Joe Biden président des États-Unis: à quoi ressembleront ses 100 premiers jours

ÉTATS-UNIS - Pas une minute à perdre. Après son investiture ce mercredi 20 janvier à Washington, c’est au pas de course que Joe Biden entend commencer sa présidence. Le nouveau président démocrate entend signer dès les premiers jours de son...

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Joe Biden lors d'un événement à Wilmington dans le Delaware le 16 janvier 2021  (AP Photo/Matt Slocum)

ÉTATS-UNIS - Pas une minute à perdre. Après son investiture ce mercredi 20 janvier à Washington, c’est au pas de course que Joe Biden entend commencer sa présidence. Le nouveau président démocrate entend signer dès les premiers jours de son mandat une série de décrets qui doivent répondre aux quatre priorités que s’est fixé le successeur de Donald Trump: le covid, l’économie, les inégalités et l’environnement.

Selon un mémo de son futur chef de cabinet, Ron Klain. qui a fuité, une douzaine de décrets devraient être signés les 10 premiers jours de la présidence Biden.

De quoi donner une forte impulsion pour les 100 premiers jours et limiter aussi la visibilité du procès en destitution contre Donald Trump. Après les événements du Capitole, “Joe Biden aura à coeur de clore ce chapitre et de rassembler les Américains”, explique au HuffPost Tanguy Struye, professeur de relations internationales à l’UCLouvain, spécialiste des États-Unis. “La priorité du mandat de Biden sera de recoller les morceaux de cette Amérique émiettée depuis même avant Trump. C’est au-delà des enjeux de confiance, on est face à une véritable fatigue de la démocratie. Biden va devoir trouver les mots et redonner confiance en la démocratie en ne s’adressant pas seulement à ses électeurs. Il a déjà commencé à endosser ce rôle pédagogique d’ailleurs”, analyse également Dominique Simmonet, écrivain et journaliste spécialiste des États-Unis, et auteur de “First Ladies” (Broché) avec Nicolas Bacharan. 

Le Covid, la priorité des priorités

Alors que les États-Unis s’approchent dangereusement des 500.000 morts, la lutte contre le Covid-19 est évidemment la première des priorités du nouveau gouvernement. Après avoir imprimé sa différence pendant toute sa campagne face à Donald Trump sur ce sujet, Joe Biden entend bien continuer sitôt installé à Washington. Cela devrait sans surprise figurer dans les décrets attendus dès cette semaine avec notamment l’accélération de la vaccination. Le nouveau président veut injecter 100 millions de doses sur les 100 premiers jours de mandat et entend pour cela s’en donner les moyens. Il veut contraindre des entreprises privées à produire certains biens en urgence, mais aussi mobiliser la garde nationale ainsi que l’Agence de gestion des situations d’urgence pour augmenter le nombre de points de vaccination. Gymnases, stades ou écoles, et quelque 100.000 soignants seront mobilisés.

Plus symboliquement et comme il l’a souvent dit, le démocrate veut, à l’inverse de Donald Trump, remettre la science au cœur de la machine décisionnelle. Cela passera par la réintégration de l’Organisation mondiale de la Santé, mais aussi en attribuant au poste de conseiller scientifique à la Maison Blanche un rang ministériel. Il s’agira d’Eric Lander, un généticien qui a contribué à cartographier le génome humain, et qui succédera donc à Anthony Fauci.

Dans la foulée, le président Biden, comme il l’avait promis en octobre dernier, devrait pousser le Congrès a adopter de nouvelles législations en matière de protection -le masque pourrait devenir obligatoire dans les bâtiments fédéraux- ou pour la création d’une “task force” qui sera chargée de mesurer et de répondre aux disparités et inégalités raciales face à la crise sanitaire. “Dans sa réponse au Covid-19, Joe Biden veut aller très vite, il fait passer le message qu’il s’agit d’une course de vitesse. Son programme devrait se concentrer sur l’aide aux plus démunis et aux plus pauvres qui sont les plus touchés par la pandémie aux États-Unis”, détaille Dominique Simmonet. Outre les mesures sanitaires, la lutte contre le Covid-19 va ainsi se déployer très rapidement sur son versant économique.

Un plan à 1900 milliards de dollars

En fin de semaine dernière, les équipes de Joe Biden ont ainsi dévoilé un plan à 1900 milliards de dollars devant permettre aux États-Unis de se relever de leur pire crise depuis les années 30. Au programme, chèques aux familles, fonds pour rouvrir les écoles et maintenir les crèches à des prix abordables -alors que les femmes sont en première ligne de la crise-, argent pour accélérer tests et vaccins, liquidités pour les petites entreprises, ou encore aide alimentaire renforcée. 

Lors de la présentation de ce texte qui prévoit que les Américains modestes touchent un nouveau chèque de 1400 dollars, Joe Biden a également appelé à doubler le salaire minimum, pour le faire passer de 7,25 à 15 dollars. “Personne ne travaillant 40 heures par semaine ne devrait se retrouver sous le seuil de pauvreté”, a argué le président élu. Dans la même veine, il devrait également demander au Congrès de prolonger deux moratoires, le premier sur les expulsions jusqu’au 30 septembre alors que des millions d’Américains risquent de perdre leur logement, le second sur le remboursement de la dette étudiante. En 2019, cette dernière représentait 1600 milliards de dollars outre-Atlantique.

“Toutes ces mesures s’adressent entre autres à un électorat ouvrier et/ou rural qui a souvent composé une partie de l’électorat démocrate, mais qui face à un sentiment de déclassement et/ou d’humiliation s’est tournée vers Donald Trump”, détaille également Dominique Simmonet en pointant du doigt le programme “emploi” de Joe Biden. 

Créer des millions d’emplois

Alors que l’économie américaine s’est contractée de 2,4% et a perdu 10 millions d’emplois, le nouveau président américain veut lancer un plan d’investissements dans l’économie verte, dont les contours seront précisés dans les prochaines semaines. Il s’agira alors de créer les “millions” d’emplois manufacturiers “bien payés”. Joe Biden a pour cela repris à son compte le “Made in America” cher à Donald Trump.

“Imaginez le futur. Fabriqué en Amérique. Tout fabriqué en Amérique et tout par des Américains. Imaginez affronter la crise climatique avec des emplois américains et l’ingéniosité menant le monde.”

Le nouvel exécutif entend notamment renforcer le poids de la Equal Employment Opportunity Commission qui lutte contre les inégalités raciales et de genre au travail. Il est bien question également d’augmenter les impôts sur les sociétés et les foyers les plus riches toutefois les équipes Biden n’ont pas dévoilé de calendrier précis en la matière.

En revanche, le plan massif de 1900 milliards de dollars comprend bien quelques lignes sur le système de santé américain et notamment l’Obamacare aussi appelé Affordable Care Act (ACA). Comme le relève le New York Times, la discrète mesure permettrait entre autres à un plus grand nombre d’Américains de bénéficier d’une aide financière lorsqu’ils souscrivent à une assurance santé. Pendant son mandat, Donald Trump avait fait de l’Obamacare son bouc émissaire sans toutefois parvenir à la détricoter complètement. 

International et environnement

La question environnementale ne sera pas seulement un vecteur social et économique, elle devrait aussi faire levier sur les enjeux internationaux puisque très rapidement, voire dès cette semaine, Joe Biden devrait signer un décret réengageant les États-Unis dans l’Accord de Paris. Donald Trump avait quitté avec perte et fracas l’accord signé en 2015 après le Cop25.

“Sous une administration Biden-Harris, nous rejoindrons l’Accord de Paris dès le premier jour et serons leaders dans le monde dans la lutte contre le changement climatique”

De quoi impulser de nouvelles relations selon Tanguy Struye: “Les États-Unis doivent retrouver leur leadership et leur image à l’internationale. Il sera compliqué à Joe Biden de voyager énormément, mais il y a fort à parier qu’il va envoyer de nombreux secrétaires aux quatre coins du monde pour rassurer et consulter sur des dossiers aussi importants que la Chine, la Corée du Nord ou l’Iran. En politique étrangère, il a choisi des poids lourds avec une expérience forte et qui seront donc efficaces dès le premier jour”. Un point de vue partagé par Dominique Simmonet qui estime que Joe Biden aura à coeur de renouer avec l’Alliance atlantique et d’envoyer des messages forts via notamment la levée du “travel ban” qui visait jusqu’à présent des pays à majorité musulmane. Ce dernier point devrait même faire partie des premiers décrets signés par le président avec le réengagement dans l’Accord de Paris. 

Sur le plan écologique, Joe Biden va également mettre un coup d’arrêt au projet Keystone XL, et veut organiser dans les 100 premiers jours de sa présidence un nouveau sommet international sur le climat

L’inverse de Trump sur l’immigration

Alors que Donald Trump avait fait de l’avancée du mur à la frontière mexicaine un baromètre de sa politique en matière d’immigration, le duo Biden-Harris prévoit un vaste projet de loi qui renversera complètement la table et sera soumis au Congrès dès ce mercredi.

Outre permettre aux “Dreamers” d’accéder plus facilement à une carte verte et de relancer le programme DACA, le démocrate entend également revenir sur les différentes législations qui ont permis de séparer enfants et parents immigrés aux frontières. Pas question non plus de continuer à financer le mur de Donald Trump avec des fonds fédéraux. Ces derniers serviront plutôt à renforcer la sécurité des points de contrôles et d’équipe les patrouilles. 

Dans ses 100 premiers jours, l’exécutif entend également lancer une grande commission sur la police, mais aussi faire passer l’Equality Act. Ce dernier élargit la protection fédérale contre les discriminations envers les personnes LGBTI dans le logement, les banques ou encore l’éducation. De quoi envoyer un message aussi à l’électorat démocrate, mais aussi à l’aile gauche du parti. “La majorité démocrate au Sénat reste fragile, Biden risque donc de subir des pressions de la part de l’aile gauche. Dans le même temps, il devrait gouverner au centre pour contenter son électorat et récupérer les républicains modérés qui vont se détourner de Trump, mais aussi pour ne pas mettre en danger la majorité lors des élections de mi-mandat qui se dérouleront en 2022”, étaye Tanguy Struye. Un rendez-vous qui sera sans aucun doute l’occasion d’un premier bilan de la présidence Biden.

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