Guillaume Brac : “Quitte à faire un film sur la jeunesse, autant que ce soit la jeunesse dans son ensemble”



A l’occasion de la diffusion sur Arte.tv de son très beau nouveau film, A l’Abordage, nous avons discuté avec Guillaume Brac. Un entretien fleuve dans lequel il cause de son dernier film, de son œuvre et de sa vision du cinéma. Rencontre avec...

Guillaume Brac : “Quitte à faire un film sur la jeunesse, autant que ce soit la jeunesse dans son ensemble”



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A l’occasion de la diffusion sur Arte.tv de son très beau nouveau film, A l’Abordage, nous avons discuté avec Guillaume Brac. Un entretien fleuve dans lequel il cause de son dernier film, de son œuvre et de sa vision du cinéma.

Rencontre avec un cinéaste qui préfère se dire réalisateur, doute encore de sa capacité à savoir faire des films et les réalise pour se plonger dans la vie.

A l’Abordage était-il, dès le départ, prévu pour la télévision ?

Guillaume Brac – Oui, le film a été financé comme ça. Quand la directrice du Conservatoire m’a proposé de faire ce film avec une promotion d’étudiants, j’ai compris que ça allait être compliqué de le financer de manière classique. La bonne idée était d’aller voir du côté d’Arte. Evidemment je n’imaginais pas ce que le film allait devenir, ça pouvait être un objet fragile. Concernant Arte, je me suis dit : si le film est réussi, ça lui offrira une visibilité plus grande que celle qu’il aurait eu en salle. A l’inverse, si le film est bancal, ils le passeront à “je ne sais pas quelle heure”, et personne ne le verra (rires) ! Et puis ça me rappelait tous les téléfilms des années 1990 et 2000, la collection Tous les garçons et les filles, le film de Pascale Ferran, L’Age des possibles. C’était la seule manière de le produire, sachant qu’avec ma scénariste Catherine Paillé, on avait décidé que nous n’allions pas écrire un scénario totalement dialogué, classique, mais que le film allait s’écrire jusqu’au dernier moment avec des périodes de répétitions et d’improvisations avec les acteurs. Sans scénario classique, il était difficile d’aller chercher des financements. Arte a accepté le principe du film bien avant qu’il y ait quoi que ce soit qui ressemble à un scénario. Cependant, j’ai toujours pensé que si le film était réussi je ferai tout pour qu’il sorte en salle, parce que celle-ci reste mon horizon.

Le film fonctionne finalement selon la même méthode que Contes de Juillet, que vous avez tourné aussi avec des comédiens du Conservatoire national.

A une échelle beaucoup plus grande. En ce qui concerne Contes de Juillet, on m’a appelé pour remplacer quelqu’un qui devait animer un atelier pédagogique. A cette époque, j’avais très envie de tourner quelque chose. J’ai donc proposé aux élèves et à mon producteur que l’on essaye de fabriquer un film ensemble. Pour A l’abordage, la directrice du Conservatoire m’a appelé en me disant, “Guillaume, qu’est-ce que tu dirais qu’on fasse un vrai long métrage ensemble, que tu prennes le temps d’écrire, de chercher des financements ?”J’avais aussi posé des conditions. Pour Contes de Juillet, j’avais seulement quinze étudiants.

Il y a donc eu un casting pour A l’abordage ?

Pas au sens propre du terme. Ni elle, ni moi ne voulions entrer dans ce processus, ça aurait été assez violent dans l’école. Par contre, j’avais le droit de choisir celles et ceux avec qui, j’avais envie de travailler. J’allais les voir en cours, je les observais. C’était surtout les cours de clown qui étaient intéressants pour moi. C’était beau, il y avait à la fois de la sincérité et de la comédie, ça raisonnait avec ce que je voulais faire. Ils étaient trente dans la promotion. J’ai pris trente cafés d’une heure ou deux avec chacun. C’est à l’issue de ces rendez-vous que j’ai choisi ceux qui m’intéressaient le plus, ceux dont la vie me touchait. A ce moment- là, je n’avais pas le projet d’écrire un film sur la jeunesse, je n’avais à priori rien à expliquer de précis sur elle. Je savais que j’allais devoir me nourrir d’eux, que c’était eux qui allaient m’apporter la matière pour le film.

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Comment s’est déroulé l’écriture ? Avant de les rencontrer, aviez-vous déjà en tête une trame, des personnages ?

Non, j’ai vraiment écrit le film pour eux. Par contre, j’avais une donnée en tête : depuis cinq ou six ans la directrice du Conservatoire travaille vraiment à démocratiser le concours d’entrée. Salif (Cissé) et Eric (Nantchouang) sont des comédiens fantastiques mais probablement qu’il y a cinq ou dix ans, ils n’auraient jamais osé passer ce concours. Ça ne m’intéressait pas d’avoir des jeunes 1ers se destinant à la Comédie française, même si elle commence elle aussi à se diversifier. Je voulais des jeunes gens avec des parcours divers, qui auraient vécu pas mal de choses, qui avaient déjà fait d’autres boulots. Quitte à faire un film sur la jeunesse, autant que ce soit la jeunesse dans son ensemble. Je voulais expliquer comment se produit la rencontre entre des jeunes très différents.

Dans A l’Abordage, comme dans d’autres de vos films, il est question de quitter Paris pour prendre des vacances. C’est une ville qui ne vous inspire pas ?

Ce que j’adore filmer c’est l’échappée, la parenthèse. A Paris, c’est moins évident. La ville est prise dans un filet de codes sociaux. Chaque quartier, chaque café, chaque appartement… Tout explique quelque chose de tellement fort socialement que je trouve que ça enferme beaucoup le récit. Ce qui me plaît c’est d’avoir des marqueurs sociaux au début du film qui se gomment au fur et à mesure, on les oublie, même s’ils peuvent rester présents en filigrane. Je pense que l’origine de mon désir de cinéma vient du désir de m’échapper d’un milieu, d’un lieu. C’est comme si je refaisais à chaque fois le même geste : me libérer de quelque chose en faisant des films.

C’est pour cette raison que le film commence sur les quais de Seine ?

Oui, il y a un brassage, les codes sont brouillés. Je savais que j’allais me prendre la tête à l’infini pour savoir où ces personnages pourraient se croiser. D’ailleurs, est-ce que ces personnages pourraient vraiment se croiser dans un lieu autre que celui-là ? Est-ce que socialement, il n’y aurait pas une barrière qui les empêcherait de se rencontrer dans un café ou dans une boîte de nuit ?

C’est la 1ère fois que vous abordez aussi frontalement ces questions-là, celles de la possibilité d’une rencontre entre des personnes appartenant à des milieux et des classes différentes. Le fait que les deux comédiens soient noirs, que leurs personnages viennent d’un milieu modeste n’a rien d’anecdotique même si le film n’en fait pas son sujet.

Dans ma vie, je ne me serai jamais autorisé, jamais senti légitime avec le fait d’écrire un film pour deux personnages noirs, si ça ne m’avait pas été donné par la commande. J’aurais eu peur de nombreux écueils. A partir du moment où j’ai rencontré ces deux comédiens, là d’un seul coup ça a été possible. Mais évidemment, je savais que ce n’était absolument pas anodin, surtout dans cette famille-là, celle d’un certain cinéma d’auteur qui n’est pas un cinéma, en tout cas ouvertement, social ou politique, qui n’est pas non plus du cinéma de genre. C’est vrai que c’est relativement rare d’avoir des personnages noirs dans un film qui n’en fait pas son sujet. Après, il y a certains films comme ceux de Claire Denis, par exemple.

Je trouve votre film bien plus politique que nombreux films français qui s’affichent ouvertement comme tels.

C’est une chose que j’avais dite dans le dossier de presse : je ne suis pas loin de penser que mon film est d’autant plus politique qu’il ne s’affiche pas comme tel. Probablement que la meilleure façon de traiter cette question était de la traiter de manière souterraine. On a beaucoup parlé de ça avec Salif et Eric qui étaient très à fleur de peau sur la question de la place des comédiens noirs dans le cinéma. Ils avaient au début une sorte de méfiance, de réticence avec le fait d’incarner des personnages qui pouvaient être trop proches d’eux, ils voyaient ça encore comme une forme d’assignation. Puis, je leur ai expliqué qu’on allait partir de quelque chose d’assez proche d’eux pour s’en éloigner et qu’ils allaient pouvoir complètement se libérer de ces codes-là et être plongés dans des situations de fiction. Ils allaient pouvoir jouer. Ce que je trouvais génial avec eux c’est qu’on pouvait jouer sur deux tableaux. Ils avaient à la fois leur manière à eux, leurs intonations, leur vocabulaire, qu’ils allaient pouvoir offrir au film. Ce sont des comédiens qui ont une aisance, un rapport musical à la parole, au mot.

Votre désir d’écriture part-il des lieux ?

Tant que je n’ai pas décidé du lieu, je n’arrive pas à écrire le film, je ne peux pas écrire de manière abstraite, j’ai besoin de visualiser les scènes. Pour le camping d’A l’Abordage, il se trouve que c’est un lieu que je connaissais depuis deux, trois ans, et c’est le lieu où j’ai su que j’allais être père et j’ai appris la naissance à venir de ma fille.

Qui joue d’ailleurs dans le film…

Qui joue dans le film oui, exactement, tout se relie. Je trouvais ça très très beau que pour le 1er été de notre fille, je tourne ce film et qu’elle soit dedans. Pour moi le fait de faire des films est beaucoup lié à la question de garder une trace des gens que je rencontre, que j’aime, des lieux. Donc évidemment garder cette trace-là, du 1er été de ma fille dans le film, c’était génial.

J’ai lu que vous disiez aimer les “accidents” sur les tournages, que vous vous laissiez parfois aller à réenvisager le plan de tournage la vieille pour le lendemain…

Je me suis souvent lancé dans des projets un peu risqués. J’ai un rapport assez difficile à la question du choix, ce qui fait que j’ai tendance à décider le plus tard possible. C’est vraiment au moment du tournage que je finis par me résoudre. J’ai besoin de laisser ouvertes certaines choses le plus longtemps possible. C’est angoissant, mais il y a aussi durant le tournage des moments de joie très intenses, quand justement on réussit à capter un moment, qu’il y a une forme de grâce, tout s’harmonise miraculeusement. Ce sont des moments extrêmement satisfaisants, mais c’est aussi très stressant pour les acteurs, pour l’équipe, même si la plupart des gens me connaissent. Par exemple, la deuxième et le 1er assistant savent que ce n’est qu’au dernier moment qu’on choisira les gens qui jouent dans la scène et qu’on n’aura pas répété à l’avance, comme avec le garagiste, par exemple. Donc forcément, on va tâtonner. Il y a des scènes qui foirent totalement parce qu’elles n’ont pas été forcément préparées mais ce n’est pas une question de paresse, il y a beaucoup de travail en amont, de repérage, de découpage, de répétitions avec les acteurs. Mais j’essaye de garder une petite part d’imprévisible au tournage.

Est-ce qu’A l’abordage aurait pu s’appeler Un Monde Sans Femmes ? Les deux personnages principaux se ressemblent beaucoup, la structure du film aussi, cette façon que vous avez de placer au 1er plan une histoire pour finalement se rendre compte que celle qui se joue réellement est en arrière-plan…

Ce qui est amusant, c’est qu’en faisant Tonnerre, c’est comme si j’avais eu besoin de me défaire de ce que j’avais construit avec Un Monde Sans femmes, comme si j’avais tout fait contre. J’avais très peur de me répéter, de me conformer à des attentes, de me complaire. C’est comme si j’avais mis dix ans à revenir à Un monde sans femmes. Probablement que ce sont les deux films qui me ressemblent le plus. C’est vrai qu’avec Catherine Paillé on y a pensé en écrivant le film. D’une certaine façon, le personnage de Félix, c’est un peu Laure Calamy dans Un Monde Sans femmes, c’est un personnage qui a une très grande énergie et qui, à un moment, à force d’agitation, s’épuise. Ce sont alors les personnages plus effacés qui progressivement se révèlent à eux-mêmes. J’aimais bien l’idée du geek side comme disent les Américains. Salif, il avait vachement ça. Je pense que dans beaucoup de films, il serait resté le buddy. J’aimais vraiment l’idée qu’on se dise à un moment donné : c’est lui dont on est en train de expliquer l’histoire, sans qu’on le sente venir.

Comme vous le disiez, votre film est une parenthèse. Est-elle une utopie ?

Oui, il y a une forme d’utopie. Quand on fait un film, on pourrait croire qu’on explique le monde tel qu’il est, mais on explique plutôt le monde tel qu’on le regarde. Et puis aussi peut-être tel qu’on aimerait qu’il soit. Raconter un monde où ces jeunes-là peuvent se rencontrer, devenir copains, évidemment ça peut arriver mais peut-être pas si souvent que ça. A l’origine, il y avait une dernière scène où Chérif et le personnage de la maman, qui s’appelle Elena, étaient revenus à leur place, à leur assignation sociale. Même s’ils étaient très heureux de se recroiser, on comprenait que chacun avait repris le cours de sa vie et qu’ils n’étaient pas forcément au même endroit du monde, de la société. Cette scène-là, je n’avais plus du tout envie de la tourner et je ne l’ai jamais tournée. Avec ma monteuse, on trouvait que c’était beaucoup plus fort de terminer comme on l’a fait. Je pense que le spectateur n’est pas naïf, il peut très bien se expliquer, selon qu’il est optimiste ou non, que chacun va reprendre sa vie ou que peut-être les personnages vont vraiment échapper à une forme de conditionnement. Moi-même, je ne sais pas, si j’ai tendance à penser que ce qu’ils ont vécu est de toute façon très beau et que de toute façon, ça aura modifié quelque chose dans leur existence à tous les deux, même si ça n’a duré que quelques jours…

Vos personnages masculins répondent souvent à deux visions. D’un côté les garçons relous qui draguent lourdement les filles. De l’autre, les garçons timides, discrets.

Oui, d’une certaine façon, il y a les hommes qui osent trop et les hommes qui n’osent pas assez. C’est vrai que mes films oscillent entre ces deux pôles-là. Il y a les hommes qui voient les femmes un peu comme des proies, et les hommes qui voient les femmes comme des divinités. Finalement, la vérité est au milieu. Ceux qui voyaient les femmes comme des proies se prennent généralement un mur et puis ceux qui les voyaient comme des êtres inaccessibles apprennent à entrer en dialogue. Je pense que c’est lié au fait qu’en quatrième et troisième, je me suis retrouvé dans une école privée pendant deux ans où il n’y avait que des garçons, à un âge où généralement on apprend un peu à se connaître. Ça a été pour moi une rupture extrêmement brutale d’autant qu’en sixième et cinquième les garçons et les filles commencent à se rapprocher. D’un seul coup, c’est comme si j’en étais brutalement privé. Je pense que ça a marqué assez durablement mon rapport au féminin. A l’époque, je voyais les filles de loin, je les connaissais mal. J’imaginais des tas de choses. Rencontrer une fille devenait une démarche immense.

Avant de devenir réalisateur, vous avez fait HEC puis la Fémis… C’est aussi parce que vous veniez de ce milieu-là que vous ne vous sentiez pas légitime à filmer une certaine jeunesse à laquelle j’imagine vous n’avez pas eu tout de suite accès ?

Oui, à laquelle je n’ai pas eu accès pendant longtemps, bien sûr que ça joue aussi, le fait d’être blanc de venir d’un milieu plutôt aisé. Il y a des années de ma vie où je n’avais ni accès aux femmes, ni à des milieux sociaux plus modestes, plus populaires. Le choix du cinéma est venu aussi du désir d’élargir un horizon, de rencontrer beaucoup des gens différents, de ne pas rester enfermé dans un microcosme. J’ai fait la Fémis en production et pas en réalisation. Il y a eu plein d’étapes avant de m’accepter. Ça me semblait trop loin de moi. Et puis c’est vrai que je ne peux pas m’empêcher à chaque fois que je redémarre un projet d’être toujours dans un questionnement. Il y a toujours un moment, quand je fais un film, où je me dis : est-ce que je sais faire un film ? J’ai toujours l’impression de ne pas savoir. Il y a toujours des moments où je me sens un peu dépassé, où j’ai l’impression de ne pas pouvoir m’appuyer sur des acquis, ou des techniques précises, il y a toujours une forme de tâtonnement. C’est comme si à chaque film, j’avais besoin de réapprendre comment on fait un film.

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Dans une entrevue pour Télérama datant de 2014, vous disiez : “j’espère que dans dix ans, je serai toujours un jeune réalisateur”.

Je ne suis pas très inquiet là-dessus. J’ai l’impression que même si je me retrouvais à faire un film avec un budget plus conséquent, avec des acteurs plus connus, d’une façon ou d’une autre, j’aurais toujours besoin de casser un peu le cadre, de faire entrer de l’air, de l’imprévu. Je pense que je ne tournerai jamais un film avec deux acteurs dans un huis-clos. Je ne tournerai jamais un film avec des figurants qu’on envoie aux talkies-walkies. Je fais des films pour me plonger dans la vie, pas pour m’en retirer, ce n’est pas très intéressant.

Vous diriez que le cinéma est plus harmonieux que la vie ?

Oui, parce que mes films recréent une harmonie. Mais les deux sont complètement imbriqués. D’ailleurs l’expérience de vie d’un tournage est essentielle, et ce n’est pas parce que je peux être très angoissé que ce ne sont pas aussi des moments de bonheur, entouré de gens que j’aime. Parce qu’il y a quand même essentiellement des gens que j’aime autour de moi quand je fais un film. Je sais que c’est toujours pour les gens qui font un film avec moi, un moment de vie important, il se passe des choses. Mais c’est vrai que la vie sans le cinéma… Peut-être que je ne sais pas assez bien vivre pour pouvoir vivre sans le cinéma. Je ne suis peut-être pas assez fort pour ça (rires). C’est comme si ça me permettait d’échapper à la vie aussi, c’est ce double mouvement : à la fois vivre plus intensément, capter la vie, et puis aussi parfois m’échapper, comme mes personnages, être dans des parenthèses euphorisantes. Après ce sont comme des souvenirs de vacances, on est nourri par ça pendant longtemps et puis le moment où le souvenir s’estompe trop, il faut refaire un film (rires).

Vous vous intéressez à des jeunes cinéastes, vous êtes proches de certains d’entre eux ?

Le fait de travailler avec ces jeunes comédiens me maintient en lien avec des projets de jeunes cinéastes. Il m’arrive assez régulièrement de faire des interventions dans des écoles de cinéma, d’animer des ateliers. Je rencontre pas mal de jeunes réalisateurs qui ensuite font leurs films. Je siège à la contribution financière du CNC, donc je lis beaucoup de projets de courts métrages. J’ai des copains plus jeunes qui font leur 1er film. C’est assez important pour moi de rester en contact avec ça, à travers certains techniciens de mes films aussi : il y a quelques compagnons du début qui sont toujours là, qui ont à peu près mon âge et il y a toujours des plus jeunes que j’intègre et qui deviennent souvent des amis.

Vous travaillez sur un nouveau film ?

Par superstition je préfère ne pas trop en causer. On est encore au début de l’écriture. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y a aura toujours ce rapport à la fois fort à un lieu et à toute sa dimension documentaire et à la fois des lignes de fiction et de comédie assez marquées. D’une certaine façon, c’est dans la continuité d’A l’abordage, mais peut être avec une ambition plus grande en termes d’écriture et de production. Sinon, dans huit ou dix jours, je vais tourner un petit documentaire avec des jeunes de 15 et 16 ans, un petit moyen métrage.