Covid-19: Castex et ses petits arrangements dans ses comparaisons avec l'Allemagne

POLITIQUE - C’est devenu une habitude. Pour vanter les mérites de sa stratégie contre la pandémie de coronavirus, l’exécutif compare souvent la situation française à celle de ses voisins. Ainsi, à en croire les différentes déclarations de Jean...

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Les petits arrangements de Castex dans ses comparaisons avec l'Allemagne

POLITIQUE - C’est devenu une habitude. Pour vanter les mérites de sa stratégie contre la pandémie de coronavirus, l’exécutif compare souvent la situation française à celle de ses voisins. Ainsi, à en croire les différentes déclarations de Jean Castex et ses ministres, le plan de relance du gouvernement serait le plus massif de l’Union européenne, nous sommes le pays le plus efficace dans la vaccination des séniors, comme dans le triptyque “tester, alerter, protéger.”

Dernier exemple en date: jeudi 18 mars, le chef du gouvernement a évoqué la pression épidémique actuelle en Allemagne et les restrictions qui y sont en vigueur, pour mieux justifier le choix d’Emmanuel Macron de ne pas avoir confiné les Français plus tôt dans l’année et de procéder, désormais, à des mises sous cloche locales. 

“L’Allemagne, par exemple applique un confinement strict depuis trois mois, en fermant ses crèches et ses écoles et en décale aujourd’hui la levée compte tenu des nouveaux effets du variants”, a ainsi expliqué Jean Castex, comme pour montrer aux Français qu’ils ne sont pas les moins bien lotis dans cette crise sanitaire. Mais les choses sont-elles aussi simples? Les autorités allemandes ont-elles mis le pays sous cloche depuis des semaines, sans résultat? Comme pour ses autres comparaisons, le Premier ministre aurait pu faire preuve de davantage de nuance. 

L’Allemagne confinée depuis trois mois?

Car en Allemagne, comme en France désormais, certaines mesures sont différentes selon les territoires, les “Länder” outre-Rhin. Faute d’unité, la question des écoles, justement, a été laissée à la main des dirigeants locaux et la majorité d’entre eux, dans 10 des 16 régions, a décidé leur réouverture à la fin du mois de février. 

Si des restrictions importantes subsistent, avec la fermeture des bars, restaurants, lieux culturels et sportifs ou encore des magasins jugés non essentiels, il n’est pas tout à fait exact de parler de “confinement strict”, dans sa définition française, qui durerait depuis trois mois. Angela Merkel a d’ailleurs décidé un calendrier de -légers- assouplissements des mesures au début du mois de mars, sans jamais avoir imposé de couvre-feu généralisé.

En revanche, il est vrai que les autorités sanitaires allemandes font face à une hausse “clairement exponentielle” des infections, selon le vice-président de l’institut de veille sanitaire Robert Koch. La chancelière et les dirigeants des 16 Länder doivent se réunir lundi 22 mars pour décider d’éventuelles nouvelles restrictions alors que le taux d’incidence atteint 95,6 vendredi (contre 90 jeudi) en Allemagne. En France, il est de 266 cas pour 100.000 habitants (contre 252 la veille).

Champion de la vaccination des plus fragiles?

Qu’en est-il de la vaccination? Pointé du doigt pour une campagne jugée trop lente à se mettre en branle en janvier, le gouvernement, depuis, met un chiffre en avant: celui de la vaccination des populations fragiles.

Selon le Premier ministre lors d’une conférence de presse le 25 février dernier, “si certains pays qui nous entourent ont davantage vacciné que nous, la France est en tête pour la vaccination des personnes les plus exposées aux formes graves de la Covid”. Et Jean Castex d’appuyer ses dires par une infographie plaçant la France en tête de la couverture vaccinale des plus de 75 ans, devant la Belgique, l’Allemagne et l’Italie.

Mais comme l’expliquait Le Monde à l’époque, cette présentation est trompeuse. Le graphique affichait par exemple un taux de 13% pour l’Allemagne, alors que l’indicateur n’existe pas outre-Rhin. La donnée qui se rapproche le plus concerne les vaccinés de plus de 80 ans. Et ils étaient 26% à l’être au 24 février dernier, soit un chiffre très proche de celui alors affiché par la France (25%) pour les plus de 75 ans. Il semble également difficile de comparer les chiffres français aux italiens, alors que les autorités locales préfèrent accorder la priorité aux populations plus jeunes.

Malgré tout, toujours selon le quotidien du soir, qui cite les données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) datées du 25 février, la France était effectivement, à ce moment-là, le deuxième pays européen en matière de couverture vaccinale des 70-79 ans, juste derrière la Pologne. Elle était en revanche à la dixième place, au moins, pour ce qui concerne les plus de 80 ans. Tout dépend donc de ce que l’on entend par “populations fragiles.”

Le pays qui teste le plus?

Autre question épineuse, celle des tests. Le gouvernement a pris l’habitude de répéter une formule, comme un slogan: la France serait l’un des pays, ou le pays, qui dépiste le plus ses habitants pour le Covid-19. C’est ce que disait par exemple Olivier Véran lors d’une de ses traditionnelles conférences de presse, en octobre 2020. “Depuis le mois d’août, nous dépassons chaque semaine le million de tests réalisés. Nous sommes parmi les pays européens à effectuer le plus de tests”, expliquait le ministre de la Santé.

Mais tout dépend l’échelle. À ce moment-là, la France, avec un ratio de 1379 tests pour 100.000 habitants, se situait seulement à la douzième place des pays du continent, derrière l’Espagne, le Royaume-Uni ou le Danemark.  

Et maintenant? Toujours selon les chiffres de l’ECDC, la France est encore le ventre mou du classement malgré une certaine montée en puissance. Avec 3291 tests réalisés au cours de cette dernière semaine pour 100.000 habitants, la France se retrouve derrière son voisin italien (3823), ou de plus petits pays comme le Luxembourg, mais devant l’Allemagne, l’Espagne ou la Belgique. 

Le plan de relance le plus “massif”?

Reste le plan de relance. Pour Jean Castex, il s’agit du plan le plus massif parmi les grands pays européens”, “en proportion de la richesse nationale.” C’est en tout cas ce qu’il expliquait le 3 septembre dernier en détaillant les dispositifs “exceptionnels” qui viendraient nourrir sa stratégie à 100 milliards d’euros. 

Un montant impressionnant. Mais n’a-t-il vraiment aucun égal sur le vieux continent? En Allemagne par exemple, pays auquel l’exécutif aime à se comparer, les dirigeants ont annoncé débloquer une enveloppe de 130 milliards d’euros, soit 30 de plus que la France. Mais le PIB de l’Allemagne étant assez supérieur (de près de 1000 milliards d’euros de plus), on peut en déduire que la stratégie de l’exécutif français est, sur le papier au moins, plus “massive”, comme l’expliquait LCI à l’automne.

Reste cependant les autres “grands pays européens”, selon la formule du Premier ministre. Certains entendent bien déployer, eux aussi, des efforts financiers colossaux. En Italie, le gouvernement avait, dans un premier temps, tablé sur une relance globale à 107 milliards d’euros... avant d’exploser les compteurs pour passer, en janvier dernier, à une enveloppe de 222 milliards. S’il est difficile de comparer les deux pays, notamment sur l’usage direct ou non qui sera fait de cette manne, le titre de champion d’Europe semble au moins partagé sur ce point-là.

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