Messi à Paris: pourquoi le PSG pense réussir là où le Barça a échoué

FOOTBALL - Comme une comédie romantique qui se terminerait mal. Jeudi 5 août, le FC Barcelone a annoncé à la surprise générale, après des mois de tractations, qu’il se résignait à laisser partir libre Lionel Messi après sa fin de contrat, sans...

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Alors que le FC Barcelone a été contraint de laisser partir le plus grand joueur de son Histoire, Lionel Messi, pour des raisons économiques, le Paris Saint-Germain semble convaincu de pouvoir, au contraire, s'en sortir financièrement.

FOOTBALL - Comme une comédie romantique qui se terminerait mal. Jeudi 5 août, le FC Barcelone a annoncé à la surprise générale, après des mois de tractations, qu’il se résignait à laisser partir libre Lionel Messi après sa fin de contrat, sans aucun doute possible le meilleur joueur de l’histoire du club catalan. Et peut-être même le plus grand footballeur de tous les temps. 

Après 20 ans d’un destin commun fait de triomphes et de trophées, l’Argentin arrivé au club à l’âge de 13 ans (en échange de la promesse de recevoir un traitement hormonal salvateur pour sa carrière) va donc faire ses valises dans les heures qui viennent. Pour très probablement les défaire à Paris, où le PSG rêvait depuis des années de le faire venir. 

À l’origine de ce divorce: les difficultés financières du Barça, club dont les dettes ont atteint un montant faramineux, dépassant le milliard d’euros. Et cela malgré plus de 700 millions d’euros de recettes générées au cours de la saison 2019/2020. Car oui, en Espagne, la masse salariale et donc la dette des clubs de football professionnels sont beaucoup moins encadrées qu’en France, ce qui leur permet de dépenser à perte et sans payer immédiatement les créanciers (Barcelone doit encore des dizaines de millions d’euros à Liverpool ou l’Ajax Amsterdam pour des transferts qui remontent à plusieurs saisons). 

Spirale infernale pour le Barça

Une situation dans laquelle le salaire astronomique de Lionel Messi (s’il a touché officiellement 40 millions d’euros la saison dernière, Forbes a estimé que le Barça lui versait pas loin de 80 millions d’euros annuels) n’était plus tenable. D’autant que depuis 2017 et une accumulation de revers sportifs (la domination du rival, le Real Madrid, en Ligue des champions, le départ de Neymar et du marketing qu’il apportait, des défaites embarrassantes sur la scène nationale...), le club a tenté de réagir. À grands frais.

En ont résulté les transferts coûteux, mais sportivement décevants d’Ousmane Dembélé, Philippe Coutinho ou Antoine Griezmann. Un recrutement qui a fait exploser la masse salariale du Barça sans pour assurer des résultats brillants ni une hausse suffisante des rentrées financières, surtout à l’heure du Covid-19, des stades vides et d’un effondrement du marché des transferts. Selon le quotidien espagnol El Mundo, au terme de la saison 2019-2020, les salaires des joueurs du club représentaient déjà 74% des recettes, une hausse colossale en quelques années seulement. 

Dernier clou dans le cercueil de la romance Messi-Barça, le fonctionnement de la Ligue espagnole de football. La Liga valide chaque année le budget des clubs engagés dans son championnat. Sauf qu’avec une dette grandissante et une balance financière durement pénalisée par la crise sanitaire, le Barça n’a pas eu le droit d’inscrire le salaire de Lionel Messi dans ses finances, y compris en proposant un montage financier permettant de répartir deux années de salaire sur cinq ans. D’où cette fin abrupte. 

Le nouveau “fair-play financier” 

Mais alors comment le Paris Saint-Germain (qui a encaissé lors de la saison 540 millions d’euros en 2019-2020 selon le cabinet Deloitte, soit 175 de moins que le Barça) souhaite-t-il se lancer dans une opération? Même s’il ne paye pas de transfert, comment peut-il offrir à Lionel Messi un salaire à la hauteur de ses attentes (40 millions d’euros annuels environ) surtout quand il paye déjà Neymar (36 millions par an) et Kylian Mbappé (25) et qu’il offre jusqu’à 10 millions par an pour ses recrues Gianluigi Donnarumma, Sergio Ramos ou Achraf Hakimi? 

Eh bien tout d’abord, parce que les règles ont changé dans le football européen. Sans être totalement abandonné, le “fair-play financier” qui a contraint pendant quelques années les clubs à ne pas dépenser plus que ce qu’ils gagnaient peut désormais être échelonné. En clair, le PSG (qui a, malgré ses stars, une masse salariale bien moindre que celle du Barça) aura la possibilité d’amortir sur plusieurs années le recrutement de Messi. 

Cela signifie que le club parisien pourra budgéter à la hausse chaque année ses sources de revenus jusqu’à ce que l’acquisition de l’Argentin ne soit plus qu’une opération blanche. Par exemple en augmentant le prix des places et surtout des loges au Parc des Princes, qui devrait très rapidement revenir à sa capacité maximale à mesure de la sortie de crise du Covid-19. De la même manière, “les hospitalités” (comprendre les prestations payées par les spectateurs VIP, les “expériences” au stade) devraient voir leurs tarifs, et les clients qui les achètent, grimper en gamme. Interrogé par l’AFP, Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport et Cycle, estime par ailleurs que Messi pourrait faire vendre quelque 200 à 300.000 maillots supplémentaires. 

Aucun perdant (à part le Barça)

Le club pourra aussi renégocier ses différents contrats de sponsoring, les marques finançant le club voyant forcément d’un bon œil l’arrivée de l’un des personnages les plus célèbres de la planète (Messi est suivi par 245 millions de personnes sur Instagram soit plus que Mbappé et Neymar réunis). La réciproque est vraie, puisque l’Argentin doit se dire qu’il compensera sa perte en salaire en s’appuyant sur la notoriété décuplée offerte par la France et Paris, notamment en renégociant ses contrats publicitaires (plusieurs dizaines de millions d’euros annuels grâce à Adidas, Gatorade, Pepsi, Lay’s, Mastercard, Ooredoo) et en signant de nouveaux contrats. 

Une manœuvre que le PSG, détenu par Qatar Sports Investments (une société directement adossée à l’État du Qatar et donc prémunie contre toute banqueroute financière tant que les énergies fossiles seront utilisées mondialement) peut par ailleurs se permettre grâce à son coût réduit. Car au-delà du salaire, le PSG n’aura rien à dépenser en transfert. Une grosse différence avec les 400 millions d’euros dépensés pour faire venir Neymar et Mbappé en 2017. 

Les propriétaires du PSG voient aussi d’un bon œil l’arrivée d’un tel joueur à 18 mois seulement de la Coupe du monde organisée dans le Golfe. Comment imaginer que le Qatar puisse manquer une occasion marketing telle que de voir évoluer sur son sol les stars des équipes nationales d’Argentine, du Brésil et de France, trois joueurs qui joueraient à l’année sous le maillot du PSG? Sauf à envisager un désastre sportif (et encore), entre Lionel Messi, le Paris Saint-Germain, le Qatar et même le championnat de France (qui obtiendrait soudainement l’un des joueurs les plus cotés de l’Histoire pour enfin gagner des téléspectateurs internationaux et l’argent des droits TV qui va avec), difficile de voir qui serait économiquement perdant dans cette affaire. En dehors du dindon barcelonais de la farce bien sûr. 

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