“Sans un bruit 2” nous laisse sans voix
La 1ère fois que l’on a vu Sans un bruit 2, c’était dans une projection de presse début mars 2020. Deux ans après le succès surprise du 1er opus, ce sequel devait sortir au printemps. Et c’est peu dire que ce récit post-apocalyptique résonnait...
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La 1ère fois que l’on a vu Sans un bruit 2, c’était dans une projection de presse début mars 2020. Deux ans après le succès surprise du 1er opus, ce sequel devait sortir au printemps. Et c’est peu dire que ce récit post-apocalyptique résonnait fortement avec la peur collective d’une catastrophe en cours.
Ce monde à l’arrêt, ces humains précautionneux dans les plus infimes gestes quotidiens pour ne pas rompre le silence-barrière qui les protège des monstres, c’était une image délirée de ce qui allait suivre. Quinze mois plus tard, le film revient, vierge de toute vie en salle, identique à lui-même, alors que pour les rares personnes qui l’avaient découvert à sa 1ère éclosion, le monde s’est considérablement transformé tout autour.
Plus offensif et plus soutenu
Mais étrangement, le début du film résonne avec cette étrange expérience de retard à l’allumage. Les 1ères séquences de Sans un bruit 2 ne sont pas celles d’un sequel mais d’un prequel. Elles campent un monde déjà englouti lorsque débutait le 1er Sans un bruit. Le récit remet les compteurs à zéro et remonte à l’origine de la catastrophe, dans une petite ville américaine pas encore décimée par l’arrivée de ces aliens aveugles qui ne réagissent qu’aux sons émis par leurs proies.
Quelque chose se perd de la beauté chuchotée de l’original, mais Krasinski s’affirme comme un cinéaste d’action très habile
Au principe d’extrême confinement du 1er opus, où les personnages apprenaient à vivre cachés et mutiques, celui-ci oppose une logique plus offensive. La petite tribu part à la reconquête du dehors et de nouveaux·elles allié·es.
Les scènes d’action se succèdent à un rythme plus soutenu. Quelque chose se perd de la beauté chuchotée de l’original, mais Krasinski s’affirme comme un cinéaste d’action très habile, maniant avec une économie rigoureuse les codes de l’implicite et du stupéfiant.
Hors-champ chargé des puissances occultes
La plus belle idée de la franchise, qui trouve ici de nouvelles actualisations frappantes, tient d’ailleurs moins à l’injonction au silence qui frappe ses personnages humains qu’à l’invisibilité partielle de ses monstres. Alors que l’horizon paraît dégagé, il suffit d’un son pour que soudain l’un deux surgisse du hors-champ, jailli d’on ne sait où, et massacre tout ce qui vit à l’intérieur du plan. Comme s’ils étaient toujours déjà tapis bord cadre, indétectables à l’œil humain mais prêts à bondir, tramés en quelque sort dans une doublure du visible.
Là, juste à la bordure du cadre, un monde germe que rien ne saurait contenir
Il y a du Jacques Tourneur (on pense beaucoup au monstre omniscient de Rendez-vous avec la peur, 1957) dans cette façon de charger le hors-champ de toutes les puissances occultes. Là, juste à la bordure du cadre, un monde germe que rien ne saurait contenir.
Entre ceux qu’on ne voit pas (ou trop tard) et ceux qu’on n’entend pas (ou accidentellement), entre une image lacunaire et un son intermittent (soit la matière même du cinéma poussée à la défaillance), le cinéma fantastique n’avait pas depuis longtemps orchestré de combat aussi théorique.
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Sans un bruit 2 (E.-U., 2020, 1h37) de et avec John Krasinski, Emily Blunt, Millicent Simmonds et Cillian Murphy. En salle le 16 juin