Les protections hygiéniques gratuites pour les étudiantes, une mesure sociale et de santé publique

RÈGLES - Dès la prochaine rentrée scolaire, les protections périodiques seront gratuites pour les étudiantes. C’est ce qu’a annoncé ce mardi 23 février la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en brandissant une mesure supplémentaire...

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La dépense pour les protections se situe entre 5 et 10 euros par mois pour 46% des étudiants.

RÈGLES - Dès la prochaine rentrée scolaire, les protections périodiques seront gratuites pour les étudiantes. C’est ce qu’a annoncé ce mardi 23 février la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en brandissant une mesure supplémentaire de lutte contre la précarité des jeunes, particulièrement touchés par les conséquences sociales de la crise Covid.

Dans les prochaines semaines, 1500 distributeurs de protections hygiéniques devraient être installés dans les résidences universitaires, les Crous et les services de santé universitaires. Ces protections, qui seront “respectueuses de l’environnement”, sont aussi une vraie nécessité pour les étudiants.

En France, un budget de 5 millions d’euros était déjà alloué par l’État pour lutter contre la précarité menstruelle. Destiné principalement aux personnes incarcérées, aux sans-abri, aux collégiens et aux lycéens, ce fléchage ne concernait pas les étudiants, pourtant l’un des publics les plus précaires en France.

Comme nous le rapportions au début du mois, un tiers (33%) des étudiantes estimaient d’ailleurs avoir besoin d’une aide financière pour se procurer des protections périodiques, selon les résultats d’une étude menée par trois associations auprès de 6518 étudiants en France.

7% des étudiants en précarité menstruelle

Selon cette enquête, 13% des répondants déclaraient avoir déjà dû choisir entre des protections et un autre objet de première nécessité qu’ils n’ont pu acheter ou bien dont ils ont dû se passer afin de pouvoir s’offrir des serviettes, des tampons ou bien des coupes menstruelles.

7% des étudiantes interrogées se savent et se disent eux-mêmes en précarité menstruelle. Toujours selon cette étude, “1 étudiant menstrué sur 10 fabrique lui-même ses protections et 1 sur 20 utilise du papier toilette.”

Cette étude menée par la Fage, l’ANESF, l’Association nationale des étudiants sages-femmes, et l’Afep, l’Association fédérative des étudiants picto-charentais, avait pris en compte les minorités de genre. Voilà pourquoi elle spécifiait qu’il s’agit “des étudiants” et non pas “des étudiantes”.

“Des personnes ne s’identifiant pas comme femmes (personnes non-binaire, hommes transgenres, ou personnes ne se prononçant pas sur leur genre) peuvent avoir leurs règles”, précisent ces associations. Les personnes citées représentent 3,24% des sondés.

La précarité prédispose au choc toxique

Si la pauvreté augmente l’inconfort, elle fait aussi prendre des risques graves. En effet, conserver sur soi une protection périodique trop longtemps, pour en utiliser le moins possible, notamment les tampons et les coupes menstruelles, peut mener au syndrome du choc toxique. 

En effet, ces protections engendrent une stagnation du sang dans le vagin. L’environnement est alors très favorable à la multiplication d’une bactérie de la famille des staphylocoques dorés, qui va sécréter une toxine se diffusant dans le sang, s’attaquer à nos organes (foie, reins, poumons, etc.) et dans les cas les plus extrêmes, engendrer un dysfonctionnement des organes, entraînant un coma, voire un décès. 

En moyenne, il faut savoir que la “dépense pour les protections se situe entre 5 et 10 euros par mois pour 46% des étudiants. Pour la moitié des étudiants viennent s’ajouter d’autres dépenses (médicaments antidouleurs, achat de vêtements, sous-vêtements, literies), allant jusqu’à plus de 20 euros par mois”.

Des frais en plus

À ces frais annexes s’ajoutent ceux liés aux maladies gynécologiques, comme l’endométriose. “Les symptômes les plus fréquents sont les douleurs pendant les règles et/ou les rapports sexuels ainsi que l’infertilité. Les douleurs pendant les règles sont le symptôme le plus fréquent, entraînant des dépenses en médicament plus importantes. Ces douleurs peuvent aussi aller jusqu’à empêcher d’aller à l’université, au travail ou de mener une quelconque activité. Des rendez-vous médicaux sont nécessaires, avec des examens comme des imageries par résonance magnétique (IRM) ou encore une opération”, pointe l’étude. Cela peut augmenter la précarité chez les étudiants concernés. 

La précarité menstruelle ne se limite pas qu’à la période de saignement, le syndrome pré-menstruel (SPM) engendre aussi des coûts. C’est l’ensemble des symptômes que l’on peut voir apparaître avant les menstruations, il se termine spontanément avec le début des règles ou dans les quelques jours qui suivent.

Vers le lavable?

Alors, pourquoi ne pas se tourner vers les protections lavables et réutilisables? Parce que là encore, elles sont trop chères. Si elles font gagner de l’argent sur le moyen terme, il faut être en mesure de s’en procurer un nombre suffisant, en sachant que la pièce coûte au minimum 10 euros.

Ainsi, “32% des répondants utilisent des protections lavables, mais 68% d’entre elles et eux déclarent ne pas en avoir suffisamment pour une raison financière. 23% n’en possèdent aucune car le budget s’avère trop élevé et 13% car cela serait trop compliqué à entretenir.

L’Écosse en figure de proue

Quelles sont les solutions? Depuis le 24 novembre 2020, l’Écosse met à disposition un accès gratuit aux protections périodiques, estimé à une dépense d’environ 9,7 millions de livres, avec tampons et serviettes menstruelles à volonté. Les écoles, collèges, lycées et universités ont emboîté le pas du gouvernement en mettant ce matériel à disposition de tous. 

Enfin, certaines universités ont pris le pli d’organiser des distributions de protections périodiques gratuites, réutilisables comme jetables, ou d’installer des distributeurs de protections en libre-service avec des partenaires associatifs comme l’association “Règles Élémentaires”, qui collecte les dispositifs de protection. 

Les associations porteuses de l’étude demandaient à ce que ces dispositifs soient élargis à l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur ainsi que dans les résidences universitaires, afin de rendre les protections périodiques accessibles à tous. Il semblerait qu’elles aient été entendues.

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