lycée, université).

“Il est difficile de démêler le rôle de chaque mesure, mais plusieurs éléments dans la littérature montrent qu’une des mesures les plus efficaces consiste à fermer les institutions d’éducation”, explique au HuffPost l’épidémiologiste Dominique Costagliola, directrice de recherche à l’Inserm.

Renforcer le télétravail

Logiquement, fermer les écoles devrait diminuer les déplacements des enfants, mais aussi des parents. Or, on voit bien que pour le 2e confinement, le travail n’a pas été autant la norme que pour le premier.

Peu d’études comparatives existent. Deux sondages de l’Ifop et de Harris ont posé cette question lors de ces deux périodes. Si 30% des actifs ont continué à se rendre sur leurs lieux de travail en mars, ils étaient 52% en novembre. Mais cette comparaison peut être scabreuse, car elle provient de deux sondages différents (la question ou l’échantillon sélectionné peut changer grandement le résultat).

Dans son étude, l’Inserm a réalisé une projection de la diminution du travail présentiel basé sur les données de mobilité. Comme on le voit dans le graphique ci-dessous, la baisse de mars est sans commune mesure avec celle de novembre, plus proche de ce que l’on a vu pendant les grandes vacances.

Quel a été l'impact des deux confinements sur la mobilité des Français ? L'Inserm a réalisé plusieurs études sur la question. Ici, l'occupation du lieu de travail dans le temps.

 

Incertitudes en cascade

Derrière ces deux grandes différences, de nombreux autres leviers sont accessibles, mais avec des données encore moins claires. Selon BFMTV, en dehors d’une prolongation des vacances scolaires, le gouvernement s’interroge sur la fermeture des commerces. 

Si les raisons économiques sont évidemment bien compréhensibles, difficile de savoir quel serait l’impact d’une ouverture encadrée, les commerces étant fermés dans les deux confinements précédents. Dans une étude de l’Institut Pasteur analysant les lieux de contaminations des Français et publiée le 17 décembre, les chercheurs ont noté que la fréquentation des commerces n’entraînait pas de hausse des contaminations.

Mais cette analyse a été réalisée à cheval sur la période de couvre-feu et de confinement, entre octobre et novembre. À l’inverse, une grande étude américaine de référence publiée en novembre montrait que si les commerces  étaient moins risqués que les restaurants ou les salles de sports, cela restait un lieu augmentant le risque de contamination. Ces travaux ont eux aussi des limites: réalisés sur la période de la première vague, ils ne prennent pas en compte l’efficacité du masque et des mesures de limitation des jauges.

En définitive, difficile d’y voir clair et de savoir quel levier aura le meilleur impact sur l’épidémie de Covid-19 sans être obligés de tous les actionner, risquant ainsi de perdre l’assentiment des Français. Mais des demi-mesures entraîneront inévitablement une hausse des chiffres de contamination et demanderont, in fine, de nouvelles restrictions plus drastiques. Une équation insoluble à laquelle Emmanuel Macron doit trouver une solution imparfaite au plus vite.

À voir également sur Le HuffPost: comment contrôler une épidémie, mode d’emploi