Comment prendre soin de sa sensibilité par temps de crise - BLOG

BIEN-ÊTRE —Une crise, ça ne se planifie pas. Ça arrive sans crier gare! Par sa nature inattendue, elle nous prend au dépourvu et nous met sens dessus dessous. Contrairement aux changements que nous pouvons planifier en vue d’une amélioration...

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Lorsque la crise arrive et s’installe, elle peut générer, pour les plus sensibles d’entre nous, énormément d’angoisse, l’impression d’être pris au piège, la sensation d’être contraints et ne pas avoir de véritable choix. Et après de véritables pics de stress et des montagnes russes émotionnelles, entraîner une baisse conséquente d’énergie accompagnée d’abattement et de profond désespoir, comme si rien n’était possible et qu’on était seuls et abandonnés.

BIEN-ÊTRE —Une crise, ça ne se planifie pas. Ça arrive sans crier gare! Par sa nature inattendue, elle nous prend au dépourvu et nous met sens dessus dessous. Contrairement aux changements que nous pouvons planifier en vue d’une amélioration quelconque, la crise est largement redoutée, car elle a un caractère disruptif, qu’elle génère un sentiment d’urgence et que sa résolution est complexe et difficilement maîtrisable. De fait, nous appelons rarement les crises de nos vœux, mais celles-ci impactent certains plus fortement que d’autres.

En effet, la manière dont nous sommes en relation avec les bouleversements dépend en grande mesure de notre degré de sécurité intérieure et de notre niveau de sensibilité. Lorsque notre histoire individuelle, familiale et collective est jalonnée de blessures et de manques — que nous en soyons conscients ou pas —, notre système nerveux autonome en charge de veiller à notre survie peut prendre deux grands chemins pour prendre soin de nous et nous empêcher de trop souffrir. 

Soit il effectuera une sorte de court-circuitage, nous déconnectant de nos ressentis et de notre monde émotionnel pour éviter d’être affecté par de nouvelles souffrances. La devise de ce mode de fonctionnement pouvant être “Circulez! Y’a rien à voir!”. 

Soit il se réglera en mode “hypersensible”, en réagissant de manière très vive et intense face aux stimuli, pour prévenir tout risque éventuel afin de nous éviter de revivre des situations difficiles, quitte à ce que nos réactions soient disproportionnées par rapport à la situation présente. Le leitmotiv de ce mode serait “mieux vaut prévenir que guérir”.

Analyser la crise

Lorsque nous sommes réglés en mode “hyper” (vigilance, émotivité, tension, réactivité), les crises peuvent s’avérer un véritable cauchemar, car elles nous poussent dans nos retranchements, plus que quiconque, en nous enlevant les repères qui nous apportaient une forme de stabilité et de sécurité, et en remettant en question les stratégies que nous avions mises en place pour éviter d’être trop stimulés et submergés émotionnellement.

Lorsque la crise arrive et s’installe, elle peut générer, pour les plus sensibles d’entre nous, énormément d’angoisse, l’impression d’être pris au piège, la sensation d’être contraints et ne pas avoir de véritable choix. Et après de véritables pics de stress et des montagnes russes émotionnelles, entraîner une baisse conséquente d’énergie accompagnée d’abattement et de profond désespoir, comme si rien n’était possible et qu’on était seuls et abandonnés.

Pour couronner le tout, quand nous côtoyons ces espaces de détresse, nous pouvons éprouver beaucoup de honte de vivre tout cela, notamment si nous avons le malheur de nous comparer aux personnes qui ne sont plus vraiment connectées à leurs ressentis — pour les raisons évoquées ci-dessus — et qui ne semblent pas affectées par la crise avec la même intensité que nous. Par ailleurs, si tout au long de notre vie nous avons entendu que notre manière de réagir était excessive et inappropriée, le sentiment d’avoir quelque chose qui cloche chez soi peut être persistant et rajouter de la douleur à l’inconfort initial.

Si nous suivons les diktats de notre société moderne occidentale, nous pouvons rapidement croire que rester de marbre face à des évènements bouleversants est ce qui est le plus souhaitable. Et, en effet, la tentation de se couper de ces ressentis trop intenses et douloureux, nous reconnectant avec des blessures non intégrées du passé, peut être immense. Cela peut faire mal et surtout très peur de vivre pleinement les vagues de mal-être qui affluent lorsque la crise pointe le bout de son nez… ou qu’elle présente son visage entier!

D’ailleurs, c’est bien parce qu’il est si difficile d’être en présence de sa douleur que, quand nous sommes submergés par une émotion jaillissante trop encombrante, des parties à l’intérieur de nous mettent tout en œuvre pour nous en détourner, par tous les moyens imaginables: manger compulsivement, boire “quelques coups”, fumer, “scroller” sur les réseaux sociaux, acheter sans réfléchir, consommer des drogues, prendre des risques inconsidérés… Bref, tous ces comportements qui se sont mis en place au fil de notre vie pour nous apporter un soulagement temporaire, et qui malheureusement généreront du manque et nous nuiront d’une manière ou d’une autre sur le long terme — car ils ne répondent pas à nos besoins, mais sont des réactions. 

Il est très important de savoir que même si nous pouvons voir ces comportements addictifs d’un mauvais œil et nous en vouloir pour cela, si nous avons tant de mal à les lâcher c’est parce qu’ils ont une fonction bien précise et utile pour notre écologie intérieure: tenter de nous empêcher de souffrir (avec plus ou moins de succès).

S’écouter mieux

Ainsi, une des premières clés pour prendre soin de notre sensibilité est de regarder d’un nouvel œil ces comportements de distraction, que nous pouvons estimer répréhensibles par ailleurs, depuis d’autres instances à l’intérieur de nous. Vous savez? Ces voix jugeantes et implacables qui trouvent qu’on devrait se prendre en main, qu’on est lamentables, nuls, pas assez ceci ou trop cela. 

Et ces voix qui nous critiquent avec tant de hargne, elles aussi, ont leur rôle, tentant de prendre soin de nous et de nous protéger, même si elles s’expriment un peu — ou très — durement. Car, contrairement à ce que l’on peut imaginer, lorsqu’on interroge ces “parties” de nous un peu extrêmes on réalise vite que ce n’est pas de gaîté de cœur qu’elles jouent ce rôle pour nous. Ce sont les gardiens qui veillent, qui se sont mis en place pour nous protéger, il y a très longtemps. Et, s’ils continuent à jouer leur rôle c’est qu’ils estiment qu’ils sont obligés de le faire, autrement, selon eux tout partirait en vrille puisqu’ils sont persuadés que nous sommes restés de petits enfants démunis et sans ressources.

Il est donc essentiel, pour prendre soin de notre sensibilité, notamment en temps de crise où les voyants sont tous au rouge et que nous nous sentons submergés en permanence, d’apprendre à accueillir et à considérer avec respect les parties de nous qui s’agitent: celles qui éprouvent de la peur, voire de la terreur ou de la rage et qui sont restées coincées dans le passé avec les moyens du bord de l’époque, celles qui nous disent qu’on pourrait et devrait mieux faire, mais qui estiment qu’on est des incapables et qui nous trouvent inadéquats et aussi celles qui essaient d’endormir la souffrance en nous faisant adopter des comportements addictifs.

Si nous prenons le temps d’identifier ces parties et d’aller à leur rencontre en leur disant tout simplement “tiens! t’es là, toi, partie qui me fait faire du ménage comme une folle à chaque fois que j’entends les informations à la radio; ou partie qui me fait surréagir à un bruit croyant que c’est la fin du monde”, nous pourrons créer un nouvel espace à l’intérieur de nous, car nous cesserons de nous identifier à cette partie qui est en train de s’agiter et de nous agir.

Faire appel à ses ressources

Une autre manière de prendre soin de notre sensibilité par temps de crise est de nous rappeler que si nous sommes toujours ici, vivants, après toutes les épreuves de vie que nous avons traversées, c’est parce que toutes ces parties, justement, ont joué leur rôle. Parce que nous avons de belles ressources qui nous ont permis de tenir jusqu’ici. Ces ressources sont disponibles, dans le présent. Il est donc important, lorsque nous nous sentons submergés, de nous rappeler que si nous sommes encore là, tout n’est pas perdu! Toutes ces ressources insoupçonnées qui ont déjà fonctionné par le passé, nous pouvons les réactualiser ici et maintenant, rien qu’en les convoquant.

C’est pour soutenir toutes ces ressources et en développer de nouvelles que nous avons écrit le livre C’est trop fort!, car oui… quand tout cela fonctionne bien, c’est trop fort!

Commencer par poser ce regard plus doux et accueillant envers ses différentes parties intérieures, même avant de faire du yoga ou de la méditation ou de partir prendre l’air pour s’aérer les idées, peut vraiment faire la différence et nous donner de solides appuis pour naviguer dans les crises depuis un espace plus serein et aimant.

Carol Pirotte et Nicolas Souchal - C'est trop fort! - Ed. Leduc

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