Pourquoi l'invasion au Capitole a remis en avant le concept de "white privilege"

CAPITOLE - Et si, en lieu et place de supporters pro-Trump, c’est à des militants de Black Lives Matter que les forces de l’ordre avaient dû faire face? Aux États-Unis, la question est sur toutes les lèvres alors que le Capitole a été envahi...

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CAPITOLE - Et si, en lieu et place de supporters pro-Trump, c’est à des militants de Black Lives Matter que les forces de l’ordre avaient dû faire face? Aux États-Unis, la question est sur toutes les lèvres alors que le Capitole a été envahi par des manifestants partisans de Donald Trump mercredi 6 janvier. 

La situation a vite dégénéré lorsque ces partisans ont réussi à pénétrer dans l’enceinte du célèbre bâtiment de la capitale fédérale. Certains ont pu poser poing levé dans l’hémicycle quand un autre s’est fait photographier les pieds sur le bureau de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre. L’un des partisans a même été aperçu le sourire aux lèvres en emportant un pupitre officiel.

Des images ahurissantes rendues possibles par un service d’ordre dépassé et qui ont souffert d’une cruelle comparaison avec de précédentes manifestations, comme celles de Black Lives Matter, où les forces de l’ordre avaient été autrement plus mobilisées, comme nous l’expliquons dans la vidéo ci-dessous.

“Quintessence du privilège blanc”

Très vite, deux mots ont ainsi pris le pas des discussions outre-Atlantique: “white privilege” ou, en français, “privilège blanc”. “La quintessence du privilège blanc! Comme c’est perturbant. J’en suis malade”, a par exemple tweeté Khloe Kardashian. 

“Imaginez le carnage s’ils n’avait pas été blancs”, a écrit de son côté l’acteur Chris Evans.

“Si ces gens étaient noirs, ils auraient tous été abattus”, a aussi souligné l’acteur Kevin Hart sur Instagram. “Pourquoi ne pouvons-nous pas envisager de gérer cette situation de la même manière que les nôtres ont été traités à plusieurs reprises?”, s’interroge-t-il. “Quand les policiers armés sont censés utiliser la force, ils ne le font pas. Merde, c’est triste.”

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Comme le rapportent nos confrères du HuffPost Québec, nombreux sont ceux qui, au-delà des célébrités, ont comparé les événements de la journée aux manifestations de Black Lives Matter, soulignant le fait que les autorités semblaient peu préparées, contrairement à ce qui aurait pu être mis en place face à une foule de manifestants noirs.

Le privilège blanc, c’est prendre violemment d’assaut et piller le Capitole, détruire le drapeau des États-Unis et le remplacer par un drapeau de Trump, puis être simplement renvoyé à la maison tout en ayant une équipe SWAT qui vous tient la main pendant que vous descendez lentement les escaliers.

Le privilège blanc en une photo.

Aux États-Unis, la notion de “white privilege” - le “privilège blanc”- est beaucoup plus répandue qu’en France. Comme l’expliquait déjà Slate en 2016, outre-Atlantique, ces privilèges sont largement débattus dans les médias et font l’objet de tribunes grand public.

Une notion qui s’est imposée aux États-Unis

L’une des premières apparitions de ce terme vient des années 30 mais le concept de “white privilege” a surtout commencé à gagner en notoriété à la fin des années 80 aux États-Unis. Peggy McIntosh, une chercheuse spécialisée dans les études autour du genre, publie en 1988 un article intitulé “Le privilège blanc et le privilège masculin: un point de vue personnel sur le fait de voir des correspondances dans les études sur les femmes”. Elle y donnait alors 46 exemples de “white privilege”, raconte le New Yorker qui a retracé l’histoire de ce concept. Un article qui a fait date et beaucoup réagir, car c’était l’une des premières fois que les différences de traitement entre les personnes noires et blanches étaient décrites aussi directement par une femme blanche.

Si le terme s’est imposé outre-Atlantique, le mot “privilège” demande parfois à être explicité pour être mieux compris. Ainsi, la philosophe Naomi Zack, interrogée dans le New York Times, précise en 2014: “Le terme ‘white privilege’ est trompeur. Un privilège est un traitement spécial qui va au-delà d’un droit. Ce n’est pas tant qu’être blanc confère un privilège mais que ne pas être blanc signifie être privé de ses droits dans de nombreuses situations. Ne pas avoir peur que la police tue votre enfant sans raison n’est pas un privilège. C’est un droit. Mais je pense que c’est ce que le ‘white privilege’ est amené à illustrer, que les Blancs n’éprouvent pas bien des inquiétudes que les non-Blancs, en particulier les Noirs, ont.”

Black Lives Matter

Sur le compte Instagram officiel du mouvement Black Lives Matter, on va encore plus loin que le concept de “white privilege” pour parler de “white supremacy”. “Ce que nous avons vu aujourd’hui est le résultat d’années de fabrication. De siècles, même. La présence et l’action décevantes des forces de l’ordre aujourd’hui étaient une représentation de la suprématie blanche qui ne permettra jamais à nos communautés noires d’être libres. N’échappons pas à la réalité à laquelle nous aurions dû faire face, nous le savons tous, s’il s’agissait de Noirs.”

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Dans un autre post, ils expliquent: “quand nous, personnes noires manifestons pour nos vies, nous sommes trop souvent accueillies par des troupes de la garde nationale ou des policiers équipés de fusils d’assaut, de boucliers, de gaz lacrymogènes et de casques de combat. Ne vous méprenez pas. Si ces manifestants avaient été noirs, nous aurions été gazés, battus, et peut-être tués.”

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Quatre personnes ont perdu la vie au cours de cette manifestation. L’une, Ashli Babbitt, a été grièvement blessée par balle dans des circonstances peu claires. Elle est décédée de ses blessures peu après. Trois autres sont décédées dans le secteur de la colline du Capitole, sans que les forces de l’ordre aient fait le lien entre ces décès et les violences pour le moment. Pour la première fois, Donald Trump a admis la fin de son mandat. 

À voir également sur Le HuffPost: Les images du chaos dans le Capitole à Washington