Sous le charme d‘Hildegard, duo mystique à la musique organique

C’est un fait. Depuis mars 2020 et le confi’ 1, la moindre image de fête, de club, de danse, de foule et d’embrassade a le don de noyer le cœur dans une vague d’intense nostalgie, mâtinée – selon les jours – d’extase ou de colère. Le 1er clip...

Sous le charme d‘Hildegard, duo mystique à la musique organique

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C’est un fait. Depuis mars 2020 et le confi’ 1, la moindre image de fête, de club, de danse, de foule et d’embrassade a le don de noyer le cœur dans une vague d’intense nostalgie, mâtinée – selon les jours – d’extase ou de colère. Le 1er clip d’Hildegard – succession de plans sur des gens dansant et se roulant des pelles en club – a donc tout du rouleau compresseur émotionnel (âmes sensibles, ne pas s’abstenir, c’est cathartique).

Hildegard réunit deux Montréalaises : Helena Deland, dont l’inaugural Someone New (2020), mélange de folk, d’electronica et de pop, se classait dans notre top 10 des albums 2020, et la musicienne électronique et violoncelliste Ouri, maîtresse d’un r’n’b synthétique et futuriste. Le projet est simple et efficace : huit jours pour composer huit morceaux qui chacun porte un titre de type “jour + chiffre”.

Ainsi, le clip festif correspond au Jour 1, tandis que le second morceau, Jour 2, épouse le saisissant duo Helena Deland-Ouri sur “un mantra psychédélique qui travaille à réconcilier le moi dissocié en exposant le contraste entre l’étrangeté et la douceur”, disent-elles, en nous ôtant les mots de la bouche.

Que se passe-t-il lorsque deux êtres se rencontrent ?

Sensuelles expérimentations en lâcher-prise : ainsi pourrait-on résumer cet album aussi spontané qu’intrigant, tendre escapade dans une contrée aussi organique que légèrement métallisée, où le violoncelle embrasse l’électronique, le tout caressé par les voix mouillées et brumeuses d’Helena Deland et Ouri, des beats aériens et des influx mystérieux.

La réflexion menée par Hildegard repose sur la création même du duo : que se passe-t-il lorsque deux êtres se rencontrent ? Quelle magie opère entre ces deux corps, dans le secret du studio ? Quelle création naît de l’abandon ? Peut-on véritablement fusionner ?

D’où la référence affichée, brandie même, à Hildegarde de Bingen, compositrice, guérisseuse, poétesse et abbesse du XIIe siècle, mue par une modernité curieuse à s’intéresser aux corps comme aux sexes, à l’érotisme comme à l’astrologie, aux plantes comme à la musique, à une époque où les nonnes ne sont pas autorisées à chanter dans les églises.

Et notamment à l’album Chants de l’extase, interprété par Sequentia et paru chez Harmonia Mundi en 1994, dans un moment d’effervescence en mode redécouverte de l’abbesse. Interviewée par nos soins à la sortie de l’album, Laurence Moulinier, historienne spécialise de Hildegarde, analysait :

“A la fin du XIXe, Rémy de Gourmont, auteur du Latin mystique, parlait déjà de la fatigue de la fin de siècle. La fin du deuxième millénaire n’est pas pour rien dans le phénomène Hildegarde. On espère beaucoup d’une sainte peu connue, dont il y a beaucoup à apprendre. On veut voir en elle une espèce de touche-à-tout de génie, un remède universel. Peut-être son prénom, aussi : Hildegarde, pour des Français, c’est l’étrangeté absolue.” L’apparition d’un projet un poil mystique baptisé Hildegard, dans une période de grandes introspections et d’incertitudes, n’a certainement rien d’anodin…

Hildegard (Section1/PIAS). Sortie le 4 juin