Malgré la crise, la fatigue et la lassitude, personnels, élèves et profs tiennent le coup dans mon lycée

COVID - En ce moment, le mot à la mode dans la période que nous vivons est RETEX! Néologisme donc probablement issu d’un éclair, que dis-je d’une fulgurance provenant d’un cerveau d’un haut fonctionnaire de l’État. Apocalypse cognitive, pour...

Malgré la crise, la fatigue et la lassitude, personnels, élèves et profs tiennent le coup dans mon lycée

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C’est tout autant de santé

COVID - En ce moment, le mot à la mode dans la période que nous vivons est RETEX! Néologisme donc probablement issu d’un éclair, que dis-je d’une fulgurance provenant d’un cerveau d’un haut fonctionnaire de l’État. Apocalypse cognitive, pour paraphraser le titre de l’excellent ouvrage de Gérald Bronner… Depuis bientôt 1 an maintenant, nous vivons une période pour le moins singulière et l’école est devenue au fil des mois une sorte de cour des miracles. L’école peut tout, l’école sait tout et fait tout! C’est ce que la parole publique dit aujourd’hui! Mais je ne peux oublier que de nombreuses fois, les médias ont relayé l’idée que les enseignants étaient des fonctionnaires privilégiés: vacances, salaires, et même parfois les fainéants de la République!

À l’issue du premier confinement, les familles ont reconnu le rôle majeur au contraire des enseignants. Mais chassez le naturel, il revient au galop! Quelques heures supplémentaires par-ci, une prime informatique par là… finalement quelques miettes et fermez le ban!

Alors l’école aujourd’hui?

Je voudrais simplement vous dire comment je la vis, comment je perçois la vie du lycée dont j’ai la charge. Je choisis ces mots à dessein, car protocoles après protocole, infos glanées au fil des chaînes d’information en continu, vacances “anticipantes” à Noël…

Je pourrais multiplier les exemples de surcharges de la mission qui est la mienne en matière d’organisation, mais c’est d’humain et de pédagogie dont je voudrai vous parler. Car un établissement, c’est avant tout le désir d’apprendre, le plaisir de transmettre, la construction habile par les adultes, un peu comme des artistes d’un environnement visant à permettre aux jeunes de devenir des citoyens à part entière. Un lycée, c’est le lieu de toutes les intelligences, de toutes les adaptations et des souplesses, de beaucoup de possibles. Mais aujourd’hui, au moment où je vous écris, c’est un lieu, malgré l’innovation inouïe dont font preuve les enseignants en termes de pédagogie de projet, où la vie est masquée! “Sanitairement”, solidairement aussi certes, mais la “mutilation” qu’impose cette période est épuisante. Les sourires? Effacés! Les regards? Tellement moins expressifs!

Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous lestémoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!

Le lycée est aujourd’hui le seul lieu d’extériorisation, d’expression de ce que cette période impose! Plus d’activités sociales, culturelles ou sportives! Couvre-feu, couvercle, parfois rupture du lien social: le temps où les scooters, motos vrombissaient aux abords du lycée, des jeunes se retrouvant aux arrêts de bus ou à la terrasse d’un bar, sur un terrain de foot, de rugby ou dans une salle obscure de cinéma, celui des premiers émois adolescentes est bien loin!

Le lycée, une “micro-société”

Lorsque je parlais de cours des miracles, le lycée charrie aujourd’hui ce qui ne peut se vivre à l’extérieur! Le lycée est devenu une microsociété! J’ai le sentiment qu’il est le réceptacle des peurs, des irrationalités, des interrogations, des fragilités, de la fatigue accumulée…

Alors même si le plaisir d’être “le chef d’orchestre” demeure et irrigue mon quotidien, je perçois la lassitude, la fatigue de tous! Chacun donne, tout le monde offre le meilleur de soi, les enseignants font preuve d’un professionnalisme, d’un dévouement pour le bien commun assez extraordinaire! Les élèves, les étudiants sont au rendez-vous du territoire, comme les maîtres de stage, les collectivités, les familles! Ainsi, c’est tout autant de santé ”éducative, de santé “psychologique”, dont je tente de me préoccuper. Sans état d’âme, non sans sens critique, parfois avec un peu de fatigue… tous sur le pont, tous engagés dans le beau projet collectif de l’école pour que chacun réussisse…

Les jeunes? Ils méritent de la considération, car ils sont le sel de demain et font preuve pour la plupart d’une solidarité sans faille! Même si ce sacré virus leur vole une partie de leur jeunesse!

Les enseignants et personnels? Ils méritent le respect de la République pare qu’ils en sont la cheville ouvrière, comme tant d’autres, mais peut-être aussi un peu plus qu’hier! Je n’accepterai pas plus qu’hier d’entendre qu’ils sont des privilégiés!

Les familles? Exigeantes, inquiètes, mais qui ne le serait pas dans ces conditions?

L’humilité, chaque jour, est la ligne de conduite que je m’impose, avec un soupçon de bonne humeur et l’ambition de regarder vers demain. Dans les regards des jeunes que je croise derrière les masques, demeure la société de demain… la morosité, la lassitude, la fatigue doivent céder la place au désir d’école! Ce ne sera pas chose aisée, mais c’est notre nouvelle frontière à conquérir!

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