Joan Micklin Silver, pionnière du cinéma américain indépendant, est morte

Peu la connaissent, mais Joan Micklin Silver a marqué son époque. L'une des premières réalisatrices indépendantes du cinéma américain est morte le 31 décembre 2020, à 85 ans. Selon sa fille Claudia Silver (via The New York Times), c'est une...

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Peu la connaissent, mais Joan Micklin Silver a marqué son époque. L'une des premières réalisatrices indépendantes du cinéma américain est morte le 31 décembre 2020, à 85 ans. Selon sa fille Claudia Silver (via The New York Times), c'est une démence vasculaire qui a causé son décès. La cinéaste restera dans les mémoires pour avoir ouvert la voie à de nombreuses homologues aux Etats-Unis, notamment en optant pour l'indépendance. Après une mauvaise aventure avec les studios - lesquels ont confié la réalisation de l'un de ses scénarios à un réalisateur qu'elle jugeait mauvais -, elle a choisi de réaliser coûte que coûte. Et, pour ce faire, de s'émanciper des studios.

Son producteur de mari Raphael D. Silver monte sa propre société de production. Pour son premier film en tant que réalisatrice, Hester Street (1975), ils parviennent à réunir un budget de 370 000$. Comme elle le confiait dans une interview de 2005 pour la Directors Guild of America (citée dans The New York Times), personne ne voulait produire ce film en yiddish et noir et blanc sur un couple d'immigrés russes de la fin du XIXe siècle. Heureusement, le film comptabilise 5 millions de dollars de recettes (soit 14 fois le budget) ! Et la jeune actrice principale, Carol Kane, est même nommée aux Oscars...

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Le refuge du cinéma indépendant

La judéité, le déracinement, la conciliation difficile entre tradition et modernité sont les principales thématiques de l'œuvre de Joan Micklin Silver. Tout au long de sa carrière, elle a subi des discriminations à la fois misogynes et antisémites. Comme elle rappelait en 1979 à l'Institut américain : “Quand j'ai commencé, les exécutifs des studios m'ont dit des choses ouvertement sexistes.” On lui avait notamment expliqué que “les longs-métrages sont très chers à produire et à distribuer, alors les femmes cinéastes sont un problème supplémentaire dont nous n'avons pas besoin”.

Pourtant, ce sont des films narratifs, tendres et drôles qu'elle réalise, des œuvres potentiellement populaires et rentables. Son deuxième film réalisé de manière indépendante, Between the Lines (1977), remporte ainsi deux prix au festival de Berlin. C'est l'histoire d'une bande de jeunes journalistes indépendants dont le journal alternatif est menacé et, parmi les comédiens, nous reconnaissons Jeff Goldblum à l'orée de sa carrière. Puis, en 1988, sa comédie romantique Izzy et Sam engrange 116 millions de dollars à l'international (l'équivalent de 255M$ actuels) et vaut à son actrice principale Amy Irving une nomination aux Golden Globes.

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Une pionnière du cinéma américain indépendant

Au total, elle aura réalisé sept longs-métrages ainsi qu'une demi-douzaine de téléfilms. Mais elle a aussi exercé en tant que scénariste. Elle a notamment participé à l'écriture de The Frontier Experience (1975), le deuxième court-métrage de la cinéaste indépendante américaine Barbara Loden (Wanda). Et en tant que productrice, elle a permis à son mari Raphael D. Silver (décédé en 2013) de réaliser son premier film, On the Yard, en 1978.

Joan Micklin Silver laisse derrière elle trois filles, une sœur et cinq petits-enfants. Sa fille cadette, Marisa Silver, a notamment remporté le Grand Prix du jury au festival de Sundance pour son film Old Enough (1984), que Dina Silver (l'aînée) a produit. Pour Marisa et Dina, le cinéma reste manifestement une affaire de famille. En octobre 2020, le festival Lumière à Lyon rendait hommage à Joan Micklin Silver, cette grande figure oubliée du cinéma indépendant américain.

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