La vaccination contre le Covid-19 critiquée, le gouvernement veut accélérer

CORONAVIRUS - Une fin de semaine sous pression pour l’exécutif. Alors que le ministre de l’Intérieur a été tancé face à la rave party de Lieuron et que Jean-Michel Blanquer est interpellé sur la rentrée scolaire de ce lundi 4 janvier dans un...

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Emmanuel Macron, Olivier Véran et Alexis Kohler lors d'un conseil de défense à l'Elysée le 12 novembre 2020.

CORONAVIRUS - Une fin de semaine sous pression pour l’exécutif. Alors que le ministre de l’Intérieur a été tancé face à la rave party de Lieuron et que Jean-Michel Blanquer est interpellé sur la rentrée scolaire de ce lundi 4 janvier dans un contexte d’inquiétudes sanitaires, la mise en place de la vaccination jugée trop lente ne cesse de déchaîner les critiques contre l’exécutif. . 

De fait, les injections françaises semblent particulièrement à la traîne au regard d’autres pays, y compris plusieurs voisins de l’UE qui ont pourtant commencé en même temps. Plus de 11% de la population israélienne a déjà été vaccinée, près d′1 million en Grande-Bretagne, 30.000 au Danemark. Pour moins de 500 personnes en France au 31 décembre. Olivier Véran promet que l’Hexagone aura rattrapé son retard fin janvier mais en attendant, personnalités politiques et scientifiques sont particulièrement critiques.

“Désastre” et “amateurisme”

Les coups de semonce les plus cinglants ont émané ce week-end du professeur William Dab, épidémiologiste et ancien directeur général de la Santé qui a jugé dans Le Parisien que la vaccination en France “ne ressemble à rien”. “C’est simple, soit nos autorités croient en ce vaccin et il faut y aller, soit elles n’y croient pas, et il faut le dire!”, tonne-t-il alors que le généticien Axel Khan, dans un texte publié sur son site, décrit l’“autopsie d’un désastre”. Comme William Dab, il accuse le gouvernement d’être trop mou dans sa campagne afin de ne pas froisser les anti-vaccins fort nombreux en France.

Même la directrice du Théâtre du Soleil Ariane Mnouchkine a exhorté dans une tribune parue dans le Télérama le gouvernement à accélérer la campagne en vue de la réouverture, entre autres, des théâtres et des cinémas, fermés depuis le 30 octobre. “Que ceux qui ne veulent pas se faire vacciner ne le fassent pas, c’est leur droit, mais en leur nom, allez-vous prétendre empêcher les volontaires de le faire au plus vite?”, s’agace-t-elle.

De quoi nourrir encore plus les invectives et accusations du côté de l’opposition, qui reprochent un manque d’organisation et de logistique, ainsi qu’une communication confuse. Alors que l’eurodéputé du Rassemblement national Jordan Bardella a dénoncé “l’amateurisme” du gouvernement, les députés Les Républicains ont même réclamé l’audition d’Olivier Véran pour s’expliquer sur la stratégie française.

Les élus locaux montent eux aux au créneau pour demander à être associés plus étroitement à la campagne. Dans l’Est, des maires du Grand Nancy ont réclamé dans une lettre ouverte l’accélération de la campagne, alors que d’autres voudraient pouvoir ouvrir directement des centres de vaccination. Au Raincy ou dans les Ardennes, les édiles souhaitent directement organiser les injections. 

 

Une lenteur d’abord assumée

Bien conscient du mécontentement et des incompréhensions que suscite la lenteur de la campagne, le gouvernement a tenté de colmater les brèches en assumant dans un premier temps cette lenteur. Mercredi, le ministre de la Santé, Olivier Véran a évoqué notamment le temps nécessaire pour recueillir le consentement des personnes en Ehpad: ”Ça prend un peu plus de temps au démarrage. (...) Je ne confonds pas vitesse et précipitation”. 

Une antienne reprise par Alain Fisher, le “monsieur vaccin” du gouvernement qui a récusé sur LCI toute “lenteur” mais évoqué simplement des effets de mise en place, assurant que la France devrait arriver à pouvoir vacciner plus de 700.000 personnes au sein des Ehpad et un certain nombre de professionnels de santé d’ici début février. “Cela va venir, c’est une affaire de logistique, il faut apporter progressivement le vaccin dans les différents sites, il y en a 14.000. Je ne suis pas du tout un spécialiste (...) Ça prend plus de temps parce que le vaccin doit aller aux personnes, et non pas les personnes au vaccin”, a-t-il abondé. 

En déplacement au Tchad, le premier ministre Jean Castex a lui assuré que le décalage avec les autres pays européens sera rattrapé. “On sait tous que dans tous les pays”, la campagne de vaccination “c’est une affaire qui va durer six mois”, a-t-il affirmé en petit comité.

Même la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal est montée au créneau sur France Culture et Twitter ce samedi, assurant notamment: “La France n’est pas en retard, elle a fait le choix d’utiliser et de préparer des vaccins dont la diffusion et le partage pourra être plus large que les vaccins actuels. Le vaccin est un bien universel”. Un coup d’épée dans l’eau, la déclaration de la ministre pouvant laissant penser que la France attendait le vaccin français des laboratoires de Sanofi. Face à des critiques émanant entre autres du socialiste Boris Vallaud ou de la sénatrice UDI Nathalie Goulet, la ministre a clarifié ses propos dans Le JDD ce 3 janvier, assurant qu’elle parlait bien de “recherche”. 

 

Vers l’accélération

Un démarrage lent d’abord assumé donc, mais le gouvernement a finalement tout de même annoncé une accélération en cette fin de semaine. Alors qu’Emmanuel Macron a assuré dans ses vœux de bonne année le 31 décembre qu’il ne laisserait pas de “lenteur injustifié”, Olivier Véran a annoncé le même jour que les soignants de plus de 50 ans pourraient finalement se faire vacciner dès lundi ainsi que la mise en place “avant début février” de centres de vaccination pour les personnes âgées de 75 ans et plus, puis des 65 ans et plus. Samedi, il a aussi fait savoir que la vaccination était déjà ouverte pour les soignants libéraux de plus de 50 ans.

 

Preuve que la communication autour de la vaccination a changé, le porte-parole Gabriel Attal est particulièrement monté au créneau en ce premier week-end de 2021, martelant dans un entretien paru ce dimanche 3 janvier dans Le Parisien que “l’accélération demandée par le président est déjà engagée”: “Nous renforçons les moyens pour faire arriver les vaccins aux Ehpad. Dès ce week-end, nous commençons à vacciner des soignants de plus de 50 ans, ce qui était prévu initialement pour février”. Pour faire passer le message, il a même pu compter sur Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports, qui a annoncé sur BFMTV que l’objectif était d’avoir vacciné 26 millions de personnes d’ici cet été.

Cette nouvelle communication de front réussira-t-elle à faire oublier ou tempérer la pléthore de critiques? Le président de la République tient en tout cas à faire savoir qu’il n’est pas content. Des proches d’Emmanuel Macron ont glissé au JDDque le président était particulièrement en colère. “Moi je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit. Et j’attends de tous le même engagement. Or là, ça ne va pas […]. Ça doit changer vite et fort et ça va changer vite et fort”, aurait dit le président de la République. Olivier Véran doit s’entretenir ce dimanche avec les directeurs de tous les ARS, assure également le JDD.  

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