"Islamo-gauchisme": Vidal sommée de s'expliquer devant le Conseil d'Etat

POLITIQUE - Une partie du monde de l’université contre-attaque. Quatre mois après les déclarations de Frédérique Vidal sur l’“islamo-gauchisme qui gangrène l’université”, et sans nouvelle de l’enquête qui devait être lancée dans la foulée,...

"Islamo-gauchisme": Vidal sommée de s'expliquer devant le Conseil d'Etat

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Frédérique Vidal quitte le palais de l'Elysée après le conseil des ministre le 9 juin 2021.

POLITIQUE - Une partie du monde de l’université contre-attaque. Quatre mois après les déclarations de Frédérique Vidal sur l’“islamo-gauchisme qui gangrène l’université”, et sans nouvelle de l’enquête qui devait être lancée dans la foulée, le journal Le Monde révèle que 6 enseignants-chercheurs attaquent la ministre pour “abus de pouvoir”.

Une procédure de référé et un recours en annulation ont ainsi été déposés devant le Conseil d’État le 13 avril. Ils demandent à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche de renoncer officiellement et définitivement à cette enquête “qui bafoue les libertés académiques et menace de soumettre à un contrôle politique, au-delà des seules sciences sociales, la recherche dans son ensemble”.

Le 7 mai, le Conseil d’État s’est déclaré incompétent et a transmis la requête en annulation au ministère pour l’interroger sur sa position et confirmer si une commission d’enquête existe bel et bien. “Soit oui, une commission existe avec tel et tel membre, soit non – c’est le plus probable –, il n’y a pas de commission d’enquête” explique Fabien Jobard, l’un des requérants, chercheur au CNRS, chercheur en Science politique dont les recherches portent sur les institutions pénales et l’État de droit.

“La ministre de l’Enseignement supérieur dispose désormais de deux mois pour démontrer que sa décision ne constitue pas un détournement des pouvoirs et des attributions qui lui sont confiés”, indiquent les avocats des requérants, Vincent Brengarth et William Bourdon, pour qui “il est essentiel que la ministre assume soit la décision, soit le rétropédalage”.

Menace pour les libertés académiques

Le dimanche 14 février, sur CNews, la ministre et ancienne présidente de l’Université Nice-Sophia-Antipolis avait déclaré contre toute attente : “Je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable, elle fait partie de la société”. Elle avait annoncé de surcroît révèler une enquête au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans le but de distinguer, dans la recherche française, “ce qui relève de l’académique et ce qui relève du militantisme, de l’opinion”, en visant en particulier les ”études postcoloniales”.

Cette prise de position avait suscité un tollé au sein même de la majorité et dans le monde académique, y compris chez les présidents d’université qui avaient appelé àélever le débat. Une pétition de chercheurs et d’universitaires avait “demandé avec force la démission de Frédérique Vidal”, dénonçant une menace pour les libertés académiques pourtant protégées par le Code de l’Éducation. 

Contre-rapport

Pour Fanny Gallot, maîtresse de conférences en histoire à l’université Paris-Est-Créteil, et qui fait parti des 6 chercheurs à avoir saisi le Conseil d’État, “ce recours marque le fait que les bornes ont été largement dépassées. Aujourd’hui, l’offensive est très forte et elle est autorisée par Frédérique Vidal”.

C’est une intimidation, même s’il n’y a pas eu véritablement de commission d’enquête. Pour pouvoir assumer de causer de certains sujets, il faut être un enseignant en poste, sinon c’est trop risqué”, ajoute Caroline Ibos, maîtresse de conférences en science politique à l’université Rennes-II.

En avril, le sociologue Michel Wieviorka avait remis un rapport à la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal sur le supposé “islamo-gauchisme” à l’université, après s’être saisi lui-même de la question. Il y pointait un “problème non pas inexistant, mais très, très secondaire”.

Le sociologue pointait cependant des tensions dans le monde universitaire entre “deux univers de recherche, l’un, classique, d’étude des questions de racisme ou d’antisémitisme, et un univers plus neuf des études postcoloniales, décoloniales, de l’intersectionnalité”.

 

À voir également sur Le HuffPost: Emmanuel Macron annonce la fin de Barkhane au Sahel en tant que “opération extérieure”.