La 1ère "guerre" de l'histoire n'a pas eu lieu

PREHISTOIRE - Des projectiles partout et des lésions jusqu’à l’os. Découvert dans les années 1960, le complexe funéraire de Jebel Sahaba, dans la vallée du Nil au Soudan, avait tout d’un cimetière de guerre. La 1ère de l’histoire - ou de la...

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Le massacre le plus vieux du monde était en fait le résultat de petits conflit répétés dans le temps à cause d'un changement climatique. Photographie des individus JS 20 et 21.

PREHISTOIRE - Des projectiles partout et des lésions jusqu’à l’os. Découvert dans les années 1960, le complexe funéraire de Jebel Sahaba, dans la vallée du Nil au Soudan, avait tout d’un cimetière de guerre. La 1ère de l’histoire - ou de la préhistoire, à en croire les 1ères analyses des ossements, vieux de 13 millénaires.

En réalité, point de guerre ni de massacre, mais plutôt une succession de raids et d’embuscades entre plusieurs chasseurs-pêcheurs-cueilleurs, conclut une nouvelle analyse menée par des scientifiques du CNRS et de l’Université Toulouse, publiée ce jeudi 27 mai dans la revue Scientific Reports.Une violence exacerbée par des changements climatiques, suggèrent les auteurs. 

De 2013 à 2019, une équipe d’anthropologues, de préhistoriens et de géochimistes a réexaminé les ossements de 61 des individus enfouis à Jebel Sahaba. Les chercheurs voulaient déterminer quelles lésions avaient été causées par l’action du temps sur les cadavres. 

Une centaine de nouvelles lésions ont été découvertes. Avec elles, des traces de cicatrisation. Là, le bât blesse. Ces plaies refermées indiquent que cette population a subi une violence répétée, espacée dans le temps, ce qui ne correspond pas avec une guerre unique, qui concentre les victimes. 

Lacérer et faire saigner la victime

“Ces nouvelles données révèlent en outre que la majorité des lésions a été produite par des projectiles composites, des armes de jet (flèches ou lances) composées de plusieurs pièces tranchantes. [...] La présence de pointes diversement taillées, avec des variations dans l’orientation du tranchant, suggère que l’objectif était de lacérer et faire saigner la victime.” explique le CNRS, dans un communiqué. 

Ainsi, les hommes préhistoriques qui vivaient dans cette région du Soudan actuelle ont mené des attaques répétées dans le temps, sporadiques. Des embuscades et des raids - ce qui ne correspond pas à une “guerre”, un terme considéré dans l’étude comme un événement unique impliquant un grand nombre victimes. 

Qu’est-ce qui alimentait cette tension persistante sur ce territoire privilégié, où habitaient de nombreux individus, comme en témoigne la concentration des sites archéologiques de cultures différentes?

D’importants changements climatiques

À l’époque (le Néolithique), d’importants changements climatiques surviennent. C’est la fin de la dernière période glaciaire et le début de la période humide africaine. Les températures, les éléments, la faune et la flore sont bouleversés. Les environs de Jebel Sahaba auraient été une zone refuge, estiment les chercheurs. Une oasis où les ressources se font de plus en plus rares, en raison du nombre de personnes qui souhaitent les exploiter. 

“La compétition pour l’accès aux ressources est donc probablement l’une des causes des conflits dont témoigne le cimetière de Jebel Sahaba”, avance le CNRS. Cette analyse modifie notre compréhension de la violence à la préhistoire et invite à reconsidérer d’autres sites de la même époque, selon les chercheurs. Dans une bien moindre mesure, ces conclusions invitent également à réfléchir aux conséquences d’un partage inégal de ce qu’offre la nature d’hier, comme celle d’aujourd’hui.

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