Le crabe aux pinces bleues menace la biodiversité en Occitanie

NATURE - Une espèce particulièrement agressive et vorace menace la biodiversité: le crabe aux pinces bleues. En Occitanie et plus largement en Méditerranée, il prolifère et met en danger d’autres poissons ou animaux des lagunes. “Ça me dégoûte...

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NATURE - Une espèce particulièrement agressive et vorace menace la biodiversité: le crabe aux pinces bleues. En Occitanie et plus largement en Méditerranée, il prolifère et met en danger d’autres poissons ou animaux des lagunes. 

“Ça me dégoûte !”, lâche Jean-Claude Pons, debout sur sa petite barque, lorsqu’il remonte ses filets débordant de crabes bleus, une espèce agressive et vorace, originaire des Etats-Unis, qui pourrait en finir avec les anguilles qu’il pêchait depuis 40 ans dans l’étang de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales).

Arrivé probablement en Europe dans les cales de navires de marchandises, ce crabe aux pinces bleues, déjà connu en Espagne, a été repéré pour la 1ère fois dans cet étang en 2017. 

Depuis, il n’a cessé de proliférer au détriment des poissons ou d’autres crabes, voire de canetons de la lagune qu’il n’hésite pas à attaquer. Il fait partie des 100 espèces les plus invasives de Méditerranée.

Pour l’instant, la menace semble localisée, mais il est impossible de savoir ce qu’il en sera dans les années qui viennent, d’autant que ce crabe dont la carapace peut atteindre les 23 cm de diamètre est capable de faire 15 km par jour à la nage et a déjà causé des dégâts jusqu’en Albanie. 

Biodiversité menacée

“C’est un enjeu pour la biodiversité en Méditerranée. Ce serait une catastrophe économique s’il arrive sur les zones de conchyliculture, déjà touchées par le réchauffement climatique”, souligne Samuel Cohen-Salmon, ambassadeur du Pacte pour le climat de l’Union européenne, dont le rôle est de mettre en avant des acteurs de terrain protégeant l’environnement.

Pour Thierry Auga-Bascou, du Parc naturel marin du Golfe du Lion, ce crabe, présent dans une moindre mesure dans d’autres étangs, comme celui de Leucate (Aude), a probablement peu de chances de proliférer en milieu marin.
En revanche, il pourrait le faire dans d’autres lieux plus comparables à l’étang de Canet, notamment en Petite Camargue, poursuivant ainsi sa progression en Méditerranée.

Yves Rougé, un autre pêcheur engagé bénévolement dans la lutte contre cette prolifération, montre avec dépit quelques anguilles ou soles tuées par les pinces de l’intrus, avant de les jeter à l’eau pour le grand bonheur des mouettes, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.

Pour lui, il faudrait “des moyens pour éradiquer” le crabe bleu de l’étang de Canet. “Ici, ce crabe n’est pas à sa place. Aux États-Unis, la faune marine est différente. Il a ses prédateurs et ses parasites qui l’empêchent de se multiplier de cette manière explosive”, note Pascal Romans, chercheur à l’Observatoire océanologique du CNRS à Banyuls-sur-Mer.

D’autant que cette prolifération, conséquence directe de la mondialisation, a pu aussi être favorisée par “la pollution, le changement climatique et la surpêche qui ont fragilisé” le milieu marin de la Méditerranée, selon le chercheur.

Entre 500 et 2.000 crabes bleus par jour

En tout cas, au lieu d’un ou deux spécimens par jour en 2018, Jean-Claude Pons et Yves Rougé, originaires de familles de pêcheurs depuis des générations, capturent actuellement entre 500 et 2.000 crabes bleus par jour dans l’étang de Canet.

Et pratiquement plus aucune anguille, une espèce dont la pêche est une tradition. “Il n’y a pas que l’écologie. Il y a aussi l’économie, la situation sociale ou l’image du territoire” qui sont affectées par cette prolifération, note encore Samuel Cohen-Salmon. 

Et le développement d’une filière régulière visant à vendre sur le long terme ce type de crabe afin qu’il soit consommé, comme c’est déjà le cas de manière massive dans d’autres latitudes, ne semble pas une option retenue par les pêcheurs, ni les chercheurs.

Déblocage de fonds

Pascal Romans et Thierry Auga-Bascou jugent possible de le vendre temporairement pour obtenir des fonds et financer la lutte contre sa prolifération mais considèrent que ce serait une erreur d’en faire une source de revenus pérenne, comme c’est le cas en Tunisie.

À l’instar d’autres personnes réunies ce matin-là au bord de l’étang à l’initiative de Samuel Cohen-Salmon pour alerter sur la situation “catastrophique” dans la lagune et, plus largement, sur les risques de la poursuite de la progression de ce crabe en Méditerranée, ils jugent nécessaire le déblocage rapide de fonds publics.

Ils pourraient permettre de rémunérer les pêcheurs prêts à “donner un gros coup” au nouveau venu afin de limiter sa présence. Dans ce but, Jean-Claude Pons et Yves Rougé ont déjà conçu des filets spécifiques assez résistants pour que ces crabes ne les coupent pas, mais permettant aux poissons d’y échapper.

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