En Polynésie, Temaru, indépendantiste appelle à manifester contre les "193 crimes" de la France

OUTRE-MER - Un appel à la mobilisation générale contre les “193 crimes commis par l’État”, ces 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie entre 1966 et 1996. Il est lancé par le leader indépendantiste polynésien Oscar Temaru, après la parution...

En Polynésie, Temaru, indépendantiste appelle à manifester contre les "193 crimes" de la France

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Les Polynésiens commémorent le 1er essai nucléaire le 2 juillet 2007 (Photo d'illustration) 

OUTRE-MER - Un appel à la mobilisation générale contre les “193 crimes commis par l’État”, ces 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie entre 1966 et 1996. Il est lancé par le leader indépendantiste polynésien Oscar Temaru, après la parution d’une enquête sur l’exposition des populations à la radioactivité, publiée mardi. 

Une enquête du média d’investigation en ligne Disclose, juge la radioactivité reçue par certains Polynésiens “deux à dix fois supérieure” aux estimations du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), suite aux six essais nucléaires les plus contaminants. 

Cette enquête intitulée “Toxique” estime aussi que l’ensemble de la population polynésienne a pu être touchée, soit 110.000 personnes à l’époque des essais atmosphériques.

Dans un communiqué, le CEA s’est défendu, point par point, d’avoir sous-évalué le niveau de radioactivité dans son rapport publié en 2006 par le ministère de la Défense.

“L’analyse de ces articles montre que, si des différences existent entre les mesures utilisées par leurs auteurs et par le CEA, ces différences n’induiraient pas de modification significative des doses auxquelles la population de Polynésie française a été exposée”, a affirmé l’organisme public.

Il manque, selon lui, dans l’enquête “Toxique” des précisions sur certaines données, comme la “radioactivité dans les aliments”, “ce qui ne permet pas au CEA d’expliquer” l’écart entre les calculs des doses reçues par les Polynésiens.

Interrogé par l’AFP, le CEA a affirmé que s’il devait refaire les calculs, “la méthode utilisée serait la même aujourd’hui qu’à l’époque”, soulignant notamment avoir bien pris en compte l’eau de pluie consommée par la population, contrairement à ce qu’affirme Disclose.

Rassemblement pacifiste le 17 juillet

Oscar Temaru a invité les Polynésiens à un rassemblement pacifiste le 17 juillet, date anniversaire de l’essai nucléaire Centaure en 1974, le tir jugé le plus dangereux pour les Polynésiens.

Il a souhaité, dans un communiqué vendredi, que la France reconnaisse “sa faute”. En 2018, il avait déposé une plainte pour crime contre l’humanité contre la France auprès de la Cour pénale internationale.

L’enquête de Disclose a provoqué des réactions indignées d’autres élus polynésiens.

“C’est la preuve éclatante d’un mensonge d’Etat”, a déclaré le député Moetai Brotherson, proche d’Oscar Temaru. “Je ne pouvais pas imaginer qu’un président de la République pouvait nous mentir et nous tromper”, a commenté Gaston Flosse, président de la Polynésie française à l’époque des essais nucléaires et ami de Jacques Chirac.

Les sénateurs Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch, autonomistes proches du président de la Polynésie française Edouard Fritch, ont déposé une question écrite à la ministre des Armées. 

Ils appellent le gouvernement ”à faire toute la lumière sur ces publications” et demandent “des mesures adaptées et efficientes pour répondre aux attentes des victimes des essais nucléaires”.

Virulence des réactions politiques 

Edouard Fritch a de son côté dénoncé la “virulence” des réactions politiques locales. “Lorsqu’on dit que c’est passé de 2 à 4 millisieverts et qu’on n’en a déclaré que 2: attendez, lorsqu’on voit les autres accidents nucléaires, que ce soit à Fukushima ou à Tchernobyl, on n’est pas dans l’ordre de la dizaine. Donc est-ce que ces gens qui écrivent ces livres aujourd’hui, qui veulent se payer l’Etat, pensent au Polynésien qui entend tout ça et qui angoisse ?”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Plus haute autorité de l’Etat en Polynésie française, le haut-commissaire Dominique Sorain a réfuté tout mensonge de la France.

L’enquête de Disclose “s’appuie sur des archives qui ont été déclassées, ce qui montre qu’on a accès à un certain nombre de données”, a-t-il déclaré. “Il n’y a pas d’élément fondamentalement nouveau dans ce qui a été montré, si ce n’est des affirmations, mais ce sont des affirmations qui doivent reposer sur des bases scientifiques, et il faut qu’il y ait des réponses précises, techniques, sur ces sujets”.

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