“Gamma”, la sombre expérience rock de Gesaffelstein

Depuis Aleph, son 1er album en 2013, violent brûlot d’électro froide, instrumentale et sans concessions, le producteur français Mike Lévy aura construit de toute pièce la créature fantasque Gesaffelstein. Un prince noir de la production, adulé...

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Depuis Aleph, son 1er album en 2013, violent brûlot d’électro froide, instrumentale et sans concessions, le producteur français Mike Lévy aura construit de toute pièce la créature fantasque Gesaffelstein. Un prince noir de la production, adulé par le show-business américain (ses collaborations avec Kanye West, The Weeknd, Kaycyy et récemment Lil Nas X et Charli XCX), nimbé de mystère, comme l’affirmation que séparer l’homme de l’artiste semble plus que nécessaire.

Culture du mystère

Comme à son habitude, le Lyonnais a laissé planer le mystère le plus opaque sur Gamma, son troisième LP annoncé en février dernier via un long clip-medley signé du très branché Jordan Hemingway, distillant les écoutes au compte-gouttes et balayant toute proposition d’entrevue.

Si Aleph avait imposé le producteur français comme un petit génie des boucles synthétiques avec sa techno violente et crissante, Hyperion (2019), le suivant, avait surpris tout le monde avec ses featurings mainstream (The Weeknd, Pharrell Williams) et son R&B du futur. Gamma, quant à lui, inverse la vapeur comme si le producteur avait décidé d’embrasser de nouveau l’underground et de quitter la lumière pour l’obscurité.

Une expérience rock

À l’écoute du disque, ses références eighties, Depeche Mode et Suicide en tête, l’erreur serait de penser que le démiurge des circuits imprimés revient aux sources électro d’Aleph, alors que Gamma permet surtout à Gesaffelstein de se frotter au rock le plus primal et de trouver sa voix. En l’occurrence celle de Yan Wagner, prodige de la scène électro-pop, avec qui il avait lancé un projet new-wave début 2010.

Un DJ, producteur et chanteur, protégé d’Étienne Daho, dont les intonations de crooner mal dégrossi s’imbriquent parfaitement dans ce blues du futur. “Mike m’a proposé d’essayer quelque chose sur un titre, explique Yan Wagner. J’ai été enchanté par ce morceau à la croisée de Silicon Teens et Suicide. Mike recherchait une énergie brute. C’était une évidence qui vient de notre terreau commun autour de l’EBM (electronic body music, ndlr), la new-wave, DAF, Fad Gadget, Cabaret Voltaire… C’est un disque punk, coup de poing, un objet intense à avaler d’un trait.”

Mélange de tourbillons indus et de déflagrations apocalyptiques, de beats phats et martiaux, de synthés coupants comme des riffs de guitare, les onze morceaux de Gamma, courts et ramassés, à la construction (couplet/refrain) ultra-pop, alternent le fouet et la caresse, les froissements de métal et les divagations bucoliques, l’amour et la violence. Comme si Gesaffelstein avait posé ses machines dans l’arrière-fond des cabarets mal famés de Memphis pour distiller un blues de soleil et d’acier où la voix de Yan Wagner joue au poor lonesome crooner en mode Depeche mood.

Gamma (Columbia/Sony Music). Sortie le 29 mars.