Comment Vinted et Le Bon Coin font du tort à Emmaüs

SOLIDARITÉ - Emmaüs veut rentrer dans le “game” du vêtement d’occasion. Le mouvement caritatif lance lundi 25 janvier une plate-forme de vente de seconde main aux particuliers, pour encourager le don en ligne de “personnes qui n’ont pas le...

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L'association Emmaus mise sur leur site Trëmma pour tenter de rattraper un peu de son retard sur Vinted et Le Bon coin.

SOLIDARITÉ - Emmaüs veut rentrer dans le “game” du vêtement d’occasion. Le mouvement caritatif lance lundi 25 janvier une plate-forme de vente de seconde main aux particuliers, pour encourager le don en ligne de “personnes qui n’ont pas le réflexe Emmaüs”, comme la jeunesse connectée.

Le site s’appelle Trëmma et se veut “calqué sur Vinted, ‘mobile first’, avec une navigation identique, puisque ça marche bien”, assume dans un sourire la directrice du Label Emmaüs, Maud Sarda, au HuffPost.

Vinted, la voilà l’application qui cause du tort à la solidarité. Elle et Le Bon Coin sont devenus à force de succès, de sérieux concurrents d’Emmaüs. Vinted compte ainsi 10 millions de Français parmi ses 20 millions d’utilisateurs dans le monde quand Le Bon Coin enregistrait 28 millions de visiteurs uniques en 2019.

Moins de dons et de moins bonne qualité

Ces applis cartonnent parce qu’elles permettent de se constituer un petit pécule en marge de ses revenus sur des produits déjà utilisés et dont la valeur s’effrite au fil des ans. Et les entrants sur ce marché tels Vestiaire collective, Gens de confiance, DePop ou Patatam cassent la baraque. Ainsi, le marché de l’occasion était estimé à 7 milliards d’euros début 2019.

Mais ces applis posent de sérieux problèmes: les gens ne donnent plus aux associations caritatives ou alors des objets de moins bonne qualité qu’avant.

“Le phénomène n’est pas simple à quantifier, précise Maud Sarda. Emmaüs, ce sont 450 espaces de vente, autant de points de dépôt, chacun avec un fonctionnement différent, alors il n’est pas évident d’avoir des données consolidées. Ce que je peux dire, c’est qu’on est des acteurs de l’économie circulaire depuis 70 ans, donc les changements, tels l’obsolescence programmée ou la ‘fast fashion’, nous impactent directement. Il faut déployer des trésors d’imagination pour réemployer les objets qui nous sont donnés. On est obligé d’en collecter beaucoup plus pour assurer le même niveau de recettes”.

“Nous avons créé le Label Emmaüs il y a 4 ans, pour prendre le contre-pied d’Amazon. Avec Trëmma, nous nous adressons à la génération très connectée, afin de combler notre retard sur l’aspect numérique.” Car en 2020, les 4 millions de visiteurs du Label Emmaüs font pâle figure; Maud Sarda entend doubler ce chiffre en 2021, grâce à Trëmma.

Si Emmaüs a conscience qu’il ne convertira pas les millions de personnes qui achètent et vendent quotidiennement leurs affaires, il espère toucher celles qui publient des annonces pour donner. “Sur Le Bon Coin, a noté Maud Sarda, il existe 10.000 annonces de dons.” Sur Gens de confiance, le chiffre n’est pas aussi élevé, mais on comptabilise près de 800 annonces de dons par semaine. “Ces personnes ne veulent pas jeter, elles veulent faire tourner l’économie circulaire. Et ceux qui souhaitent changer leur garde-robe peuvent mettre un vêtement de côté, à donner”, poursuit Maud Sarda.

Les atouts d’Emmaüs face à ses concurrents

Si Trëmma peut se démarquer dans cet univers ultra concurrentiel, c’est aussi grâce à un argument de taille: la possibilité de délivrer des reçus fiscaux sur 60% de la vente, alors même que vous n’aurez pas touché un centime.

Comment ça marche? Vous créez votre annonce sur Trëmma, qui sera ensuite “reprise par un modérateur, salarié.e en insertion, qui la complète et la met en vente sur label-emmaus.co”, d’après le communiqué d’Emmaüs. Puis, si l’objet trouve preneur, “le produit de la vente est reversé au projet de solidarité que le donateur a choisi”. Et enfin, “le vendeur peut demander un reçu fiscal portant sur 60%” de la vente, précise Maud Sarda. 

Sur le site, on peut voir la jauge du projet choisi augmenter au fur et à mesure que les ventes se font. Et parmi les projets, celui de la Ferme de réinsertion de Baudonne attire l’attention : c’est un lieu d’accompagnement unique en France pour les femmes en fin de peine de prison. Dès lors, en plus de la satisfaction de donner, vous saurez que votre table, votre écharpe ou vos rideaux bénéficieront à un projet qui mêle agro-écologie et solidarité. Atouts dont Vinted et les autres ne peuvent pas se prévaloir.

À voir également sur Le HuffPost: Aux Pays-Bas, des manifestations contre les restrictions sanitaires virent à l’émeute.