Le 13H de Jean-Pierre Pernaut penchait-il trop à droite?

TÉLÉVISION - Une nouvelle ère démarre à TF1, celle de l’après Pernaut. L’indéboulonnable présentateur du 13H a fini par faire ses adieux au JT, vendredi 18 décembre, après 33 ans de service. C’est Marie-Sophie Lacarrau, transfuge de France...

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TÉLÉVISION - Une nouvelle ère démarre à TF1, celle de l’après Pernaut. L’indéboulonnable présentateur du 13H a fini par faire ses adieux au JT, vendredi 18 décembre, après 33 ans de service. C’est Marie-Sophie Lacarrau, transfuge de France 2, qui succèdera à Jean-Pierre Pernaut à partir de ce 4 janvier, Jacques Legros assurant la transition. La nouvelle formule du journal de la mi-journée que la chaîne privée va bientôt mettre à l’antenne sera-t-elle aussi politisée que l’ancienne mouture très marquée à droite? 

Admettant du bout des lèvres un côté “un peu provocateur”, la figure historique de 13H n’a jamais assumé ses partis pris politiques. “Je la cultive l’image du réac’ mais ce n’est pas le réac’, c’est le mec qui est attaché à des racines, à des cultures régionales”, a récemment expliqué le vétéran du JT. En septembre sur LCI, Darius Rochebin éprouve des difficultés à le situer politiquement, contrairement à un PPDA “vaguement jeune giscardien” ou à une Anne Sinclair “plutôt de gauche”. L’intervieweur suisse lui demande donc s’il se sent “conservateur” et doute que le présentateur du 13H ait déjà voté pour “l’extrême gauche”. “Qu’est-ce que vous en savez?”, réplique Jean-Pierre Pernaut dont le nom figurait en 1983 sur... une liste UDF-RPR aux municipales d’Amiens. “Fidèle à sa volonté d’édulcoration, il précise en 2018 dans L’Express: “En position non éligible, pour défendre le vieil Amiens”.

“Le 13H de TF1 est-il de droite?”, demandait l’émission de France 5 “Médias le mag” à ses téléspectateurs en octobre 2009. Si la question d’une sensibilité droitière de Jean-Pierre Pernaut se pose, légitimement, c’est que les indices ne manquent pas. L’ancien présentateur 13H a assuré dans un documentaire diffusé à l’issue de son dernier journal n’avoir jamais été “un relais du pouvoir”, ni n’avoir “jamais fait de remarque sur la vie politique” dans son JT mais une série d’archives démontrent le contraire, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article

Pernaut porte-parole du gouvernement Fillon? C’était la thèse de Laurent Ruquier, en novembre 2007 dans “ONPC”, qui relevait un commentaire partisan du journaliste. “La mobilisation syndicale contre la réforme se heurte depuis plusieurs semaines à la volonté très claire du gouvernement de créer un système plus équitable en matière de retraites. C’était dans le programme de Nicolas Sarkozy, il a été élu en partie pour ça”, proclamait en effet celui qui prétend aujourd’hui n’avoir jamais fait de remarque politique dans son JT.

Pernaut le doigt sur la couture du pantalon? En 2011, Jean-Pierre Pernaut refuse, comme Nicolas Sarkozy, de prononcer le mot “rigueur” alors que la plupart des JT et des commentateurs n’hésitent pas à employer ce mot tabou pour le pouvoir en place. À l’exception d’un malencontreux lapsus, le présentateur du 13H de TF1 préfère évoquer un “plan d’économies” et des “mesures pour adapter le budget à la croissance”, ne risquant pas ainsi de froisser Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, Jean-Pierre Pernaut affirme pourtant n’avoir jamais été un “relai du pouvoir”.

Reproches en direct à ses équipes

En février 2016, le journaliste reprend à son compte les éléments de langage des sarkozystes après la mise en examen de l’ancien chef de l’État pour le financement résumé illégal de sa campagne présidentielle de 2012. Et en mars 2018, le présentateur du 13H reproche en direct à ses équipes d’avoir sélectionné “des images de poignées de main entre Nicolas Sarkozy et le colonel Kadhafi” sans intégrer d’autres images, celles “des frappes aériennes françaises qui ont abouti à l’échec et à la destruction du régime de Kadhafi”, dans un sujet consacré à une nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy pour un présumé financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007.Une sélection partisane de l’info? En octobre 2009, une blague, perçue comme raciste, prononcée par Brice Hortefeux fait la une de l’actualité.

Plus récemment, en avril 2019, Jean-Pierre Pernaut a carrément repris dans sa voix les arguments du réquisitoire prononcé le matin même sur RTL par Laurent Wauquiez, alors président des Républicains, qui s’en prenait à la synthèse du Grand débat faite par le Premier ministre en place, Édouard Philippe. 

Mais le 13H de TF1 sera un des rares JT à ne pas évoquer la polémique suscitée par les propos du ministre de l’Intérieur. “Il ne s’agit pas d’une information”, se justifiait Jean-Pierre Pernaut. Le médiateur de la rédaction de TF1, lui, s’étonnait de “cet oubli”, tout en indiquant qu’“un sujet complet sur cette polémique sera diffusé dans le 20H”.

Hors JT, Jean-Pierre Pernaut, directeur adjoint de l’information de TF1, a partagé en 2015 sur sa page Facebook un article, publié par un site d’extrême droite, titré “La France rurale est plus pauvre que la banlieue mais on n’y brûle pas de voitures...”. À la même époque, le présentateur du JT de TF1 relaie également “des articles de sites complotistes ou des dessins largement relayés par l’extrême droite”, comme le relevait BuzzFeed.

De Facebook à son JT, le journaliste a sauté le pas? “Plus de place pour les SDF, mais en même temps, les centres pour migrants continuent à ouvrir”, cette transition entre deux reportages prononcée par Jean-Pierre Pernaut au journal télévisé de 13H de TF1 le 10 novembre 2016, a provoqué un “rappel à l’ordre” du CSA. En août 2010, on croyait déjà entendre les mots de Marine Le Pen dans la bouche de Jean-Pierre Pernaut. “Une immigration [Roms], vous le savez, liée à une délinquance qui s’est beaucoup développée ces dernières années”, déclarait le journaliste. Une affirmation contestable, comme le rappelait le site Arrêt sur images.

“Le 13H de TF1 est-il de droite?”. C’est en tout cas ce que pensaient 83% des téléspectateurs interrogés par France 5 en octobre 2009. Un score sans appel qui ne surprenait guère, comme en témoignent les rires sur le plateau à l’annonce des résultats.

À voir également sur Le HuffPost: À quoi ressemblait la télé française lors du 1er JT de Jean-Pierre Pernaut