Rencontre avec le groupe Hoorsees qui sort un premier album lumineux

Impossible de louper Hoorsees, ce groupe flirtant volontiers avec les jeux vidéo, le pop punk encensé par la génération Z et ce qu’il reste des guitares électriques à l’heure du numérique. Leur premier album, disponible dès vendredi mais en...

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Impossible de louper Hoorsees, ce groupe flirtant volontiers avec les jeux vidéo, le pop punk encensé par la génération Z et ce qu’il reste des guitares électriques à l’heure du numérique. Leur premier album, disponible dès vendredi mais en écoute exclusive ici et maintenant, entérine les promesses lo-fi de Major League of Pain, l’ep qu’ils avaient pondu en 2019. Rencontre.


Bon, la bande, comment ça va ?

Zoé - On se fait chier !

Thomas - Ça commence à être long sans concert là…

Pourtant, à quelques jours de la sortie de votre premier album, l’excitation doit commencer à monter ?

Zoé - Ça fait un an et demi qu’on l’a enregistré donc oui on a hâte de le sortir !

Alex - L’effet confinement gomme un peu l’excitation. On a un peu l’impression de le mettre à la poubelle.

Zoé - C’est pas le moment idéal pour le promouvoir. On a quand même participé au New Colossus, un festival new-yorkais qui s’est déroulé en ligne la semaine dernière. On va également faire une vidéo pour Rough Trade en mars prochain. Mais on préférerait faire une vraie tournée.

Pensez-vous que cet album gardera des séquelles de la crise sanitaire ?

Alex - Je ne pense pas. Les morceaux sont antérieurs à cette période. On les a enregistrés en juin 2019 et ça fait longtemps qu’on les joue. On les a déjà bien poncés en concert.

Le titre Get Tired ferait un excellent début de BO pour cette période ! On vous colle souvent l’étiquette de “sad pop”. C’est la déprime qui fait tourner votre moteur ?

Alex - J’évite. Ça donne des chansons pas terribles quand c’est trop intense. J’essaie de nuancer.

Dans cet album émerge quand même une impression de solitude…

Alex - Oui, ce sont des démos que je fais tout seul dans une chambre donc c’est clairement pas l’orchestre symphonique ! C’est un peu un dialogue entre soi. Mais j’évite la catastrophe.

Concrètement, comment s’est déroulée la composition ?

Zoé - C’est Alex qui compose tout seul. Il propose toutes les parties de guitare, basse, batterie.

Nicolas - Après, on répète et on ajuste des détails.

Alex - Et on réenregistre tous ensemble avec notre ingé son.

>> À lire aussi : Celeste : “Je ne veux chanter que pour mon propre plaisir”

Quand on arpente ce long format, on a aussi l’impression de sauter en parachute. De Overdry ou Fuck Head émane un côté onirique. La musique est-elle est un exutoire pour vous ?

Alex - C’est un peu gênant de répondre à cette question sans être trop premier degré. Est-ce un exutoire ? Oui. Est-ce le seul ? J’espère pas ! Parce qu’en ce moment ça recouvre très peu de temps de faire des concerts.

Justement, comment palliez-vous ce manque de concert ?

Alex - Je mate des documentaires animaliers.

Thomas - Moi, j’ai Flight Simulator.

Nicolas - Je joue énormément de batterie dans ma chambre.

Zoé - Moi, c’est un peu compliqué. J’ai quitté mon taf en janvier 2020 parce qu’on commençait à tourner un peu plus. Je me suis dit que c’était le moment de prendre mes deux ans de chômage. Finalement, ça va faire un an et on n’est jamais reparti en tournée donc…

Alex - Ouais mais tu as pu jouer à la Switch !

C’est parfait pour faire des tournois de Mario Kart, dont on entend d’ailleurs le générique dans votre session acoustique de Videogames.

Thomas - Ouais, on a un peu lâché. Mais j’y jouais à fond sur Nintendo DS.

Alex - J’ai tout revendu ! Les jeux vidéo, comme le sport, m’inspirent pour écrire des chansons parce que ce sont des choses dans lesquelles je suis toujours mauvais.

Les jeux vidéo participent au côté adolescent de votre album ?

Zoé - On nous a souvent dit qu’il y avait un côté ado dans notre manière de jouer, voire maladroit. C’est un peu vexant…

J’entends plutôt par ‘adolescent’ le côté insouciant.

Nicolas - C’est étrange que cette impression ressorte si souvent alors qu’on ne la veut pas. On ne se dit pas qu’on va mimer des ados de 15 ans. On bosse beaucoup les titres en amont pour qu’en concert ça soit le plus propre possible. Je vois ce que tu veux dire mais je ne sais pas d’où ça vient.

Zoé - Sûrement de nos influences, de ce qu’on écoutait quand on était ado.

Les années 1990 et le shoegaze, par exemple, ça vous parle ?

Alex - Shoegaze, pas vraiment. Hoorsees, c’est beaucoup moins planant. Par contre, les nineties, ouais. J’adore Pavement et Weezer. En fait, les années 90 ont quelque chose de l’ordre du mythe car c’est la dernière décennie analogique, la grande époque des objets. Aujourd’hui, tout est dématérialisé. En musique, l’objet c’était la guitare et c’est difficile de la faire exister à l’ère du digital. Quand je compose avec ma guitare, c’est forcément lié à des choses déjà entendues. Mais sans fascination particulière pour les années 90.

Certes, on est tous nés dans les années 90 mais on a grandi à l’époque de Wassup Rockers et des baggy, donc nous c'est les années 2000. Mes groupes préférés c’était Sum 41 et Blink-182. Je n'écoute plus Sum 41 mais j’aime toujours autant Blink !

“Il y a un peu de ça aussi dans Hoorsees. Un mélange hybride comme quand on mixe pop et punk.”

Green Day aussi ?

Alex - J’aime bien le Green Day des années 90 pour le coup. Pas celui des années 2000. American Idiot je le trouve trop merdique.

Thomas - J’adore American Idiot, ça a été la porte d’entrée vers une musique à laquelle je ne connaissais rien. Puis, je suis remonté dans le temps avec Dookie. Pour moi, c’est toujours une sommité pop-punk.

Alex - Ouais je pense qu’il y a un peu de ça aussi dans Hoorsees. Un mélange hybride comme quand on mixe pop et punk.

Qu’est-ce qui vous plaît tant chez ces groupes ?

Alex - J’ai l’impression qu’on est marqué à vie par les premières choses qu’on a aimées, en termes de musique. Quand j’ai commencé à écrire des morceaux, je me suis naturellement tourné vers les premiers trucs que j’écoutais.

Vous ne vous identifiez pas forcément aux années 1990 mais dans vos clips Overdry ou Pitfall, vous reprenez l’esthétique des VHS. Pourquoi ?

Zoé - Parce qu’on n’a pas trop les moyens de faire des vidéos en haute définition. Les clips, c’est pas notre truc.

Alex - C’est une question de crédibilité esthétique. Avec ton iPhone 6, soit tu tentes le grain factice à l’image, soit tu tournes en bonne qualité. Nous, on a opté pour la méthode de branleurs : mettre un vieux filtre pourri et faire croire que c’est une VHS !

Zoé - Bon, Overdry c’était une vraie VHS… (rires)

Nicolas - Nos clips collent à l’esthétique de la musique. Mais ça reste la musique avant tout.

Vous avez l’air d’être des adeptes du D.I.Y. ?

Zoé - On ne fait que ça.

Nicolas - Ouais, on a touché 20000 balles d’avance de notre label (silence) Non, je déconne ! On n’a pas une thune. Donc, forcément, ça réduit les possibilités.

Alex - Le D.I.Y., c’est faute de mieux. On ne le revendique pas du tout. On peut pas faire autrement. Même pour les livestreams, en ce moment, c’est un scandale. Non seulement, on ne fait pas de concerts donc on n’a pas une thune. En plus, on nous propose de faire des livestreams où il faut payer des gens pour filmer et mixer ainsi qu’un studio. On est obligé de payer 1000 balles pour jouer.

“Le D.I.Y., c’est faute de mieux. On ne le revendique pas du tout. On peut pas faire autrement. Même pour les livestreams, en ce moment, c’est un scandale.”

Les artistes se retrouvent dans une situation où ils sont obligés de payer pour bosser.

Zoé - C’est ça. Tu peux faire des livestreams tout seul devant ta webcam. Mais nous, on veut tenter de reproduire l’expérience du concert. Un peu comme une captation live.

Nicolas - Comme tout le monde le fait, si on ne suit pas, on va passer à la trappe et rien sortir pendant six mois voire un an. Donc on est contraint de sortir des trucs.

Alex - Le système des livestreams est aberrant. Il n’y a pas d’équilibre entre les Rita Mitsouko qui font une captation live au Parc de Vincennes et nous… Ça crée un fossé entre les gens qui sont professionnels et ceux qui ne le sont pas.

Face à cette fracture, vous sentez-vous abandonnés ?

Zoé - Par rapport à Vianney, ouais !

Alex - Je me sens abandonné mais c’est un parti pris. À partir du moment où on décide à faire de la musique avec de la guitare en 2021, on sait qu’on va toucher personne. Tant pis pour nous. Mais une chose est sûre, les livestreams, ça tue une scène.

Sur cette scène parisienne actuelle, qui côtoyez-vous ?

Alex - Obi, le groupe de notre ingé son.

Zoé - En Attendant Ana. Ils ont sorti leur premier album avant le premier confinement donc ils n’ont pas vraiment pu le promouvoir. Sinon, on aime bien Marble Arch.

Alex - Keep Dancing, Bryan's Magic Tears. Et Seppuku aussi !

Zoé - Ouais, ils vont bientôt sortir un ep. On les avait invités à la release party du nôtre, il y a un peu plus d’un an. On aime beaucoup ce groupe.

“Mais oui, j’aime la télévision parce que ça ne cesse pas de mourir. Ce sont des gens qui se décomposent sous nos yeux.”

Pour revenir à votre premier long format, vous semblez avoir fait table rase et composé des nouveaux morceaux. Comment avez-vous construit cet album ?

Zoé - Alex a composé la plupart des titres vers 2018. On les jouait même avant que Nico et Thomas arrivent dans le groupe.

Alex - C’est un mélange entre des vieux trucs et des nouveaux morceaux. On fait des sessions où on trie et on garde que ce qui est cohérent. Par exemple, Pitfall est un des premiers titres que j’ai écrit pour Hoorsees en 2017 et enregistré en démo. Mais là, on a déjà enregistré notre deuxième album. Donc, le premier, on est pressé sans être pressé de s’en déba… le sortir ! (rires) Parce qu’on a envie de jouer avec du neuf.

Alex, est-ce que ton obsession pour la télévision influence encore ta musique ?

Alex - C’est vrai qu’à un certain moment, la télé était mon hygiène de vie. Mais aujourd’hui je ne regarde plus la télé, c’est trop déprimant. Je m’en suis séparé. Mais oui, j’aime la télévision parce que ça ne cesse pas de mourir. Ce sont des gens qui se décomposent sous nos yeux.

Sauf Michel Drucker…

Alex - Mais ouais ! (rires) On sait très bien que la télé n’a plus de raison d’être avec Internet. Pourtant, il reste certains sujets que la télé s’accapare et pas Internet. Genre RMC Découverte, MTV Tattoo ou les chaînes de combat. Mon coloc met souvent de la boxe dans le salon, sans le son.

En voilà de l’inspiration ! Votre album va sortir sur trois labels différents (Kanine aux États-Unis, Howlin Banana et InSilico en France et Europe). Comment s’est nouée cette triple collaboration ?

Zoé - On était en contact avec Kanine Records aux États-Unis et après nous avoir vus jouer la première fois au New Colossus Festival à New-York, ils étaient partants pour sortir l’album pour le territoire américain donc États-Unis, Canada et Amérique latine. On voulait aussi avoir un truc en France, évidemment. On a recontacté InSilico, avec qui on avait bossé sur Major League of Pain, notre ep paru en 2019, puis Howlin Banana. Ces labels nous aident à faire nos vinyles et, surtout, pour la presse.

Et l’avenir de Hoorsees, ça ressemble à quoi ?

Alex - On va peut-être reprendre la Dacia, un jour…

Nicolas - C’est la voiture de ma mère.

Alex - Ben non, c’est notre van !

Nicolas - Ouais, de plus en plus, c'est vrai.

Alex - C’est une Dacia Sandero que Nicolas conduit de manière… hasardeuse je dirais (rires) On a hâte de pouvoir reprendre la route et faire des concerts. Sinon, notre ingé son est en train de mixer le second album qu’on sera impatient de sortir aussi parce qu’il correspond plus à ce qu’on est aujourd’hui. Le plus dur pendant cette période, c’est de tenir. Si on tient jusqu’au bout, ce sera très bien !

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