Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ? “Cloud Atlas” sur Canal+ Cinéma

Adaptée du roman Cartographie des nuages de David Mitchell, Cloud Atlas entremêle 6 espaces-temps où se jouent les aventures infimes et parfois décisives de personnages dont les destins seront liés par effet papillon. On passe sans raccord...

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Adaptée du roman Cartographie des nuages de David Mitchell, Cloud Atlas entremêle 6 espaces-temps où se jouent les aventures infimes et parfois décisives de personnages dont les destins seront liés par effet papillon. On passe sans raccord d’un cargo sur le Pacifique en 1848 à l’Amérique corrompue des années 70; du manoir d’un célèbre compositeur en 1936 au néo-Séoul de 2144. On navigue à l’aveugle entre les époques sous le murmure, en voix off, d’un vieux sage perdu dans les étoiles, “106 hivers après l’automne”.

Il faut entendre cet aveu, placé en conclusion du film, comme la dernière confession de ses autrices : Lily et Lana Wachowski (à qui se joint un nouveau complice, l’Allemand Tom Tykwer), deux cinéastes parmi les plus puissant.e.s d’Hollywood il y a 10 ans (lorsqu’elles mettaient un terme à leur trilogie Matrix), minées en 2008 par l’échec de Speed Racer. Manifestement, elles ont désormais renoncé aux masses et préfèrent concevoir des objets singuliers et complexes, sans s’occuper du nombre de spectateurs auxquels ils s’adressent.

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A chaque temporalité son genre

La SF néo-Blade Runner croise le thriller parano seventies à la Pollack/Pakula. La romance se teinte de screwball comedy dans une série de sketchs dont seule la somme importe et où un superbe personnage résume le cœur battant dans une lettre adressée d’outre-tombe à son amant : “Ma vie s’étend bien au-delà des limites. Toutes les limites sont des conventions qui attendent d’être transcendées.”

Voilà le secret de Cloud Atlas, ce qu’il dissimule sous ses grands airs métaphysiques : le récit d’un affranchissement, d’un rejet des genres, des orthodoxies, et de tout ce futur normé qu’incarne en 2144 une organisation oppressive baptisée Unanimity. Chacune des histoires qui composent le film vibre ainsi de la même pulsion libertaire : un esclave qui s’émancipe, un clone qui apprend son individualité.

Ce qui élève le long-métrage, bouleverse et électrise, c’est que cette part d’intimité se explique en usant de tous les artifices et postiches du cinéma, et surtout de cette idée géniale qui consiste à faire incarner aux mêmes acteurs plusieurs rôles différents dans une valse freak et transformiste. Comme Denis Lavant circulait entre ses nombreuses figurations dans Holy Motors, Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant et les autres interprètent ici une variété de personnages, recueillant dans un même corps la somme d’expériences multiples et illustrant le rêve d’une identité composite. Jusque dans sa forme, brillante, le film épouse cet idéal transgenre, prolongeant le geste de Speed Racer en faveur d’un cinéma délesté de ses normes, ouvert à toutes les hybridations.

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On retrouve là l’obsession des Wachowski pour un cinéma mouvant, en phase avec son époque. Dans sa densité folle, sa manière de bousculer les temporalités, son flux ininterrompu de récits et cliffhangers virant parfois à l’abstraction, Cloud Atlas condense à lui seul la puissance narrative d’une série moderne et constitue ainsi la plus belle réponse du cinéma américain à la télévision : un film mutant.

Cloud Atlas, de Lana et Lilly Wachowski et Tom Tykwer, diffusé ce soir sur Canal+ Cinéma, à 20h54