Les pilules abortives, prochain champ de bataille aux États-Unis

La pilule abortive Plan B One-Step, dans une pharmacie de Boston aux États-Unis. (photo d'illustration)ÉTATS-UNIS - Alors que les États conservateurs américains se précipitent pour interdire l’avortement après l’arrêt de la Cour suprême qui...

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La pilule abortive Plan B One-Step, dans une pharmacie de Boston aux États-Unis. (photo d'illustration)La pilule abortive Plan B One-Step, dans une pharmacie de Boston aux États-Unis. (photo d'illustration)

ÉTATS-UNIS - Alors que les États conservateurs américains se précipitent pour interdire l’avortement après l’arrêt de la Cour suprême qui a annulé ce droit au niveau fédéral, la lutte autour de l’IVG se déplace déjà sur un autre terrain: celui des pilules abortives. 

Limitée dans ce qu’elle peut faire, l’administration Biden va se concentrer sur l’élargissement de l’accès à ces pilules aux femmes vivant dans des États où l’avortement est interdit ou très restreint. Mais il est plus que probable que certains de ces États ainsi que de puissants groupes conservateurs aillent en justice pour tenter de bannir leur utilisation.

Juste après l’annonce de la haute cour vendredi, le président démocrate a demandé aux responsables sanitaires de s’assurer que les pilules abortives soient disponibles pour les Américaines, en affirmant qu’il ferait “tout ce qui est en (son) pouvoir” pour protéger les droits des femmes dans les États où ils seraient affectés par la décision.

Les pilules, qui peuvent être utilisées jusqu’à dix semaines de grossesse aux États-Unis, représentent la moitié des avortements dans le pays.

La demande devrait encore augmenter après qu’une dizaine d’États ont interdit ou imposé des restrictions draconiennes à l’avortement, et d’autres devraient suivre.

Rebecca Gomperts, médecin néerlandaise dont l’organisation fournit des pilules abortives sur internet, estime que la situation n’est pas aussi désespérée qu’elle l’était avant l’arrêt “Roe v. Wade” de 1973, qui garantissait le droit à l’avortement partout dans le pays.

L’envoi de ces pilules autorisé par courrier depuis l’année dernière

“On ne peut pas empêcher les pilules abortives de circuler”, affirme-t-elle à l’AFP. “Il y a donc toujours un accès à un avortement sûr si une femme tombe enceinte sans le vouloir”.

Mais c’est loin d’être garanti, s’inquiètent de nombreux défenseurs du droit à l’avortement.

L’Agence américaine des médicaments, la FDA, a approuvé l’utilisation de ces pilules il y a une vingtaine d’années. L’an dernier, elle a autorisé leur envoi par courrier.

Mais dans les États anti-avortement, leur utilisation reste une zone grise juridique et fera certainement l’objet de batailles devant les tribunaux.

Ce dimanche, la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, a ainsi affirmé que les IVG médicamenteuses par télémédecine étaient des “interventions médicales très dangereuses” et qu’elles devraient uniquement se faire sous supervision médicale.

Selon l’institut Guttmacher, un centre de recherche qui milite pour l’accès à la contraception et à l’avortement dans le monde, 19 États américains exigent que les pilules abortives soient administrées par un membre du personnel de santé, interdisant donc leur livraison par la poste.

Et dans les États bannissant toute méthode d’avortement, les femmes pourraient se voir interdites de voir des médecins basés dans un autre État ou à l’étranger en téléconsultation.

Mifépristone et misoprostol

Dans ce cas, elles devraient avoir à voyager vers un autre État où ces rendez-vous seraient autorisés et recevoir leur enveloppe à une adresse hors de leur État.

Mais les obstacles ne s’arrêtent pas là.

Une IVG médicamenteuse se fait en deux temps: d’abord avec de la mifépristone puis, 24 à 48 heures plus tard, du misoprostol pour provoquer des contractions.

La question se pose donc: une femme résidant dans un État anti-avortement peut-elle être poursuivie si elle reçoit la 1ère dose ailleurs, mais la seconde après être rentrée chez elle?

Alors que les États progressistes prennent des mesures pour faciliter les avortements pour les femmes d’autres régions du pays, les États conservateurs pourraient, eux, chercher à poursuivre les agents de santé et les groupes impliqués dans ces efforts. Et même les patientes elles-mêmes.

Anticipant de tels plans, le ministre de la Justice, Merrick Garland, a averti vendredi que les États ne pouvaient pas interdire les pilules abortives puisque la réglementation fédérale prévaut, laissant augurer de bras de fer devant la justice.

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